Les dessous de la finance

par J-J-R
jeudi 30 septembre 2010

Qui a un intérêt certain à l’allongement régulier de la cotisation pour la retraite ? Ce sont les créanciers de la collectivité qui font pression pour que la France tienne coûte que coûte ses engagements de débiteur. Le remboursement des intérêts de la dette publique sera très prochainement le premier poste budgétaire du pays.« C’est par les déficits que les hommes perdent leur liberté » ne cessait de clamer Jacques Rueff. Le pays est à la merci des conglomérats bancaires. Comment en sommes nous arrivés là ? Des hommes d’Etat, complices de financiers y ont sciemment consentis. Qui en subi les conséquences ? L’ensemble des consommateurs et des contribuables en presque totalité, bien entendu. Les experts Muriel Pucci et Bruno Tinel, maîtres de conférences à l’université Paris Panthéon n’en font pas mystère : « Une part des impôts prélevés sur l’ensemble des contribuables servent en partie à payer la charge de la dette, alors qu’ils auraient pu être affectés à d’autres usages tel que la santé ou l’éducation, tandis que ces intérêts sont versés à des contribuables rentiers qui détiennent 35% de la dette publique. Les finances publiques servent donc d’intermédiaire à un transfert de revenu vers les ménages les plus aisés. »[1] La part des 65% de la dette détenus par des fonds étrangers est en croissance constante. La perte d’autonomie financière des pouvoirs publics s’accentue chaque année. Savez-vous en outre, que les banques ont pris pour « habitude » de nous prêter de l’argent à partir de rien, de la monnaie qu’elles ne possèdent pas en réserve ? Afin d’y voir plus clair, examinons les tenants et aboutissants…
Montée en puissance des créanciers des nations 
 
Poussée mercantiliste.Sous l’ancien régime, la ferveur religieuse était considérable. Le pouvoir spirituel proscrivait les prêts d’argent soumis à intérêts. Les usuriers eurent du fil à retordre avec les moeurs d’alors. Ils réussirent cependant à bâtir de vastes empires financiers. Parallèlement, les Etats européens se structurèrent et mirent en place les premières banques centrales. La nouvelle classe de rentiers montante ne supportait plus sa relégation aux cotés de la population paysanne du tiers Etat. L’ordre établi se rompt. Les privilèges de l’aristocratie sont abolis. La noblesse d’épée, de robe est évincée. Mais la nature à horreur du vide…L’espace laissé vacant est rapidement comblé par une nouvelle oligarchie, une aristocratie financière.
 
Immiscion monétaire. Pure coïncidence ? Dans les jours qui suivent le putch de brumaire, Napoléon III fonde la banque de France, une société privée par actions (bien que l’appellation prête à confusion) qui disposa en 1803 du monopole de l’émission de la monnaie. A sa tête, quinze personnes, toutes issues des grandes familles de financiers. [2]
Outre atlantique, les banquiers étaient également bien déterminés à prendre le contrôle de la monnaie de la fédération des Etats-Unis. Pour arriver à leurs fins, peu importait le moyen. Thomas Jefferson, 3ème Président des Etats-Unis affirmait : « je crois sincèrement que des institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos privilèges (étatiques) que des armées institutionnelles. Déjà, ils ont élevé au sommet une riche aristocratie qui a défié le gouvernement. » [3]
 
 
Lutte de pouvoir au sommet des nations
 
Revers américain. La lutte entre banquiers et hommes d’Etats soucieux de l’intérêt général n’a pas toujours tourné à l’avantage des premiers. De 1861 à 1913, les chambres représentatives du peuple des Etats-Unis s’étaient réappropriés le contrôle de l’émission de la monnaie dans sa presque globalité. A ce propos, le Président Abraham Lincoln, mort assassiné avant le terme de son mandat dans des circonstances troubles, avait de grandes ambitions pour sa patrie. L’histoire a retenu le réquisitoire suivant : « Le gouvernement devrait créer, émettre, et faire circuler toutes les devises et tous les crédits nécessaires pour satisfaire les dépenses du gouvernement et le pouvoir d’achat des consommateurs. En adoptant ces principes, les contribuables économiseraient d’immenses sommes d’argent en intérêts. Le privilège de créer et d’émettre la monnaie n’est pas seulement la prérogative suprême du gouvernement, mais c’est aussi sa plus grande opportunité. »
 
