Menaces inflationnistes, pétrole et banques centrales
par SilenT BoB
mardi 23 mai 2006
Les récents chiffres de l’économie américaine ne sont pas vraiment encourageants.
La semaine dernière fut une sombre semaine pour les marchés financiers, et ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il faut souligner que depuis quelques mois, les marchés boursiers évoluent sur des nouvelles à court terme et en ciblant davantage les aspects microéconomiques, sans vraiment se préoccuper des chiffres macroéconomiques plutôt bons mais qui laissaient présager des lendemains un peu plus difficiles.
Pourtant les signes étaient bien là, une hausse du prix du pétrole (+40% en un an), une dette américaine de plus en plus lourde et qui ne trouvait plus toujours preneur (une partie des bons du Trésor américains n’ont pas toujours été achetés), une FED (banque centrale américaine) qui montait ses taux puis voulait faire une pause, mais qui finalement pense qu’il faut continuer, etc.
La semaine dernière a rappelé à l’ordre tous les acteurs boursiers, la menace inflationniste refait surface, le prix de l’énergie y est évidemment pour beaucoup, mais il faut freiner la croissance et ainsi donc freiner les investissements (toujours gourmands en énergie) afin de faire chuter à moyen terme le prix de l’énergie. Pourtant, dans le même temps, les salaires, eux, ont augmenté plus que prévu, mais cela n’a pas suffi à effacer la crainte d’une nouvelle vague de hausses des taux directeurs de la FED.
La FED n’est pas la seule à vouloir brider un peu les investissements, la BCE (banque centrale européenne) va sûrement aller dans ce sens en juin, avec une hausse de 0,5% de ses taux directeurs.
Vous vous dites certainement que ceci n’aura pas d’impact sur votre vie courante, eh bien justement si ! Monter les taux directeurs implique des crédits plus chers, mais le but est également de faire en sorte que le pétrole baisse, ainsi que le gaz et l’électricité. De plus, la BCE pense que si la croissance est encore au rendez-vous en Europe, elle n’hésitera pas à monter ses taux directeurs, ce qui va certainement se passer, ce qui va faire chuter en nombre les crédits à la consommation mais surtout ceux établis sur le long terme par les entreprises et les particuliers.
Les particuliers pourraient emprunter moins, car une hausse de 0,5% de leur crédit pourrait exclure une partie de la population de l’accès au crédit afin d’acquérir des biens immobiliers, la demande sera donc moins forte, l’offre devra baisser ses prix, on peut penser que les prix de l’immobilier ne vont pas augmenter, mais peut-être baisser ou stagner dans les prochains mois.
Les entreprises qui, elles, comptaient emprunter afin d’investir, vont devoir repenser leurs comptes, et certaines ne pourront pas se payer les crédits nécessaires afin de combler leurs souhaits d’investissements. Le nombre d’emplois créés pourrait en pâtir. Mais on peut également penser que les entreprises qui ont investi vont commencer à voir un bon retour sur investissement apparaître, et peut-être continuer à consolider une croissance européenne plutôt bonne (grâce aux pas de l’Est, l’Espagne, et l’Angleterre principalement).
Donc, comme on le voit, les acteurs des marchés boursiers ont anticipé différents scénarios macroéconomiques. La question est : les États-Unis sont-ils capables de continuer à un tel rythme de croissance, avec une balance commerciale en déficit abyssal, une dette de plus en plus importante, et des pays asiatiques qui finiront peut-être par ne plus être leurs banquiers ?
Ce qui est certain aussi, c’est que les tensions internationales
vont peser lourdement sur le climat des affaires et certainement favoriser la
croissance et la création d’emplois. Nous sommes à une sorte de carrefour, et ce
ne sera que dans quelques mois que nous saurons comment va tourner le scénario.