Les constructeurs automobiles chinois ont-ils une stratégie commune ?
par Francois de la Chevalerie
lundi 2 octobre 2006
Selon
les principes entendus du marché, les constructeurs d’automobiles chinois
devraient se livrer à une guerre sans merci. Ils sont près de quatre-vingts en
Chine, dont huit devraient se tourner vers l’exportation. Pourtant, peu ou
prou, tous sont liés à un intérêt commun bien compris. Certes, chaque
constructeur a sa stratégie, mais, centralisation politique oblige,
leurs orientations sont adossées à une stratégie globale, à une
planification préétablie.
A cet égard, le ministère chinois du Commerce et la Commission d’Etat pour le développement et la réforme jouent un rôle croissant dans la mise en place d’une démarche commune et solidaire entre constructeurs. Non seulement le ministère définit un cadre d’actions, mais il oriente certains choix. En somme, il intervient tel un conglomérat d’intérêt public. Chaque année, les maires des villes hébergeant des constructeurs chinois sont reçus à Beijing. La réunion peut paraître académique, mais il ne faut pas s’y tromper. Après un tour d’horizon sur l’évolution des productions de chacun, les autorités fixent un plan de route.
Fort de son rôle, le ministère chinois du Commerce et la Commission d’Etat ont sélectionné huit bases d’exportations d’automobiles afin de standardiser le marché national de l’automobile et des pièces détachées, et de faciliter l’innovation technique. Situées dans les villes de Changchun, de Shanghaï, de Tianjin, de Wuhan, de Chongqing, de Xiamen, de Wuhu et de Taizhou, ces plates-formes joueront un rôle important dans l’optimisation de l’exportation d’automobiles, dans la protection des droits de la propriété intellectuelle, et dans le renforcement de l’innovation industrielle. Qui plus est, cette même autorité a encouragé la signature d’un accord entre la Société d’assurance-crédit et d’assurance à l’exportation de Chine et dix-sept constructeurs, sur une durée de quinze ans, afin de les protéger de tout risque concernant le taux de change flottant ou d’éventuels changements politiques à l’étranger.
Dans le même temps, avec ces mêmes constructeurs d’automobiles, a été signé un accord avec la Société nationale chinoise de transports maritimes visant à faciliter le transport des automobiles exportées. Tous ces accords témoignent de la forte implication du pouvoir central auprès des constructeurs automobiles.
Que représente la construction automobile en Chine ?
En premier lieu, le second marché du monde ! 4,4 millions de véhicules en 2003, 5,1 en 2004, 5,9 en 2005, 7 millions prévus en 2006. Sur la seule période courant de janvier à août, les ventes se sont accrues de 25%. La production devrait doubler d’ici deux ans. A échéance 2010, la Chine devrait être le premier marché du monde. Parallèlement à la croissance de la production, les infrastructures routières connaissent également un développement effréné. Voici vingt ans, la Chine ne comptait pratiquement pas d’autoroutes, elle en compte plus de 52 000 km aujourd’hui. D’ici à 2015, le chiffre devrait encore doubler.