Migrants en Allemagne : le Parthénon ’’économie et démographie’’ puis la Roche Tarpéienne "cultures et religions’’

par hugo BOTOPO
jeudi 8 octobre 2015

Depuis 1972 l'Allemagne compte plus de décès que de naissances : ce déficit est plus que compensé par l'immigration de main d'oeuvre déjà formée dans les pays d'origine. Ainsi la population globale et l'économie sont en croissance. L'arrivée massive de migrants ou de réfugiés va-t-elle continuer à conforter l'économie allemande ou les différences culturelles et religieuses de ces immigrés seront-elles des facteurs de déstabilisation du peuple germanique ?

La bien-pensance et le politiquement correct des Français autorisés à s'exprimer, considère que la bonne natalité française, avec un surplus de 200 000 jeunes arrivant sur le marché du travail (par rapport aux départs en retraite, pré-retraite et chômage de séniors de longue durée) est un énorme avantage sur l'Allemagne. Cette dernière serait promise à un avenir des plus sombres : depuis 1972 le nombre de décès est supérieur à celui des naissances, avec un écart qui se creuse proche de 200 000/an depuis 10 ans.

Et pourtant la population allemande est en croissance grâce à l'apport constant de l'immigration (nette des départs), avec un pic de 782 000 en 1992 et des valeurs d'environ 400 000/an ces dernières années. Valeurs qui vont exploser avec le tsunami migratoire actuel. Cependant, la grande vague de naissances de 1948 à 1971 supérieure à 1 million/an (et supérieure à 1,3 millions/an entre 1962 et 1965), va se traduire par des vagues analogues de décès, (et avant de départ en retraites à partie de 2020) à partir de 2025 jusqu'en 2035, alors que les naissances proviendront des femmes nées pendant les classes creuses. Des apports moyens annuels de plus de 500 000 migrants déjà bien formés aux frais des pays d'origine seront les bienvenus.

L'Allemagne se porte bien, sa situation économique est enviée, alors que la France avec sa merveilleuse démographie stagne : cherchons l'erreur. L'excédent de 200 000 jeunes Français arrivant sur un marché du travail fermé, coûte en dépenses strictement publiques, 200 000 € par jeune, soit 40 Mds €/an. Alors que l'importation de main d'oeuvre formée aux dépens des pays d'origine fait économiser à l'Allemagne entre 60 et 100 Mds € chaque année en diverses dépenses publiques. Ces chiffres sont à relativiser avec la dizaine de Mds € que le budget allemand compte affecter à l'accueil de 800 000 à un million de migrants. Une bonne partie de ceux-ci auront déjà trouvé un emploi au cours de la première année de leur arrivée !

Alors tout est pour le mieux en Allemagne ? Avant de l'affirmer, il est souhaitable de prendre en compte les diverses origines des migrants depuis de nombreuses décennies. Il y a eu une première vague suite à la seconde guerre mondiale et à la modification des frontières : beaucoup de germaniques ou allemands retournent vers la mère patrie, surtout pour ne pas être enfermés par le rideau de fer : ils n'ont pas été considérés comme des migrants tout en confortant la population allemande. Les vraies vagues d'immigration sont autour des années 70, puis 90 (pointes à 750 000/an). Il y a eu d'abord une immigration dite temporaire de Turcs (2,5 millions se sont installés en Allemagne) puis des voisins polonais (2 millions installés) puis, après la chute du rideau de fer, les minorités germaniques enfermées en URSS, puis des roumains, bulgares, ex-yougoslaves. Et un flot continu d'européens du sud (italiens, grecs, espagnols, portuguais...). Depuis 2010, avec la crise interminable ces pays du sud plus les Balkans, la Roumanie, la Bulgarie, le Montenegro, le Kosovo et l'Albanie envoient de la main d'oeuvre vers l'Allemagne. Depuis début 2015, un flot énorme de réfugiés arrive du sud de la Méditerranée (Syrie, Irak, Lybie, Erythrée, plus Afghanistan, avec un tiers d'européens hors UE (albanais, kosovars,...) s'infiltrant dans le flot de vrais réfugiés fuyant les zones de combats. Ces réfugiés et migrants sont en majorité de culture arabe et/ou de religion musulmane, ne cherchant en Allemagne et UE que travail, richesses et sécurité. Une notion particulière pour les Turcs qui après une fonction de travailleurs temporaires se sont installés plutôt que de retourner au pays. Les turcs bien que musulmans de religion ne sont pas des arabes : ils ont englobés dans l'Empire Ottoman des peuples et nations arabes, aujourd'hui indépendantes. L'Empire Ottoman entretenait des liens privilégiés avec l'Allemagne, était tourné vers l'Occident. Cet Empire Ottoman rêvait à sa gloire passée d'Empire ''Romain'' d'Orient. Après la chute de l'empire, suite à la Grande Guerre, Mustapha Kemal dit ''Atatürk'' instaura une République laïque à la française et développa les liens avec les européens. Pour mieux s'imprégner de la culture, des sciences et des technologies européennes, Mustapha Kemal impose en 1928 l'alphabet latin, déjà en vigueur chez les élites, facilitant ainsi l'accès à l'écriture et la lecture pour tous, dans les écoles des campagnes. A noter l'instauration du droit de vote et d'éligibilité des femmes dès 1934 ! Depuis 1945, les immigrés turcs, pratiquant assez peu leur religion musulmane dans leur principal pays de travail et d'accueil, l'Allemagne, amenèrent quelques recettes culinaires comme les Kebabs, sans prosélytisme religieux ou culturel : l'intégration se passe relativement bien. Certains s'y implantent définitivement, d'autres retournent en Turquie. Puis le développement économique de la Turquie freine l'émigration vers l'UE, surtout depuis l'apparition d'une certaine hostilité à intégrer la Turquie dans l'UE. Cette hostilité est concomitante avec l'émergence de partis islamiques ''modérés'' en Turquie et avec leur arrivée au pouvoir. La religion musulmane connaît un renouveau et tend à imposer la suprématie des lois islamiques sur les lois de la République laïque.

