Les autoroutes électorales

par raphael57
jeudi 17 janvier 2008

Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, a entériné fin octobre un « moratoire » sur les projets autoroutiers, sauf dans les cas de sécurité, de congestion ou d’intérêt local. A quelques mois des élections municipales, les élus locaux s’insurgent contre cette proposition.

Après avoir annoncé fin octobre que l’ère du tout-autoroutier était terminée, le ministre de l’Ecologie ne se doutait certainement pas qu’il venait d’ouvrir la boîte de Pandore.

Elus locaux et promesses électorales

En effet, les élus locaux ont immédiatement réagi à cette mesure qu’ils jugeaient inappropriée en cette période électorale. Rappelons que de nombreuses communes ont misé sur la création d’autoroutes afin de se désenclaver. Il s’agit le plus souvent de promesses électorales que les candidats aux élections municipales ont beaucoup de mal à abandonner. De l’autre côté, les associations écologiques se sont réjouies de cette proposition forte.

Economie et écologie : où placer le curseur ?

La question épineuse qui se pose est donc de trouver un équilibre entre l’intérêt économique local et le coût écologique des projets. Exercice hautement périlleux eu égard au flou entretenu par le ministère des Transports. La seule information publiée précise que ce principe s’appliquerait avec bon sens, ce qui ne fait qu’entretenir les doutes des uns et les espoirs des autres. Ainsi, les opposants aux projets autoroutiers avancent que la France a déjà un réseau autoroutier parmi les plus développés en Europe, puisqu’on compte environ 8 000 kilomètres d’autoroute, soit plus du tiers du réseau européen qui totalise 23 500 kilomètres. Deuxième du réseau en Europe, l’Italie ne possède que 5 600 kilomètres d’autoroute, puis l’Espagne 2 600 kilomètres et l’Autriche 2 000. Les défenseurs de l’autoroute, quant à eux, rétorquent que si la longueur des infrastructures autoroutières françaises peut paraître adaptée lorsqu’elle est rapportée à la superficie du pays, à la taille démographique ou au PIB national, elle est insuffisante si l’on considère l’emplacement spécifique de la France au sein de l’Europe.

Les principaux points d’achoppement

Parmi la quarantaine de projets en cours, certains ont été plus médiatisés que d’autres. Ainsi, le projet d’autoroute A65 entre Langon et Pau a subi les foudres de l’association Alternative régionale Langon-Pau (ARLP), qui s’est constituée pour le combattre. Et ceci, bien que le projet soit soutenu par la quasi-totalité des formations politiques locales.

A Strasbourg, le projet de grand contournement Ouest (GCO) de l’agglomération, au sujet duquel le Conseil d’Etat vient de rendre un avis favorable, continue d’opposer élus, qui estiment majoritairement qu’il correspond aux critères de « sécurité » et de « congestion » retenus par le Grenelle, au collectif « GCO non merci ».

Dans certains dossiers, le gouvernement s’implique lui-même pour assurer que le projet réponde aux critères du Grenelle de l’environnement. On pense bien sûr à l’A45, qui doit relier Lyon et Saint-Etienne : le Premier ministre, François Fillon, a lui-même assuré que cette autoroute ouvrirait en 2015, comme prévu et qu’elle respectait les critères énoncés ci-dessus.

Terminons par ces quelques mots de Bernard Grasset qui résumé merveilleusement bien la situation décrite plus haut : « la solution du bon sens est la dernière à laquelle songent les spécialistes ». Malheureusement !


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