Revers français. Au sortir de la 2nd guerre mondiale, l’économie nationale à besoin d’oxygène, la classe dirigeante se saisit de l’aubaine pour nationaliser la banque de France, détentrice de l’émission monétaire. Une claque pour les dynasties de banquiers qui perdirent une partie de leurs privilèges. De surcroît, la maîtrise étatique de la dévaluation ou de la réévaluation de la monnaie échappait aux banquiers. Ils ne surent pas toujours l’anticiper ce qui entraîna une perte sèche de dividendes pour les principaux actionnaires des banques commerciales.
 
 
Revanche des créanciers des nations
 
La ploutocratie ne s’est jamais embarrassée de questions étiques (conflits d’intérêts, collusions éventuelles, trafics d’influences…) pour retourner la situation. « La découverte graduelle par les autorités de l’immense pouvoir des banques a créer de l’argent explique pourquoi, dans la plupart des cas, les gouvernements se sont rendus complices des fraudes bancaires, accordant des privilèges aux banquiers, en échange d’une partie directe ou indirecte de leurs énormes profits », citation de Jesús Huerta de Soto, maître de conférence a l’université de Madrid et spécialiste de la pensée économique. » [4] 
 
A l’assaut des Etat-Unis. En 1913, le Président Woodrow Wilson, à peine élu transféra durablement le contrôle de la réserve fédérale (chargée de l’émission monétaire), du Congrès aux grandes banques américaines. Abusé, Woodrow Wilson aurait confié un peu tard : « je suis un homme des plus malheureux ; j’ai inconsciemment ruiné mon pays, une grande nation industrielle est contrôlée par son système de crédit. Notre système de crédit est concentré dans le privé. La croissance de notre nation, en conséquence, ainsi que toutes nos activités, sont entre les mains de quelques hommes. » [5]

Reprise en main en France. La ploutocratie pouvait compter sur George Pompidou. Cet homme d’affaire[6] brillant, à l’ascension fulgurante, devint directeur général d’une compagnie financière familiale[7] en 1953, avant d’intégrer un cabinet ministériel en charge des questions économiques. Témoignage de gratitude ? Le Président de la République George Pompidou promulgua le 3 janvier 1973 l’article 25 de la loi 73-7, cosigné par le ministre des finances Giscard D’Estaing qui dispose : « le trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la banque de France. » Des lors, renonçant à ses prérogatives de droit régalien, l’Etat français cédait sciemment le contrôle de sa monnaie pour la faire basculer de nouveau sous l’emprise des banques commerciales.
Cet événement mit fin aux trente glorieuses car, irrémédiablement, la dette des collectivités territoriales, de l’Etat notamment, et les intérêts dus n’ont eu cesse de s’accroître au dépend des populations, des contribuables. Dans la même veine, l’emprunt Giscard du 18 janvier 1973 qui est indexé discrétionnairement sur le cours de l’or, préserva les banquiers de toute dépréciation de la monnaie nationale. Cette indexation empêchanos collectivités publiques de tirer profit de l’importante inflation de la décennie suivante. Enième faveur, le gouvernement de Raymond Barre décrétera arbitrairement en 1976 que l’Etat règlerait toujours sa dette au-delà du taux d’inflation.
 
Bipartisme démocratique artificiel. Pour les questions essentielles, la divergence feinte entre une majorité gouvernementale et une opposition relève plus de la comédie théâtrale que d’une réalité tangible. Preuve s’il en fallait, le traité de Maastricht approuvé très largement[8] sans qu’aucun débat ne s’attarde sur l’article 104 du traité qui dessaisit les Etats membres de l’union européenne du pouvoir de battre monnaie. Le traité de Lisbonne qui suivra enfonce le clou dans la loi fondamentale européenne. Rien d’étonnant dès lors que dans un plaidoyer prémonitoire, des banquiers ont suggéré dans les années vingt que « Le capital doit assurer sa propre protection par tous les moyens possibles, grâce à la coalition et à la législation…. En divisant les votants grâce au système de parti politique, nous les manipulons afin qu’ils dépensent toute leur énergie pour des problèmes n’ayant aucune importance. C’est donc grâce à une action discrète que nous garantirons la pérennité de ce que nous avons si bien planifié et accompli. » [9]
 
