Les agences de notation : outils de mesure ou détonateurs de crise ?

par AlexisD
samedi 24 mars 2012

Noter : n'est ce que prendre la température d'une situation financière ou bien est-ce un facteur d'influence dans une crise ?

 

La principale activité des agences de notation consiste à émettre des avis, résumés par une note, sur la qualité des crédits et la capacité des débiteurs à honorer leurs obligations financières. Les notations sont fondées sur les flux de revenus, la structure des bilans et les performances financières de l’entité notée. Elles classent les émetteurs selon des catégories de risques de défaillance plus ou moins élevés.
 
Comment qualifier cette mission des agences de notation ? Elles-mêmes avancent la métaphore du thermomètre pour décrire leur rôle : c’est-à-dire celui de mesurer la solidité financière d’un débiteur. Aussi, se défendent-elles des attaques mettant en cause leur rôle procyclique dans la crise en assurant que « ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on guérit le malade ». Faut-il s’en tenir à cette conclusion que les agences de notations ne seraient que des révélateurs de crise ?
 
Contrairement à ce qu’affirment certains économistes et les trois grandes agences de notation (Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch), la situation est un brin plus complexe. Le « thermomètre » des agences de notation a une forte tendance à influencer les futures mesures. Si une agence dégrade ou menace de dégrader la note d’un pays, les taux d’intérêts de la dette souveraine de celui-ci s’envolent. Son déficit et sa dette augmentent. Cet accroissement de la dette peut alors justifier une nouvelle dégradation. On entre alors dans un cercle vicieux. En d’autres mots, lorsque les agences « prennent la température » elles contribuent bien souvent à la faire monter et donc à aggraver la crise.
 

Et le problème est là : comment s’assurer que les notations des agences soient justes, proportionnées et surtout dénuées d’intérêts cachés ? Elles ont montré à de nombreuses reprises leurs limites : la faillite Enron, l’affaire des subprimes… aujourd’hui, elles semblent avoir bien du mal à noter les émissions de dette souveraine. Lorsqu’elles le font, comme par exemple en Grèce récemment, cela provoque une inflammation de la crise dans le pays concerné. D’autre part, on peut légitimement se poser la question de savoir si elles ne s’influencent pas entre elles. Posons-nous la question de savoir quelle crédibilité accorder aujourd’hui aux trois grandes agences de notations qui sont à la fois juge et partie.


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