Marine Le Pen n’est pas crédible sur le plan économique, social et monétaire !

par Aimé FAY
vendredi 11 mars 2011

Portée par les sondages, l'héritière du Front national pense à gouverner. Chaque politique le sait, pour espérer être élu il faut au moins trois conditions indispensables :

- plaire physiquement ;
- promettre que demain on rasera plus ou moins gratis notamment en termes économique, social et monétaire ;
- être crédible, soit directement, soit indirectement grâce à son équipe. Les autres éléments, quels qu'ils soient, sont des cerises sur le gâteau ou des épines.

Blonde comme le soleil, Marine Le Pen plaît ou du moins, ne déplaît pas, même si elle n'a pas la bouille d'un mannequin ! 1er condition validée.
 
Pour ce qui est de promettre de raser gratis, cet "exploit" est à la portée du premier quidam venu, pour autant que son égo puisse faire fi de beaucoup de choses. En l'espèce, Marine Le Pen n'échappant pas, a priori, à cette règle, ce 2ème pré-requis semble aussi réussi. Nicolas Sarkozy l'avait lui-même réussi avec talent et brio durant sa campagne présidentielle (ici). Il a été semble-t-il pour Marine Le Pen un excellent modèle depuis 2002. Eh oui, déjà 9 ans au pouvoir, directement ou indirectement ! Rappelons-le tout de même, au regard de l'évolution négative des chiffres du pays de 2002.
 
Pour l'instant, tout marche comme sur des roulettes. Le Pen est sur un nuage. Et, comme cela marche à fond, il n'y a pas de raison pour qu'elle change un iota d'un discours qui fonctionne et qui sur beaucoup de points, ne "mange pas de pain"…
 
3° Crédibilité ?
 
… sauf que cela change quand elle s'aventure sur le terrain économique, social et surtout monétaire. Et là, notamment sur ce dernier point, son outillage intellectuel propre et celui de son entourage, manquent singulièrement de connaissance, d'expérience et de travail tout court.
 
Ainsi, elle affirme de manière péremptoire, que beaucoup des maux de notre pays, maux qui accablent surtout les ouvriers, les employés, les chômeurs… les retraités ayant une pension de misère, viennent de l'UMPS et surtout de l'Europe, principalement de l'Eurosystème, c'est-à-dire de l'euro stricto sensu.
 
La monnaie c'est quelque chose de complexe. De très complexe ! C'est la matière dans laquelle la littérature mondiale est la plus prolixe depuis des siècles. Aucun théorie − voire de neutralité ou pas, selon l'école à laquelle on appartient −, aucun livre d'aucune sommité ne s'en exonère.
 
Marine Le Pen n'est pas du tout crédible sur ce terrain, pourtant essentiel quand on veut gouverner un pays. Mais qu'importe, car le sachant − étant extrêmement intelligente du seul fait d'être là où elle est − elle sait qu'en critiquant l'Europe et l'euro, elle va attirer à elle un volume important de "nonistes" de l'année 2005 qui avaient rejeté − à 55 % des votants − le Traité portant Constitution européenne.
 
Encore aujourd'hui, une très grande partie de peuple de France fait porter − injustement selon nous − à l'Europe et à l'euro tous les maux du pays, voire de la terre entière. Aberrant ! mais Marine Le Pen, en bonne politique, démagogue et populiste, surfe en professionnelle de plus en plus avertie sur cette vague de mécontentement.
 
Seulement, il ne suffit pas de dire en matière monétaire "y'a ka, y'a kon", pour être crédible en dehors des copains et des copines de sa rue ou de tous les bénis oui-oui, qui entourent de fait toute personne qui est susceptible de les nourrir demain, eux, leur famille et leur entourage proche et éloigné. C'est comme cela, et on le sait tous. Marine Le Pen aussi !
 
Venons-en au fait ! Sortir de l'euro relèverait pour notre pays d'une démarche suicidaire que nous démontrerons tout au long des articles que nous allons consacrer à cette mystification "lepéniste", basée sur l'incompétence monétaire. Marine Le Pen sur ce plan bat tous les records. C'est ainsi, que lors de son débat – du 14 février 2011 sur BFMTV (Débat Le Pen / Mélenchon 2ème partie, notamment les 10 premières minutes :ici) − avec l'"ex-noniste" Jean-Luc Mélenchon, elle lui répond que :
 
"[...] je reviens au Franc français. [...] 1 franc sera égal à 1 euro. [...] nous ferons une dévaluation compétitive de 25 % [...] pour dynamiser notre économie [...], etc.".
 