 
Concentration du pouvoir monétaire dans le giron d’intérêts privés
 
Lecrédit crée la monnaie. « Le processus par lequel les banquiers créent l’argent est si simple que l’esprit résiste à y croire » assurait John Kenneth Galbraith, conseiller économique auprès des Présidents J-F Kennedy et Lydon Baines Johnson. Alors d’où vient l’argent ?
Des idées reçues circulent dans l’opinion sur l’origine de la monnaie, cependant la conscience publique fait son chemin. Il se dit que l’argent prêtée serait de l’argent placée en banques, qu’il existerait une contrepartie en or, que ce serait les banques centrales nationale ou européenne qui créeraient la monnaie….En réalité il n’en est rien. D’après un opuscule publié par la banque de France[10] , « les particuliers, même paraît-il certains banquiers ont du mal à comprendre que les banques aient le pouvoir de créer de la monnaie…, les dépôts permettraient les crédits. Or, cette vue n’est pas conforme à la réalité car ce sont les crédits qui font les dépôts. » Graham F. Towers, gouverneur de la banque du Canada au début des années cinquante le confirme : « Chaque fois qu’une banque fait un prêt, un crédit bancaire est créé, de l’argent tout neuf. ». La banque centrale européenne émet certes la monnaie fiduciaire, dont elle confie aux banques centrales des Etats membres l’impression, mais l’argent fiduciaire des distributeurs de billets émis par la BCE représente moins de 10% de la masse monétaire en circulation[11] révèle Dominique Plihon, maître de conférence, ancien salarié au commissariat général du plan.
 
Monopole du crédit. Seules les sociétés bancaires ont prérogative pour faire crédit à un agent non financier, une entreprise, une collectivité, un organisme non lucratif ou un particulier. C’est un fait, le pouvoir de création monétaire appartient paradoxalement aux banques par le biais du crédit, évalué à plus de 90% de la masse monétaire existante en France. Ce qui fit dire à Marriner Stoddard Eccles quand il fut gouverneur de la réserve fédérale de Washington : « Voilà ce qu’est notre système monétaire. S’il n’y avait pas de dettes dans notre système monétaire, il n’y aurait pas d’argent. »
 
Création monétaire ex nihilo. Quand un emprunteur offre des garanties apparemment suffisantes de solvabilité (salaires fixes, caution, assurance, hypothèque…), la banque crédite le compte du souscripteur par une simple opération comptable, une écriture informatique sur le compte de l’emprunteur. C’est le motif pour lequel l’économiste français Maurice Allais, prix Nobel, s’insurge : « La création monétaire doit relever de l’Etat et de l’Etat seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent « les faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire. »[12]  A l’instar d’économistes indépendants appartenant au courant libéral, bien des experts, peu audibles et de toutes horizons, dénoncent ce subterfuge monétaire consistant a créer de la monnaie à partir de rien.
Par ailleurs, ils estiment que les banques devraient détenir un gros pourcentage de réserve obligatoire pour convertir la monnaie scripturale le cas échéant.
Le taux de réserve fixé arbitrairement, varie d’un continent à l’autre. Dans la zone euro, au 2 février 2010, il s’établissait a 2%. Cela signifie qu’avec un dépôt de 2 euros (en monnaie fiduciaire), une banque peut en prêter 50 fois plus par un subterfuge comptable.
Ce modèle ne repose que sur la confiance des épargnants. Qu’un nombre élevé d’épargnants aille retirer son argent concomitamment dans une même banque et l’établissement trébucherait. Q’un nombreélevé d’épargnants ait le même réflexe dans plusieurs grandes banques et la bulle financière éclaterait.
Notons que si avant 1971, un dollar papier était un reçu avec lequel on pouvait réclamer un poids fixe d’or ou d’argent, à l’heure actuelle il n’existe plus aucune monnaie gagée sur l’or. La BCE n’intervient par ailleurs que pour les compensations entre banques commerciales (monnaie d’échange pour débiter des chèques notamment).
 
