LVMH, ses impôts, Notre-Dame de-Paris : la contre-enquête

par Guydar
samedi 27 avril 2019

 

Le drame de l’incendie de Notre-Dame et l'exceptionnel élan de solidarité qui s’en est suivi ont amorcé une polémique qui peine à s’éteindre. Les grandes entreprises et les grandes fortunes de France profiteraient de ce triste événement pour se donner une bonne image tout en faisant de l’optimisation fiscale. Pendant ce temps-là, l’Etat fuit comme toujours ses responsabilités. Enquête sur LVMH, ses impôts, et sur l'incurie de l'Etat.

Les Français qui le veulent financent aujourd’hui la restauration de Notre-Dame-de-Paris, mais l’Etat fuit ses responsabilités depuis trop longtemps. Notre patrimoine tombe en ruines à tel point que ce sont 2 000 monuments historiques qui sont en péril ou partiellement en péril. Alors, si Macron affirme que la France n’a pas d’Histoire, il pourrait bien finir par avoir raison. Puisque l’Etat continue à sous-financer la protection de son patrimoine. A quoi sert un ministère de la Culture dont seulement 3 % du budget est destiné à la préservation de nos monuments historiques ? Les entreprises se retrouvent quasiment contraintes de se substituer à l’Etat en matière de restauration du patrimoine, à moins que le projet macronien n’aille au bout et que l’Etat ne soit plus qu’une coquille vide...

 

Souvent décriées à raison pour leurs tendances maladives à échapper le plus possible à l’impôt en France, les entreprises du CAC40 contribuent à la solidarité nationale, quoi qu'on en dise. On les dit professionnelles de l’optimisation fiscale ? La critique est facile quand on sait par exemple que LVMH est largement imposé, et que le groupe ne peut pas être taxé d’un mal bien réel généré par d’autres grands groupes français. C'est le principal contributeur à l’impôt sur les sociétés (IS) en 2017 avec la bagatelle de 1,4 milliards d’euros. Un groupe qui se classe par ailleurs à la sixième place des plus gros contributeurs à la solidarité nationale avec 2,4 milliards d’euros de prélèvements obligatoires (dont 770 millions de cotisations sociales) payés la même année. Seuls le Crédit agricole (5,8 milliards), BNP Paribas (4,2 milliards), Vinci (3,8 milliards), la Société générale (3,2 milliards) et Engie (3 milliards) payaient plus.



LVMH versus l'Etat : qui contribue le plus au bénéfice de la France ?

De leur côté, les autres grandes du luxe, L’Oréal (900 millions) et Kering (97 millions), n’occupaient que les 16e et 32e places de ce classement, ce qui montre le poids exceptionnel du contributeur LVMH parmi les industriels du secteur. Une place que le groupe semble décidé à conserver : en 2018 puisqu’il a payé 1,25 milliard d’euros au titre de l’IS. Les sommes déboursées par LVMH montrent que l’optimisation fiscale n’est pas une priorité ou alors que les comptables et autres experts de la soustraction à l’impôt ne sont pas à la hauteur des enjeux. 

Alors que le taux de prélèvements obligatoires pose un problème en France, car les petits sont plus taxés que les grands, LVMH revendique des objectifs ambitieux pour les petits, justement. Avec 29 000 employés en France – troisième au niveau national derrière McDonald’s (32 015 personnes) et la SNCF (29 900), le groupe de Bernard Arnault revendique le développement de talents et des savoir-faire, ainsi que l’implication sociale territoriale au bénéfice des populations environnantes. Un mode de fonctionnement qui semble faire ses preuves puisque le groupe se porte bien et qu’aucun scandale n’entache son nom malgré sa taille et ses multiples intérêts.

Quid du mécénat ?

Le mécénat de LVMH n’est pas né dans les cendres de Notre-Dame-de-Paris. Si la polémique a fusé avec une telle force au lendemain de l'incendie, c’est en raison du climat tendu (merci Macron) et la promptitude des gens de gauche à critiquer l’Eglise catholique et l’argent. Alors quand les deux se rencontrent pour tenter de restaurer un joyau architectural et spirituel, tous les coups sont permis. Or, le don de 200 millions d’euros ne sera finalement pas défiscalisé. Le contribuable ne paiera donc pas de sa poche.

Alors que l'Etat renonce à restaurer son patrimoine, assurer un service public de qualité et à donner du travail aux jeunes (18,8 % de chômage au dernier trimestre 2018), d'autres prennent le relais et s'investissent pour leur pays. Depuis 2007, près de 600 jeunes issus de milieux peu favorisés ont trouvé un emploi après avoir été parrainés par un collaborateur de LVMH dans le cadre du programme « Nos Quartiers ont des Talents ». En 2018, ce sont plus de 100 collégiens qui ont pu approcher les métiers du luxe grâce au stage « découverte de l’entreprise ».

Quand l'Etat est démissionnaire et déficitaire sur autant de dossiers, arrêtons de cracher sur ceux qui tentent de prendre le relai.

 


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