Alors que la menace d’un rachat d’Alstom par GE se précise puisque le patron de l’entreprise a rencontré le président hier, le gouvernement semble vouloir faire de Siemens le chevalier blanc. Mais, il n’y a pas qu’un choix entre ces deux maux pour cette belle entreprise, contrairement à ce que beaucoup indiquent.
De la peste et du choléra
Du coup,
Siemens peut apparaître comme une meilleure solution, pour bâtir un Airbus, de l’énergie et des transports. Mais
cette vision des choses est totalement naïve. D’abord, ce ne serait pas un mariage d’égaux. De plus,
comme le souligne le patron d’Alstom, toute fusion risquerait rapidement d’avoir de grosses conséquences sur les emplois du fait de la proximité des activités des deux groupes. Pire,
la proposition de Siemens de céder ses actifs dans les transports à Alstom est un jeu de dupes,
comme le révèle son rapport annuel, page 188 : c’est la branche la plus mal en point du groupe, qui a perdu 448 millions d’euros en 2013 pour un chiffre de 6,3 milliards ! Bref, il n’y aurait qu’un gagnant dans un tel montage, Siemens, qui serait plus gros et aurait fourgué sa branche la moins performante !
Une troisième voie, nationale
Aujourd’hui, la plupart des médias présentent la situation comme un choix à faire entre GE et Siemens, sans alternative. Le Monde, peu inspiré, ne voit pas d’autres issues qu’un choix entre « le cow boy et le teuton ». Pourtant, le précédent de 2004 nous montre qu’il y a une troisième voie : une voie nationale. Car pourquoi faudrait-il accepter le fait qu’Alstom soit vendu à la découpe ? Les garanties des acheteurs sont éphémères. On sait qu’au bout de quelques temps, les activités d’Alstom seraient traitées comme toutes les autres activités de ces multinationales uniquement guidées par le profit. Et la localisation du centre de décision a toujours une importance dans les choix qui sont faits au jour le jour…
C’est pourquoi il faut absolument se battre pour trouver une solution nationale et ne pas se limiter aux deux options qui se présentent à date, comme le souligne Chevènement, pour qui «
le contrôle du capital doit rester français ». D’abord, l’entreprise est profitable et dispose d’une trésorerie solide,
selon son dernier rapport annuel. L’Etat doit intervenir,
comme il l’avait fait en 2004. Pourquoi à ne pas réfléchir à un rapprochement avec Areva, par exemple, pour construire un rival de GE ou Siemens dans l’énergie ? De toutes les façons, la taille et les résultats d’Alstom ne semblent en aucun cas justifier que cette entreprise, qui emploie 18 000 personnes en France, soit vendue à la découpe.
Merci à Denis pour ses liens, utiles pour ce papier (et d’autres)