 
Impuissance flagrante des institutions bancaires à encadrer les pratiques 
 
BCE démunie. La banque centrale européenne tente de maîtriser l’accroissement de la masse monétaire vu que les banques ont un intérêt certain à octroyer toujours plus de crédits pour maximiser les profits. Mais l’institution européenne et ses homologues nationaux n’ont pas les outils suffisants pour contrôler une fincne globalisée devenue opaque. Pour freiner l’inflation ou contrer une déflation, la BCE peut jouer sur le taux directeur. Quand il est orienté à la baisse les offres de crédits sont orienter à la hausse et inversement. Ce levier dérisoire a montré ses limites. On constate si apres que la BCE a le pouvoir de fixer le taux de refinancement entre les banques mais ne peut décider de la quantité de monnaie produite. Avant l’union monétaire, les pouvoirs publics tablaient sur une augmentation de la masse monétaire de 4,5% par an. En pratique la masse monétaire croit d’environ 11% par an pour une croissance moyenne de 2% par an. Même pour les libéraux de l’école autrichienne notamment, la planche à billets et le rôle de prêteur en dernier ressort aux banques sont des machines a bulles et a krach boursier. Comble de l’aberration, la BCE qui ne peut prêter directement aux Etats (traité de Lisbonne) accorde des prêts préférentiels avoisinant le 1% [13] aux banques privées avec l’argent des contribuables européens. Ces memes banques en difficulté utilisent ces fonds pour racheter les bons du trésor et obligations émises par les Etats surendettés qui lui rapporteront du 4, 5, 8, jusqu’à 12% d interets pour la grèce. 
L’appât du gain.Contrôler la quantité de monnaie disponible s’est avoir un levier important sur les prix de tous les biens ayant une valeur monétaire : salaire, immobilier, produit alimentaire, loisir…Un tel levier attire les convoitises. Or, à l’instar de la puissance publique les banquiers ont vite su l’intérêt particulier qu’ils tireraient de la main mise monétaire. 
En outre, de nombreux économistes s’accordent sur ce point : augmenter la quantité de monnaie disponible au gré des desideratas d’un mastodonte bancaire ou du bon vouloir d’un Etat, c’est provoquer l’inflation des actifs monétaires dont l’une des conséquences est la hausse des prix. Voilà en substance le point de vu défendu par les libéraux de l’école Autrichienne d’économie (Murray Rothbard, Friedrich Hayek, Ludwig Von Mises…) et partagé dans ses grandes lignes par de nombreux courants écologistes, alter mondialistes, d’économie solidaire, l’écosociétalisme….Paradoxal ? Et pourtant… Si la hausse moyenne de la masse monetaire dans la zone euro est de 11%, On ca démontre clairement que les banques usent de la planche à billets pour leurs offres de crédits, notamment pour prêter aux Etats. C’est paradoxal, car il est communément admis que le prétexte invoqué à la confiscation du pouvoir régalien pour les Etats de battre monnaie s’appuie justement sur ce postulat. De la bouche de grands spécialistes de tous pays, il s’agit d’une vaste arnaque organisée à l’échelle des nations. L’économiste primé Maurice Allais ne mâche pas ses mots : «  dans son essence, la création monétaire ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique, je n’hésite pas à le dire pour bien faire comprendre ce qui est réellement en cause, à la création de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement condamnée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents. »[14]
Inflation des actifs immobiliers. Certes, la BCE contrôle, bon an mal an, l’inflation des produits de consommation courante grâce à des règles strictes d’émission de la monnaie fiduciaire. Pour autant, le montant des actifs immobiliers notamment, a fait un bon phénoménal dans les grandes villes en une dizaine d’années. En abusant de la planche a billet pour leur unique interet, les banques commerciales ont fait flamber les prix de l’immobilier. En effet, partons d’un calcul élémentaire : supposons un crédit à 5 % souscrit pour 15 ans. Par le jeu des intérêts composés, c’est le double de la somme empruntée qu’il faudra rembourser à échéance. Maintenant que des foyers empruntent pour 25 voir 30 ans, rien de surprenant que beaucoup de primo accédants ne peuvent plus devenir propriétaire d’un bien immobilier décent. Reste un hic… Comment l’ensemble des débiteurs peuvent-ils payer un intérêt qui n’existe pas dans la masse monétaire (puisqu’il n’a pas été créé ex nihilo) ? Grâce à une spirale permanente, une course incessante aux crédits pour alimenter le monde de la finance en argent frais. Voilà pourquoi l’apologie de la croissance est toujours si vivace.
 
