Loi Galland : les décrets d’application arrivent...
par ÇaDérange
samedi 29 octobre 2005
Nos députés ont voté cet été une nouvelle loi pour réformer la loi Galland qui gère les relations entre la grande distribution et ses fournisseurs. Le but initial de cette loi était de protéger le petit commerce, en empêchant les grandes surfaces de répercuter la totalité des ristournes qu’ils recevaient de leurs fournisseurs, et en particulier les fameuses "marges arrière". Ces marges arrière sont des ristournes plus ou moins bidons, accordées sous des prétextes divers (prime de gondole, prime de coopération commerciale, prises d’objectifs , etc.) que la grande distribution arrivait à obtenir de ses fournisseurs en profitant de leur énorme puissance d’achat et de leurs méthodes commerciales limites. Bien entendu le petit commerçant, lui, ne peut rien obtenir de tel.
La loi Galland empêchait de prendre en compte ces marges arrière dans la fixation des prix de vente au client, ce qui a généré une certaine hausse des prix des produits, et en particulier des produits de marques. D’où : retour de manivelle, on souhaite maintenant favoriser la baisse des prix ou la hausse du pouvoir d’achat, et plus le petit commerçant.
Les décrets d’application de cette loi, qui doit prendre effet au 1er Janvier 2006, viennent d’être rendus publics, sous forme de projet de circulaire. Apparemment, notre administration a pondu encore une usine à gaz ! Comme prévu néanmoins, les marges arrière seront limitées à 20 % en 2006, 15 % en 2007, alors qu’elles dépassent largement 30% de nos jours. Les modalités, en revanche, semblent compliquées à appliquer, Michel-Edouard Leclerc lui-même les qualifiant d’ubuesques.
Le problème majeur, que je vous avais signalé dans mon message sur le sujet du 29 juillet, est qu’aucune société de la grande distribution ne peut se permettre de transférer les 10% de marges arrière en moins dans une diminution de sess prix de vente. Car si elle opérait ainsi, ce seraient ses résultats annuels qui seraient gravement affectés, et donc ses actionnaires seraient gravement mécontents, et le cours en Bourse en forte baisse ! Comment réagir, pour la grande distribution ? En pressurant encore davantage les producteurs, et en améliorant encore elle-même sa productivité pour compenser, c’est-à-dire en diminuant le personnel, en informatisant encore, en mettant la pression sur les coûts de logistique, etc.
Quand la fonction publique s’occupe de commerce, elle n’y comprend rien ! Ce seront les employés et les fournisseurs qui paieront la baisse des prix, la seule chose qui intéresse vraiment les politiques... Sachez donc que les 5 % que nous promet le ministre des PME et du commerce sur les produits de marque, et dont vous bénéficierez, seront payés par des souffrances du personnel et des fournisseurs.
A suivre...