Nous votons tous pour notre déclin et notre asservissement

par Gilles Mérivac
samedi 6 avril 2019

La plupart des gens pensent qu'ils ont la possiblilté de donner leur avis uniquement quand ils déposent leur bulletin dans l'urne. En réalité, ils votent tous les jours.

La loi inéluctable de la concentration

Le progrès des sciences et des techniques vont généralement dans le sens de la complexité. Il y a deux cent ans, un agriculteur pouvait réparer facilement ses outils, alors qu'aujourd'hui c'est hors de question. Comme nous tous, il est donc entièrement dépendant de la disponibilité et du prix des machines dont il a besoin pour travailler.

Ce n'est pas un problème lorsque les échanges sont équitables et que chacun y retrouve son compte, les acteurs économiques sont tour à tour producteurs et consommateurs, c'est la base même du commerce. Mais la recherche de la productivité et du profit ne s'arrête jamais et conduisent inéluctablement à des concentrations d'unités de production et de capitaux de plus en plus grands, en déséquilibrant complètement les échanges.

En théorie, des lois existent permettant de lutter contre les monopoles, mais en réalité elles ne sont pas appliquées, parce que les nations n'ont plus les moyens de faire plier des multinationales qui gèrent des budgets souvent plus grands que la plupart des états, et d'aure part, ils risqueraient de mécontenter leurs électeurs qui sont drogués à la course de produits à bas prix.

C'est ainsi que l'on maintient un semblant de concurrence entre deux avionneurs, Boeing et Airbus, qui se partagent l'essentiel du marché mondial. Dans le domaine de l'éléctronique grand public, il y a peut-être une vingtaine de fabricants de premier plan, et dans celui de l'informatique, c'est le règne presque sans partage de Windows.

Le vote consumériste

L'immense majorité du public achète et utilise ces produits fabriqués en masse, parce qu'ils sont bon marché et faciles à obtenir en grande surface ou en ligne. Je ne jette la pierre à personne, j'utilise aussi Windows, parce que la standardisation permet d'installer un très grand choix de logiciels sans trop de problème de compatibilité, par exemple. Mais je constate que ces choix confortent la position dominante de ces méga entreprises et tuent toute concurrence.

L'omniprésence de la publicité permet d'atteindre des cibles vulnérables, comme les enfants et les adolescents. C'est souvent d'eux que vient la pression la plus grande car peu de parents ou de grand-parents peuvent résister à l'envie de leurs rejetons d'avoir le dernier smartphone ou la dernière tablette à la mode.

Tous ces achats sont des votes en faveur d'un système consumériste qui devient chaque jour de plus en plus puissants, qui nous impose ses volontés et se joue de nous en proposant des soldes ou des rabais où l'on voit des foules se battre sauvagement pour les obtenir. Nul doute que les organisateurs rient sous cape en comtemplant le spectacle.

Pour vendre toujours davantage, la durée de vie des articles est de plus en plus courte, ce qui lie encore plus l'acheteur à son fournisseur, tel réfrigérateur ou telle machine à laver qui durait vingt ans est hors d'usage au bout de dix ans. Changer rapidement de modèle est un autre procédé courant, on vous annonce avec le sourire que l'article n'existe plus, c'est tout juste si l'on ne vous traite pas de dinausore. Et en désepoir de cause, vous vous résignez à acheter le nouveau modèle. Et vous avez encore voté.

Cela m'amuse toujours d'entendre les gens dire qu'ils sont contre le capitalisme et l'oligarchie financière, alors que par leurs actes même, ils confortent ce système.

Le retour éternel des empires

L'humanité est programmée génétiquement pour essayer de dominer, c'est dans sa nature et nous n'y pouvons rien. Les formes ont cependant changé à travers le temps la force brute de domination par les armes existe toujours, mais progressivement la domination économique est venue au devant de la scène, et est maintenant prépondérante.

Depuis la fin de la dernière grande guerre, les USA se sont imposés comme le maître du jeu. Leur puissance économique et militaire leur ont permis d'imposer leur monnaie dans les transactions internationales, ils ont attirés les meilleurs chercheurs dans leurs universités et entreprises, qui en retour assuraient la prééminence de la technologie américaine dans tous les domaines.

Ce règne sans partage touche cependant à sa fin, la Chine se pose de plus en plus en rival sérieux, car le standing américain est incompatible avec la productivité exigeante qui est maintenant standard. Avec l'aide de millions de travailleurs très pauvres, l'empire chinois taille des croupières au géant américain. Ses usines inondent le monde entier d'articles de qualité variée et ses centres de recherche n'ont plus grand-chose à envier à ceux du MIT ou d'Harvard. Elle se paye le luxe d'attirer les savants étranger en leur donnant de bonnes conditions de travail, et en les laissant tranquilles.

Le fait que son système soit étatique ne change rien, car ses dirigeants ont compris que la puissance économique était d'abord due à la concentration des capitaux, c'est-à-dire en clair au capitalisme !

La chute de la maison France

Dans ce gigantesque jeu d'échecs, quel peut être le destin de notre pays, et même celui de l'Europe ?

Nous n'avons pas les capacités financières suffisantes pour atteindre la taille mondiale des grands groupes industriels, le ticket d'entrée est trop élevé. Je doute même fortement que l'Europe elle-même puisse y parvenir.

Et même si nous avions ces ressources, le différentiel de niveau de vie avec les travailleurs asiatiques nous interdiraient d'être compétitifs. L'automatisation ou la robotisation n'arrangeraient rien non plus, car des milliers d'emplois seraient quand même perdus de cette manière. Nous devons donc nous attendre à un déclin irrémédiable de notre industrie, et nous sommes obligatoirement parmi les perdants de la mondialisation. Ce n'est pas l'intérêt des gagnants de ne laisser aucun espoir aux autres, il va donc nous rester quelques commandes à honorer, mais ce sera vraiment le minimum.

Tout cela, nos élus le savent parfaitement, ils sont conscients que rien ne peut vraiment améliorer notre situation économique. Comme ils sont réalistes, ils vont donc d'abord profiter de leur situation pour mettre du beurre dans leurs épinards, puis accessoirement essayer de retarder le plus possible la déchéance.

Ils vont donc se raccrocher à l'Europe comme un noyé à sa planche, car c'est la BCE qui permet de vivre à crédit et de financer toutes les promesses, ils sont dont obligatoirement européistes. C'est une situation précaire qui finira évidemment par la ruine des épargnants et l'appauvrissement de tous. Pour les élections européennes le critère économique est le moins pertinent puisque tous proposeront plus ou moins la même chose. C'est évidemment sur les sujets Voldemort, ceux "dont il ne faut pas parler où la différence est nette. Mais cela est une autre histoire.


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