Le véritable enjeu de la crise laitière

par critical35
mercredi 16 septembre 2009

Aujourd’hui, 15 septembre 2009, s’est tenu l’ouverture du SPACE 2009 (Salon International de l’Elevage) à Rennes. Mais pour la première fois depuis sa création, son président, Jean-Michel Le Metayer, également président du syndicat agricole FNSEA, a été fortement contesté par quelques centaines de producteurs de lait engagés dans le fameux mouvement de grève orchestré par l’ Association des Producteurs de Lait Indépendant (APLI) et l’European Milk Board (EMB).

Les grévistes demandent la démission de celui-ci étant donné qu’il s’oppose à la grève du lait. La manifestation a donc pris des allures de contestation « anti-Domenech ». Effectivement, les manifestants ont érigés des cartons rouges tout en scandant une hymne « Jean-Michel démission ».

 
 Cette situation montre bien le désarroi profond dans lequel sont les producteurs de lait français et européens. Un prix du lait historiquement au plus bas qui ne permet pas de couvrir les charges de production (280€/T environ) alors que dans le même temps, le prix affiché dans les grandes surfaces des produits laitiers ne diminue pas en particulier pour les produits transformés (crèmes, beurre, yaourts) qui sont source de marges confortables pour les industriels et les distributeurs. Tous sont bien conscient que dans ce contexte, la situation s’annonce difficile voire même catastrophique, en particulier pour les exploitations ayant fortement investi ces dernières années qui représentent la quasi totalité des cas. Faire grève pourrait effectivement être utile pour faire pression sur les prix mais encore faut-il en avoir les moyens car les échéances financières, elles, sont toujours bel et bien présentes et souvent très lourdes.
 
Face à cette conjoncture difficile, les banques essayent d’accompagner les agriculteurs grâce à des crédits de trésorerie mais tout ceci représente cependant un coût supplémentaire dont les producteurs se passeraient volontiers en raison d’un prix du lait extrêmement faible. Tout ceci, n’est qu’une perspective à court terme. Effectivement, ce que les producteurs laitiers dénoncent surtout est que l’on veut les forcer à adopter le système de la contractualisation.
 
En effet, suite à un exercice 2008 exceptionnel avec un prix du lait honorable et des rallonges de quotas laitiers, nous nous sommes retrouvés en situation de surproduction d’où aujourd’hui une baisse des prix que les producteurs n’avaient pas anticipée (en tout cas pas une baisse de cette ampleur) puisque la production laitière a toujours été réputée pour la stabilité ses prix. Clairement, cette chute brutale pèse de plus en plus sur les finances des agriculteurs. L’arrivée des échéances financières va être de plus en plus redoutée pour certains en particulier ceux qui étaient déjà dans une situation financière tendue avant la crise du lait et risque de provoquer des faillites.
 
Seulement, pour éviter à tout prix de faire faillite, les laiteries collectrices risquent de proposer un système de contractualisation aux éleveurs c’est à dire qu’un accord sur un prix fixe du litre de lait, une durée et un volume produit sera trouvé entre les deux parties et ce, peu importe la conjoncture qu’elle soit favorable ou défavorable. Une fois, rentré dans ce système il sera très difficile pour les producteurs d’en sortir, ce qui risque d’accroître encore plus le pouvoir des entreprises agroalimentaires sur le secteur déjà bien mis à mal. Mais l’éleveur, pris en étau par ses impératifs économiques, aura-t-il le choix ? Il est évident qu’il sera pour lui difficile de décliner l’offre si c’est pour lui la seule manière de sauver son exploitation. On entre dans un nouveau système similaire à l’intégration chez les productions de viande et porcine.
 
En somme, à coup sûr, une page se tourne dans la production laitière, finie la stabilité des prix, place à des fluctuations de prix importantes et donc à une production cyclique à l’image de la production porcine et on connaît les conséquences c’est à dire une plus grande vulnérabilité au marché des producteurs de lait...
 

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