Une spirale infernale sans issue salvatrice pour la société 
 
Dogme de la croissance. Un paradigme économique esclave de la croissance « infinie ».Nous le savons, sans croissance soutenue, sans prosélytisme de la croissance relayé par les masses médias, le système économique actuel ne pourrait satisfaire le besoin pressant en crédits bancaires. A ce propos, l’économiste américain Ewart Kenneth, théoricien des systèmes fit cette boutade pertinente : « toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut continuer à jamais dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste ». Il aurait pu ajouter un mégalomane. De la croissance, encore de la croissance, toujours de la croissance, est symptomatique d’un modèle économique destructeur pour l’environnement planétaire et les populations humaines, appauvrissant cadre de vie, qualité de vie et niveau de vie des peuples de tous les continents. 
 
Endettement public irréversible. C’est une problématique taboue.
Le service de la dette, c’est-à-dire la somme que la France doit verser chaque année pour « honnorer » sa dette, est constitué du capital et des intérêts des emprunts.
Pour la France, la charge des seuls intérêts de la dette a dépassé les 50 milliards d’euros depuis 2007, absorbant la totalité de l’impôt sur le revenu. En hausse exponentielle, la charge des intérêts de la dette sera le premier poste budgétaire de la France en 2013 à 57 milliards d’euros, nous apprenait le ministre du budget le 6 juillet 2010 lors d’une allocution devant l’assemblée nationale.
D’après le compte général annuel de l’Etat français, le remboursement du capital de la dette, se chiffre actuellement à environ 80 milliards d’euros, absorbant les autres recettes fiscales directes. Chaque année une émission d’une nouvelle dette d’environ 110 milliards a lieu pour financer l’amortissement d’anciens emprunts. L’Etat, bon prince, ne veut pas renier une once de ses engagements pris 37 ans plutôt vis-à-vis de ses créanciers. En revanche, il n’eu aucun scrupule pour renier ses engagement vis-à-vis des petits épargnants qui avaient souscrit un plan épargne logement attractif avant les années 2000 notamment. En l’occurrence, le gouvernement avait fait voter une loi rétroactive pour imposer les PEL bien antérieurement à la promulgation de la loi. Une manière malhonnête de pousser les épargnants à clôturer leur PEL.
 
Parallèlement, la part des recettes de l’Etat dans le PIB n’a cessé de diminuer[15], passant de plus de 22% en 1981 à 17% en 2008. Mais pour la grande majorité des contribuables imposables aucune baisse significative constatée, c’est le moins qu’on puisse dire. Et si, comme le dit le macro économiste Robert Barro, un déficit élevé est « l’impôt de demain »[16], la hausse des recettes fiscales auprès des contribuables, notamment des plus prélevés à proportion de leurs revenus, ne sert plus à investir dans la recherche et le développement qui sont réduits à peau de chagrin, mais à financer de nouveaux emprunts pour faire face aux dépenses courantes. Par ce biais, les actionnaires majoritaires des banques sont assurés de percevoir sans effort et en toute discrétion une rente exorbitante. Pour l’inventeur de l’écosociétalisme, André-Jacques Holbecq et l’entrepreneur Philippe Derudder[17] il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un moyen dissimulé pour détourner les ressources de la masse des contribuables vers une infime minorité de rentiers.
S’agissant d’un Etat, la solvabilité se mesure au potentiel de prélèvement sur les citoyens, qui est fonction de leur capacité contributive mais aussi de leur… volonté à contribuer. Ainsi, faute de pouvoir saigner à blanc trop brutalement les citoyens sans les inciter à protester énergiquement, il n’y a pas d’autre solution "pérenne" que de sabrer dans les dépenses.
Cela n’a pas empêché la Cour des comptes de préparer le terrain en publiant le 23 juin 2010 un rapport[18] qui dispose que « compte tenu de l’urgence, c’est sur les recettes qu’il ne faut pas hésiter à jouer des à présent, car « il est plus difficile d’infléchir rapidement la courbe des dépenses. » 
 
