Nous avons vécu au-dessus de nos moyens ! (suite)
par Professeur VaZlin’
jeudi 27 juillet 2017
Toutes les conneries qu’ils nous ont fait gober … et payer ! (3)
Les entretiens du Professeur VaZlin’. vazlin@laposte.net Le 26 /07/ 2017 N° 260
Hou là là ! Mon dernier article « nous avons vécu au-dessus de nos moyens » n’a pas plu à certains !
D’après eux, si je condamne la loi de 1973 qui oblige l’Etat à emprunter au privé c’est que je ne comprends rien à ce monde « moderne » de la finance !
Bref, je suis trop con !
Mais comme ceux qui me critiquent sont eux-mêmes financiers, je peux comprendre qu’ils verraient d’un très mauvais œil que nous autres citoyens exigions que l’Etat puisse emprunter à taux 0 directement à la BCE ! …. et que nous court-circuitions les banques privées, qui, seules, ont le droit de le faire pour nous prêter ensuite beaucoup plus cher !([i])
Alors, je vais leur en remettre une couche !
Passées leurs contorsions sémantiques, ces correspondants-critiques me clouèrent d’un argument imparable : avant 1973, quand l’Etat pouvait emprunter à la banque de France à taux 0, il avait tendance à abuser de cette possibilité, et ne pas tout rendre, d’où, inflation ! ([ii])
Inflation caca ! Il fallait impérativement la juguler ! Solution : emprunter au privé qui, lui, réclame toujours l’argent prêté. Tac ! Il faudra bien tout rendre !
Quel en fut le résultat ?
Sincèrement, connaissez-vous un préteur, (dont le prêt est garanti par un Etat), qui refuserait de « re-prêter » à cet Etat ?
Une banque privée qui aurait dit à la France : « vous voulez que je vous prête encore de l’argent ? Ah non, alors, vous n’êtes pas raisonnable ! vous m’avez déjà emprunté l’an dernier, Non ! Non ! n’insistez pas, je ne vous prêterai pas ! »
Non, un tel financier n’existe pas ! Plus t’en veux, plus il t’en donne. Résultat, le recours au privé sans limites, loin de juguler l’inflation l’a faite exploser !
Voilà, les chiffres : ([iii])
Années % Inflation
1965 2.5
1966 2.7
1967 2.7
1968 4.5
1969 6.5 gouvernement Pompidou
1970 5.2
1971 5.7
1972 6.2
Loi de 1973 9.2
1974 13.7 gouvernement Giscard
1975 11.8
1976 9.6
1977 9.4
1978 9.1
1979 10.8
1980 13.6
1981 13.4
1982 11.8 gouvernement Mitterrand
1983 9.6
1984 7.4
1985 5.8
Après 1973, quand l’Etat n’a plus pu se financer directement auprès de la Banque de France, l’inflation a explosé !
Quel préteur y aurait mis un frein ?! Empruntez, empruntez ! Vos enfants rembourseront ! C’est pour leur bien ! Nous, nous sommes comme Soros ([iv]) : des philanthropes !
Et la France a emprunté jusqu’à 17% ! Sans peur !
La France ? Au fait, c’était qui à l’époque ?
Filochardpidou, Mesmerbouldingue et Giscarquignol lequel, après avoir été ministre des finances est devenu président de la République jusqu’en 1981 !
Et bien, de 73 à 81, pendant ces 8 ans, il ne s’est pas rendu compte que, malgré sa loi, l’inflation était pire qu’avant ! 13 % au lieu de 5 % en moyenne auparavant !
Il ne l’a pas vu !
Moi, en 1973, j’étais un jeune scientifique, ni politique, ni financier, ni économiste, et moi non plus je n’ai rien vu ! Mais aujourd’hui, je prends le temps de comprendre et je vois bien que ces pieds nickelés m’ont plumé comme un poulet et que cette loi était vraiment faite pour que les banques privées se gavent !
Merci, et merci aux gouvernements suivants ([v]) d’avoir continué à faire le lit de la finance !
En attendant, je vous conseille ce court article de Jean Luc Schaffhauser ([vi]) que je cite :
Si la France avait choisi la finance et le remboursement des dettes à la sortie de la Seconde guerre mondiale, elle ne se serait jamais relevée. Si l’intérêt supérieur de la France n’avait pas été au-dessus du système financier pour privilégier l’économie réelle,…. jamais la France ne se serait hissée à la quatrième puissance économique mondiale avant 1970, si le Général de Gaulle n’avait pas mis la finance au service de l’économie du pays.
[i] https://www.lesechos.fr/24/03/2017/LesEchos/22411-130-ECH_les-banques-se-ruent-sur-le-pret-a-taux-negatif-de-la-bce.htm
jusqu'à -0,4 %, pour les banques qui reprêtent des montants suffisants, le taux est donc négatif, ce qui signifie qu'elles gagnent de l'argent en empruntant à la BCE.
En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/24/03/2017/LesEchos/22411-130-ECH_les-banques-se-ruent-sur-le-pret-a-taux-negatif-de-la-bce.htm#T1VKHVkvDBy7cFur.99
[ii] Quand la masse monétaire augmente plus vite que l’investissement auquel cet argent aurait du être destiné, le résultat est l’inflation et son corollaire la dévaluation pour corriger la valeur par rapport aux autres monnaies.
[v] Quand Mitterrand vint au pouvoir, une cinquantaine de députés socialistes demandèrent l’abrogation de cette loi. Pourquoi Mitterrand ne l’a pas fait, à vous de juger !