Les leçons de la crise financière
par Jacques Trévidic
samedi 25 octobre 2008
Les mécanismes de la crise financière nous rappellent que les principes de saine gestion de nos grands-parents n’étaient pas obsolètes. En particulier, qu’on ne peut faire reposer le fonctionnement de l’économie sur le surendettement généralisé.
Confronté à la plus formidable crise depuis 1929, nos gouvernants font preuve d’un volontarisme d’autant plus prononcé qu’ils s’étaient montrés auparavant passifs, voire suivistes face à la dérégulation financière généralisée qui est aujourd’hui considérée comme responsable de la situation. C’est de bonne guerre même si cela ne les exonère pas de leur responsabilité personnelle.
Cette crise est d’abord celle du crédit trop facile, sans mesure du risque encouru, reposant principalement sur la spéculation immobilière qui a servi de garantie aux sommes empruntées, avant que le marché ne se retourne avec les conséquences que l’on sait.
Mais c’est aussi parce que depuis 20 ans, des masses de capitaux formidables se sont constituées sans que les outils de production dans lesquels ils avaient vocation à se fixer aient suffi à les éponger. Alors les marchés ont inventé toutes sortes d’artifices pour créer des produits financiers censés leur apporter la profitabilité que l’économie de biens de production ne leur assurait pas.
Ces masses importantes de fonds se sont constituées depuis les années 80 en raison de la progression des revenus du capital qui est devenue plus importante que ceux du travail, au point d’en perdre tout rapport.
Parce qu’il fallait quand même favoriser la consommation de masse pour entrainer la croissance, certains pays ont encouragé l’endettement à outrance des particuliers plutôt que d’augmenter les revenus du travail. Le résultat est là.
Désormais, le principal problème posé va être de résorber les immenses dettes publiques et privés des Etats développés, tout en évitant d’entrer dans la récession. La quadrature du cercle ? Il existe pourtant une solution, largement diabolisée par les ultra-libéraux : l’inflation. En augmentant la masse monétaire par la planche à billets, on provoque une inflation qui, si elle est contenue dans des limites raisonnables (7% ?), peut contribuer à abaisser la valeur réelle des dettes tout en stimulant l’économie, à condition que les salaires soient clairement indexés sur l’inflation.
Les perdants seraient alors les détenteurs du capital car l’inflation érode inexorablement leurs biens. On peut alors peut-être en déduire une règle qui mériterait d’être démontrée de façon plus rigoureuse. Pour qu’une économie soit stable dans le temps, il est nécessaire que les revenus du travail suivent de près ceux du capital, faute de quoi une bulle financière se créée, qu’il faut bien un jour purger dans la douleur...