Endettement des particuliers consenti. Les investigations de l’essayiste et urbaniste Margrit Kennedy mettent à jour qu’en répartissant les ménages allemands en dix tranches de revenus, la différence entre intérêts perçus pour les épargnes placées et intérêts débités pour les crédits bancaires, n’est éventuellement positive que pour la dixième tranche. 
Savez-vous par ailleurs que les prix que nous payons sont constitués pour une bonne part du poids d’intérêts divers ? Les investigations de l’économiste allemand Ralph Becker aboutissent à une moyenne de 46% d’intérêts cumulés pour les foyers allemands sur les produits de consommation en 2001 ; un ordre de grandeur révélateur pour les populations des pays occidentaux…
In finé, tout porte à croire que l’adage " Pour vivre heureux vivons cachés" est la meilleure garantie offerte aux dynasties de banquiers pour ne pas trop attirer l’attention et prospérer aux dépens de la grande masse des populations. Grâce aux intérêts perçus ex nihilo et au levier des prélèvements obligatoires, les barons de la finance ont l’assurance de transmettre des créances immuables à leur descendance.
Des lors, n’est-ce pas les créanciers des nations qui auraient beaucoup à perdre en cas d’effondrement du paradigme économique ?
Or, n’est-ce pas les créanciers des nations qui tirent un profit indirect de la compression des services publics, de l’augmentation des prélèvements obligatoires, de la diminution des aides familiales[19] … ?
 
 
Notes :

[1]L eMonde.fr du 21 juin 2010, Débat, Dette publique. Muriel Pucci est spécialiste en microéconomie, Bruno Tinel a co-publié de nombreux ouvrages sur l’économie réelle.
[2]La belle époque du capitalisme, éd. Historia, 1995, n° 37
[3]Les écrits de Thomas Jefferson, New York, GP Putman’s Sons, 10 vol.
[4] Money, Bank Credit and Economic Cycles. Auburn, Alabama : Ludwig von Mises Institute, 2006
[5]The Money Master : How international bankers gained control of America, CormackPatrick S. J., 2007
[6]L’association George Pompidou, biographie, georges-pompidou.org 
[7] - « un actionnariat familial », « Groupe Edmond De Rothschild… détient 97% de la Compagnie Financière Saint-Honoré, holding de tête du groupe français. Compagnie Financière Saint-Honoré regroupe principalement en France la Compagnie Financière Edmond de Rothschild Banque et ses filiales. » Site officiel Edmond-de-rothschild.com/presentation/groupe/structures.aspx
[8]http://www.assemblee-nationale.fr/h...
[9] Le fascicule de the American Bankers Association, parution mensuelle, 1924
 
[10]La monnaie et la politique monétaire. Éd Banque de France, 1971
[11]La monnaie et ses mécanismes. Éd La découverte, 2000
[12]La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires. Éd Clément Juglar, 1999, p. 95
[13]Source agence Reuters via La Tribune du 30 juin 2010
[14]La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires. Éd Clément Juglar, 1999, p. 110
[15]LeMonde.fr du 21 juin 2010, Débat, Dette publique : Muriel Pucci etBruno Tinel
[16]La dette publique dans l’histoire. Éd La documentation française, 2006
[17]La dette publique, une affaire rentable. Éd Yves Michel, 2008 
[18]Situation et perspectives des finances publiques françaises 
[19] « Nous supprimons la possibilité donnée aux étudiants et à leurs parents de cumuler l’aide personnalisée au logement (APL) et la demi-part fiscale pour enfant à charge. Il faudra choisir entre l’une et l’autre. » Communiqué de presse du ministre du budget François Baroin publié dans Les Echos le 06 juillet 2010. Sous la pression pupulaire le gouvernement renoncera peu apres.
 

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