Tout d'abord, fixer 1 franc = 1 euro est ridicule, irresponsable et relève du niveau de la maternelle pour Marine Le Pen, malgré ses nombreuses lectures de Maurice Allais (1911-2010), d'ailleurs rarement bien comprises, comme nous le démontrons en bas de page (*). En effet, soit le franc est convertible soit il ne l'est pas (Marine Le Pen doit nous le dire ?). S'il est convertible, ce sont les marchés qui fixeront sa première vraie parité. Donc nous conseillons aux économistes supposés du FN, de fixer dès le départ, nuitamment, une parité qui soit assez proche de celle que les marchés établiront dès leur ouverture le lendemain. Cela commencera avec Tokyo… puis Londres… enfin New-York qui sonnera le glas, c'est-à-dire la vérité et sûrement l'affolement.
 
Souhaitons pour notre pays que les marchés des changes internationaux, que Marine Le Pen ne cesse de vilipender, ne soient pas trop sévères. Mais, en l'espèce, pour eux point de sentiment, seule compte leur appréciation objective de l'avenir à court terme, voire à très court terme, de l'ordre de la minute, si ce n'est de la seconde… compte tenu des milliards qu'ils vont engager.
 
Pour nous, il y a fort à parier que dans l'état où se trouve actuellement la France conduite par N. Sarkozy (ici), que la spéculation internationale anticipera la valeur de notre nouvelle monnaie dès l'élection de Marine Le Pen. Et qu'elle la dépréciera − non la dévaluera comme le dit improprement Le Pen, ce qui montre bien son incompétence sur ce sujet − non pas de 25 %, comme l'envisage les économistes du FN, mais de 30 à 40 %. Pourquoi ?
 
Parce que, ayant repris sa liberté monétaire, la France, notre pays, aura aussi repris − malheureusement − tous les risques qui vont avec.
 
Le risque majeur qui pèse sur une monnaie, quelle qu'elle soit, c'est celui de sa crédibilité.
 
Celle de la confiance qu'elle inspire à tous les agents économiques qui devront la manipuler, c'est-à-dire l'avoir pendant quelques instants dans leurs mains. Tout porteur d'une monnaie − nous tous − espère qu'elle ne perdra pas de son pouvoir d'achat durant sa détention. Dans le cas contraire, on cherchera à s'en débarrasser en la vendant. Et, dans le cadre de la loi de l'offre de la demande, plus on offre une chose sur son marché et plus son prix, c'est-à-dire pour une devise son cours ou taux de taux de change, diminue.
 
Donc, la force ou la faiblesse du franc, sera celle que le gouvernement Le Pen aura su inspirer ou pas, aux agents économiques, notamment aux acteurs internationaux du libre-échange… ceux tant détestés aujourd'hui par le FN.
 
Les économistes du Front, en proposant à leur chef de sortir du bouclier protecteur qu'est l'euro en ces temps de crise, ont déjà scié la branche sur laquelle ils ont ou auront demain − toujours selon Marine Le Pen − appuyé leur programme économique, social et monétaire.
 
Avant de rejeter les immigrés clandestins, comme veut aussi le faire, à la mer, l'UMP (ici)… la France de Marine Le Pen devra continuer à trouver tous les jours et, dès le lendemain du passage au franc, plusieurs centaines de millions pour rembourser notre dette estimée actuellement, hors intérêts, à 1 600 milliards d'euros, c'est-à-dire selon notre évaluation à quelque 2 200 à 2 500 milliards de francs… le pen.
 
Qui nous les prêtera ?
 
D'autant plus que Marine Le Pen a laissé entendre, lors de son débat avec Mélenchon, qu'elle pourrait ne pas rembourser les intérêts de la dette dus par notre pays ! Est-ce bien sérieux, une telle proposition ? Nous attendons sur ce point, la réponse des économistes du FN.
 
A suivre : Marine Le Pen n'est pas non plus crédible quand elle rend l'euro responsable du chômage !
 
(*) Maurice Allais (Nobel 1988) n'a jamais proposé de quitter la monnaie unique. Aucun de ses propos ou écrits n'a été contre l'euro. Bien au contraire ! Le 18 mars 2009, il disait : "[...] maintenant que l’Euro a été créé entre douze Etats membres de l’Union Européenne dans des conditions justifiées je ne vois que des avantages à ce qu’il soit maintenu et la politique de la Banque Centrale Européenne de réaliser une croissance annuelle moyenne des prix de 2 % me paraît entièrement fondée" (voir ici).
 
Photo : Wikipédia.

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