Nos économies doivent être karchérisées !

par Michel Santi
vendredi 4 juin 2010

Les Européens ne sont pas vraiment altruistes, ils ne sont pas plus angoissés par le sort de la Grèce... En fait, les déboires de ce petit pays les renvoient tout simplement - à l’instar d’un miroir - à leurs propres problématiques fondamentales relatives à l’endettement et à son incontournable pendant - le refinancement de cette dette - ainsi que, pour les responsables les plus honnêtes intellectuellement, à l’usage qui en est fait...

Car la grande partie de ces sommes empruntées a été mal placée quand pas tout bonnement dilapidée, l’endettement de la majorité de nos Etats Européens aux économies dites "intégrées" ( France, Italie, Espagne... ) n’ayant contribué à strictement aucune création de richesse susceptible, à son tour, de générer de la liquidité permettant de rembourser, au moins pour partie, ces ardoises. C’est du reste précisément la raison pour laquelle des questions inextricables pour certains pays (Grande Bretagne), existentielles pour d’autres (Grèce, Islande), se posent dès lors qu’il s’agit de re financer ces dettes avec, dès lors, une seule et unique alternative : s’endetter encore plus pour rembourser les seuls intérêts des dettes antérieurement contractées ! La quasi totalité des sommes colossales empruntées en Espagne, en Irlande ( tout comme aux Etats-Unis) n’ont-elles effectivement pas été coulées dans la pierre, c’est-à-dire dans des placements immobiliers totalement improductifs ayant tout au plus contribué à gonfler artificiellement les valorisations de biens ne générant en retour aucune richesse exploitable ? Le reste de ces sommes ayant connu des destins encore moins durables puisqu’ils n’ont permis qu’à se payer des biens de consommation périssables au lieu de s’investir dans des créations ou en faveur d’ améliorations d’usines et autres créations d’entreprise... Le boom des valeurs technologiques principalement favorisé par de l’argent factice (parce que emprunté) ayant porté les bourses vers des sommets vertigineux a-t-il seulement profité, ne serait-ce qu’à 10%, à une création de richesses et de productivité sur le long terme ? 

Aujourd’hui, le seul remède à ce mal endémique qui agit à la manière d’une rouille corrosive est de mettre nos économies au régime sec en y installant volontairement une spirale déflationniste qui purgerait cette dette hors du système ! Pour ce faire, une seule et unique politique - qui ne sera jamais appliquée parce qu’elle laminerait l’électorat de nos politiciens : les individus, les entreprises et même les pays ayant inconsidérément emprunté à des fins improductives doivent être acculés à la banqueroute. "Liquider le travail, liquider les actions, liquider les fermiers, liquider l’immobilier", c’était la solution radicale que préconisait en effet Andrew Mellon, Secrétaire d’Etat US au Trésor dans les années 1920 des Présidents Harding, Coolidge et Hoover, afin de "réajuster les valorisations" et permettre l’émergence de personnes compétentes ! Electrochoc qui, s’il avait été appliqué dès le déclenchement de la Grande Dépression, aurait évité la liquéfaction de la décennie suivante et bien d’autres malheurs ayant dominé cette période. Près d’un siècle a passé et nos Etats modernes (Etats-Unis, Europe) réitèrent les mêmes erreurs fondamentales en renflouant, en sauvant de la faillite, en injectant force liquidités et en encourageant ce type de comportements volages et peu conséquents plutôt que d’initier une bonne fois pour toutes une grande liquidation de l’endettement à même de rectifier le tir, stériliser le système et modifier les mentalités... Nos responsables ont donc raté une occasion unique dans le cadre de cette crise car il est aujourd’hui trop tard pour procéder à cette purge, nos économies étant parvenues à un point de rupture où ce type d’ajustement - aussi douloureux fût-il - devient inopérant.

De fait, les marchés monétaires étant parvenus à un point de saturation sans précédent, il ne sert plus à rien d’émettre des obligations (des emprunts) de 500 millions ou de 1’000 milliards en direction d’investisseurs - d’ores et déjà repus de papiers valeurs et qui ne sont donc plus preneurs tout comme il est impossible de baisser les taux d’intérêts en-dessous de zéro... Quelque chose va immanquablement craquer dans notre système traditionaliste et confortable du financement de la dette avec un impact évident sur notre train de vie ! Passe encore qu’un appel d’offre Espagnol pour des bons à 18 mois ait lamentablement échoué il y a quelques jours mais qui eut dit que même l’Allemagne puisse éprouver des difficultés à se refinancer sur les marchés ? La calamité la plus clémente qui puisse encore nous frapper serait une longue période de stagnation couplée à un remboursement graduel de nos dettes s’étalant sur plusieurs années...


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