Modernisation, toilette ou débarbouillage ?

par cambacérès
lundi 5 mai 2008

Sur ce sujet de la modernisation du marché du travail, on doit pouvoir faire mieux et plus, dans ces temps où faute de pouvoir reprendre le flambeau du progrès et de la promotion sociale, il faut au moins tenir celui de la cohésion sociale.

Ami lecteur,

Voici deux ou trois choses auxquelles je crois et dont j’aimerais vous convaincre, au moment où la représentation nationale a entre les mains le texte sur la modernisation du marché du travail, transposant l’accord national interprofessionnel du 21 janvier 2008 (texte joint en bas d’article).

Les objectifs de cet accord sont de faciliter l’entrée dans l’entreprise et améliorer le parcours en emploi, sécuriser les contrats et améliorer le retour à l’emploi : lisons à cette aune les 9 dispositions essentielles du projet de loi et constatons qu’une préoccupation essentielle semble pourtant bel et bien manquer à l’appel …

De l’offre d’emploi acceptable qui en est le point de départ à la rupture décidée, consentie ou contrainte qui marque la fin du contrat de travail, n’exerce-t-on pas un métier dans un emploi, dont, quelle qu’en soit la forme contractuelle, qualification et formation sont les pivots : peut-on passer à côté de cela dans ce projet de loi ?

L’un des objectifs de l’accord des partenaires sociaux est de faciliter l’entrée dans l’entreprise et améliorer le retour à l’emploi : comment y parvenir si l’on ne commence pas par en « moderniser » la clef d’entrée – c’est-à-dire l’offre d’emploi ?

Ensuite, comment parler de modernisation du marché du travail si sans aller jusqu’au contrat de travail unique, on ne va pas au moins jusqu’à l’introduction de la notion de « durée déterminée renouvelable par tacite reconduction » dans un droit du travail qui offrirait alors le moyen de mieux lutter contre la précarité, tout en concourant utilement à une flexibilité mieux aménagée et moins brutale.

Rappelons que la présidence tchèque, en 2009, se propose de faire de la mobilité dans l’emploi une de ses priorités : mobilité intra-européenne donc transversalité des modalités essentielles du contrat de travail.

Prenons, en France, l’initiative d’en jeter dès à présent les bases.

Innovons, alors, en plaçant la formation et l’alternance au cœur même du contrat de travail et de ses obligations réciproques, afin que les employeurs trouvent à travers la qualification une variable d’ajustement positive et supportable de la gestion du temps de travail et des emplois

Le temps n’est-il pas venu, d’ailleurs, de faire la jonction entre expérience des séniors et manque de qualification des jeunes en constatant, à travers cette convergence, que la qualification est une nécessité commune à l’employeur et au salarié dont découle logiquement une responsabilité partagée de former et se former ?

Ce serait donc ouvrir la voie d’une modernisation authentique et durable du marché du travail que de faire de cette responsabilité partagée une nouvelle disposition contractuelle de droit commun dans le contrat de travail.

Car si nous nous contentons de statuer sur les seuls repères qu’a bien voulu nous confier le paritarisme, nous allons peut-être rater l’occasion inespérée d’instaurer rapidement un vrai modèle de flexisécurité à la française.

En ces temps de rupture, eh bien rompons !

Au-delà de toute notion d’ouverture, l’heure est pour la majorité comme pour l’opposition de prouver leur sens des responsabilités.

Et sur ce sujet de la modernisation du marché du travail, on doit pouvoir faire mieux et plus, dans ces temps où faute de pouvoir reprendre le flambeau du progrès et de la promotion sociale, il faut au moins tenir celui de la cohésion sociale.

Au moment où se pose avec acuité le problème de l’emploi des séniors, il y a même dans cette proposition de relier par l’alternance et par cette double obligation de former et de se former inscrite au contrat, le moyen de ramener au travail les populations qui se trouvent aux deux extrémités de la courbe en cloche de notre population active, là où se trouvent précisément coincés, chacun de leur côté, tout à a fois nos jeunes et nos séniors.

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