Pour la grande vague déferlant actuellement sur l'Allemagne, une bonne partie des réfugiés gardent l'espoir de retourner dans leurs pays d'origine : ils tiennent à conserver leurs traditions, leurs cultures et surtout vivre leur religion musulmane. L'intégration à la culture germanique, aux fêtes de la bière, à la gastronomie des cochonnailles allemandes, aux règles civiques d'égalité des droits, de l'égalité de la femme, du libre choix de sa religion et même de l'athéisme, donc au rejet de la charia, est rejeté par tout bon musulman réfugié économique ou politique. Déjà dans les centres d'accueil il y a des ''tiraillements'' entre immigrés chrétiens et musulmans, ces derniers majoritaires imposant que la cuisine commune soit conforme à la charia et que le porc en soit banni ! Ces immigrés n'iront pas crier ''Deutschland über alles'' dans les stades, pour les musulmans mâles, mais ''Allah über alles'' et même pas ''Deutschland akbar'' !

Les conditions réelles de l'accueil sont loin des manifestations de soutien et de compassion en sortie des gares allemandes. Angela Merkel et son gouvernement savaient que l'Allemagne disposait de capacités d'accueil d'une main-d'oeuvre déjà formée, surtout dans l'ex-RDA. En effet, depuis la réunification, 2,5 millions d'''Ossi'' ont quitté la RDA vers la riche RFA et ses emplois de qualité. Des logements, surtout les communautaires ont ainsi été libérés et sont vacants. L'émigration interne et le déclin des naissances ont conduit à la fermeture de centaines de milliers de classes et des milliers d'écoles, collèges et lycées. En dehors de la possibilité de réouverture d'une partie pour les enfants d'immigrés, certaines sont adaptables en logements : présence de sanitaires et de cantines. Même si les centres d'accueil sont déclarés provisoires dans l'attente soit de l'octroi de statut de réfugié avec permis de travail et déménagement dans les villes en essor économique (principalement à l'ouest), soit de pseudo-réfugiés appelés à être renvoyés ou repoussés vers leur pas d'origine, principalement les Balkans. Les expulsions difficiles resteront limitées. A voir les manifestations et exactions violentes de certains groupes d'allemands depuis quelques années contre des ressortissants des Balkans ou de l'Est de l'UE (roumains et bulgares), comparables aux roms en France, et à leur relais politique par la formation légale ''Pediga'', le séjour en Allemagne de la grande vague d'immigration de ''réfugiés'' et son intégration dans la société allemande vont créer des dislocations culturelles, sociales et politiques. Les retombées dans les diverses sociétés européennes de l'UE, tant sociales que politiques sont imprévisibles. Elles seront certainement néfastes à la stabilité européenne et à la construction de l'UE.


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