Les effets de la présidentielle 2017 sur la Bourse
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mardi 2 mai 2017
Au lendemain du premier tout de l'élection présidentielle de 2017, les actions des banques françaises s'envolent. Elles ont gagnées 8 % de leur valeur, avec en tête l’action Société Générale qui engrangeait, lundi 24 avril au matin, plus de 8.63 % à 50.28 euros, et celle du Crédit Agricole qui prenait 8.45 % à 13.48 euros.
La probable victoire d’Emmanuel Macron, arrivé en tête du premier tour avec 24 % des suffrages, devant Marine Le Pen (21,7 %), a rassuré les marchés, qui peuvent entrevoir un retour des investisseurs internationaux sur les actions françaises. Pour les investisseurs, le jeu semble fait. « Ils considèrent pour acquis le fait qu'Emmanuel Macron, 39 ans, deviendra le prochain président de la République dans deux semaines », a ainsi estimé dans une note Ray Attrill, de la National Australia Bank. Selon différents sondages, Emmanuel Macron, ex-banquier qui se veut « ni de droite ni de gauche », s'imposerait avec au moins 60 % des voix le 7 mai face à Marine Le Pen.
La principale crainte des investisseurs résidait dans un second tour qui aurait opposé la candidate du Front national au leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, très critique sur l’Union européenne et la mondialisation. « Les marchés sont rassurés d’échapper au redouté duel Le Pen-Mélenchon », a déclaré Diego Iscaro, économiste chez IHS Markit. En outre, la plupart des candidats, à l'exception de François Fillon, avaient les banques dans le collimateur : une vraie loi de séparation des activités bancaires (dépôts et marchés) figurait dans quasiment tous les programmes, de Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Dupont-Aignan. Benoît Hamon, le candidat du Parti socialiste, proposait, pour sa part, une taxe de 5 milliards d'euros sur les "super-profits" des banques françaises
Les marchés euphoriques
La victoire annoncée d’Emmanuel Macron au second tour est, d'après les analystes de la Société Générale, de nature à combler la décote dont ont souffert les actions françaises durant les dernières semaines, en particulier du côté des établissements bancaires. C'est ainsi que l'action du Crédit Agricole, comme celle de Natixis, de BNP Paribas, ou encore de la Société générale ont enregistré des hausses comprises entre 9 à 11%.
La place parisienne n'est pas la seule, loin s'en faut, à s'être emballée. On a pu ainsi relevé un record à Francfort. L’indice vedette de la Bourse de Francfort, le Dax, a ainsi franchi un nouveau seuil historique, au-delà des 12 400 points (+ 3 %). La Bourse de Madrid, quant à elle, a enregistré une hause de plus de 3 % à l'ouverture lundi, tirée par les valeurs bancaires. La première banque espagnole Banco Santander, l'une des principales de la zone euro, progressait de 5,03 % à 5,96 euros, et BBVA, la seconde, de 7,08 % à 7,59 euros. Ce mouvement des Bourses européennes a été lancé par la Bourse de Tokyo, qui fut la première grande place financière à réagir au scrutin français. Le Nikkei a ainsi fini sur un gain de 1,37 %, tandis que Hong Kong, Séoul et Sydney évoluaient en hausse dans l'après-midi.
Un programme favorable à la finance
Cette euphorie des marchés tient au fait que les boursiers prennent pour acquis que l'euro subsistera avec Emmanuel Macron. À l'inverse, une victoire de Marine Le Pen aurait, à leurs yeux, conduit à une crise monétaire, avec la dislocation de l'union monétaire européenne, qui ne peut pas se maintenir sans la France. On peut noter une seconde raison à cette euphorie boursière : le programme fiscal d'Emmanuel Macron, qui prévoit la réforme de l'ISF, avec la détaxation de tous les actifs financiers (actions et obligations), mais aussi la réforme de la fiscalité sur les revenus du capital (notamment les dividendes procurées par les actions). Le programme du candidat d'En Marche ! est même bien plus favorable à la finance que ne l'était celui de François Hollande en 2012. Le projet d'Emmanuel Macron consiste en effet à développer l'économie de marché, pas l'économie administrée. Il a pour ambition de réduire le poids de l'État dans l’économie. De quoi réjouir les boursiers.
Pour les investisseurs étrangers, la forte probabilité d’une élimination de Marine Le Pen au second tour lève les obstacles qui se dressaient devant l’investissement dans l’Eurozone de la part des non-résidents. Il est à parier qu'au cours des prochains trimestres, les marchés de la zone euro vont bénéficier de flux favorables significatifs. Si Macron devient président de la République le 7 mai prochain, investir à la bourse ne devrait pas présenter de très grands risques. Dans son projet, l'immobilier sera taxé à l’ISF, seulement au-dessus de 1,3 million d'euros, et avec un abattement important pour la résidence principale. Dans ces conditions, une crise de l’immobilier paraît très improbable. L'offre de logements est toujours insuffisante, les taux d’intérêt sont bas, et les prix connaissent, à l'heure qu'il est, une très forte accélération.