On a marché sur la thune
par olivier cabanel
mercredi 4 juillet 2012
De l’Islande au Venezuela, des peuples commencent à se révolter contre les banksters, et on se demande quand, notre président qui « n’aime pas les riches », prendra des décisions contraignantes sérieuses contre ceux qui tentent de garder le contrôle mondial des états.
La personnalité souvent décriée d’Hugo Chavez, maitre du jeu au Venezuela, ne doit pas faire oublier qu’il a été élu par 3 fois au suffrage universel, et le fait qu’il en dérange quelques-uns ne doit pas occulter sa courageuse lutte contre les banques.
Il se dit prêt à nationaliser des banques et des sociétés vénézuéliennes, qu’il accuse de soutenir l’opposition dans le but de déstabiliser son pays, rappelant que la loi oblige ces établissements financiers, notamment les banques Banesco, Mercantil et Provincial, à participer au financement des programmes et projets gouvernementaux. lien
On se souvient que dès son arrivée au pouvoir, en 1999, il avait nationalisé de nombreuses sociétés, dont celles qui œuvraient dans l’extraction du pétrole et de l’or. lien
René Balme, maire de Grigny et candidat malheureux aux dernières législatives pour le compte du Front de Gauche, a récemment rappelé que la BCE (banque centrale européenne) est totalement indépendante du pouvoir politique, et à débloqué en décembre 2011, 489 milliards d’euros pour renflouer 523 banques européennes, milliards dont l’origine n’est pas totalement établi, le FMI ayant du être mis vraisemblablement à contribution.
Pendant ce temps, de nombreux pays européens au bord de la faillite, sont « soutenus » par les banques, qui leur prêtent, moyennant un taux de 7 ou 8%, de l’argent qu’elles ont obtenu au taux de 1%. lien
Dans un documentaire de 20 minutes, Paul Jorion fait l’historique passionnant de l’histoire financière de cette Europe en crise, s’attachant particulièrement à décrire celle de l’Angleterre. lien
Déjà en 1934, Graham F Towers, directeur de la Banque du Canada, déclarait : « chaque fois qu’une banque accorde un prêt, un nouveau crédit bancaire est créé, ce sont de nouveaux dépôts- de l’argent entièrement nouveau », ce que confirmait le banquier Mayer Anselm Rothschild : « donnez moi le droit d’émettre et de contrôler l’argent d’une nation, et alors peu m’importe qui fait ses lois. »
Comme le rappelle Paul Grignon dans son film d’animation : « l’argent de la dette », "l’argent s’est fait dette, et s’il n’y avait pas de dette, il n’y aurait pas d’argent".
Dans ce film drôle et pédagogique, il faut découvrir la « fable du vieil orfèvre », qui démonte tout le mécanisme qu’il y a entre l’or déposé, remplacé par le billet, et finalement l’intérêt pris par le banquier vis-à-vis de ses emprunteurs sur de l’argent qui ne lui appartient pas.
La démonstration est efficace : afin d’éviter trop de poids dans sa poche avec des pièces d’or, son propriétaire va voir l’orfèvre, lui laissant son or en échange d’un reçu, reçu qui deviendra plus tard le fameux « billet de banque », puis l’orfèvre gérant cet or, prélève un petit pourcentage, en échange de ses services, pourcentage qui deviendra un taux de prêt, lorsque quelqu’un viendra lui emprunter de l’argent. lien
Mais trop d’argent papier a été imprimé : il est probable que si tous les déposants allaient, le même jour, réclamer ce qui leur appartient, les banques seraient contraintes de déposer le bilan, et il serait impossible de fournir assez d’or pour rembourser les déposants.
Depuis un siècle, de Milton Friedman à Irvin Fisher, en passant par Maurice Allais, ces experts es-science économique, n’ont cessé de dénoncer cette escroquerie.
Aujourd’hui, on comprend mieux pour quelles raisons la dette des gouvernements, des entreprises, et des ménages atteint des proportions astronomiques, et gonfle démesurément jour après jour.
La dette publique est donc montrée du doigt, et ce n’est pas une nouveauté.
Elle n’a en effet pas cessé de grimper depuis 2001 et atteint aujourd’hui des sommets.
En 10 petites minutes, ce film démonte avec habileté son mécanisme inéluctable.
Paul Douglas qui enseignait il y a plus de 20 ans l’économie à l’Université de Chicago affirmait déjà, contre l’avis de ses collègues : « ils croyaient que les décisions du marché étaient toujours bonnes, et les valeurs du profit au-dessus de tout. Leur doctrine anti-interventionniste avait pour effet pratique de dégager la voie pour les grosses entreprises. Ils balayaient les inégalités de pouvoir, de savoir et de revenu, les réalités du monopole, du quasi-monopole ou de la concurrence imparfaite, en les traitant comme quelque chose de subalterne ou d’inexistant ».
Le blog « fauxmonnayeurs.org » enfonce le clou : « depuis 1973 et en application depuis 1974, puis entériné par l’article 104 du traité de Lisbonne, l’Etat a supprimé le recours à l’émission de bons du trésor (emprunt d’état, exempt d’intérêts) puis s’est interdit toute création monétaire en interdisant tout recours à l’emprunt auprès de sa banque centrale à travers le traité européen et ceci pour tous les états européens. Cet état de fait, malicieusement déguisé, rend tout investissement « hors de prix ». Ainsi nous sommes assis sur une montagne de dettes artificielles dont les conséquences sont dramatiques : diminution générale du pouvoir d’achat, extension de la pauvreté et misère absolue pour une majeure partie de la population terrestre ».
Alors, comme le conclut René Balme : « l’état paye un intérêt à un système bancaire privé pour l’usage de sa propre monnaie, qu’il pourrait émettre lui-même, sans intérêt ».
Au delà de l’exemple Vénézuélien, on peut aussi s’intéresser à la nouvelle situation de l’Islande, qui malgré sa faible densité (307 672 habitants), donne un exemple dont l'Europe pourrait s'inspirer. lien
La population interrogée par référendum a répondu à 93% "non au remboursement des banques", nationalisant ces dernières.
Mettant dans le même sac les responsables politiques corrompus et les banksters, lançant des mandats internationaux pour mettre en prison ceux d’entre eux qui ont pris la fuite, notre pays pourrait regarder de plus près cette nouvelle et paisible révolution.
L'Islande a terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1%, de quoi faire des jaloux. lien
En juin 2011, Manuel Barroso, que l’on ne peut qualifier de dangereux gauchiste, commissaire en chef européen, proposait de taxer les transactions financières, reprenant judicieusement la proposition faite en 1972 par James Tobin, idée qui n’a pas rencontré un avis favorable auprès des banques (lien) et on se si notre nouveau président tiendra la promesse faite en février dernier de prélever une taxe sur l’ensemble des transactions financières, la TTE. lien
Le dernier sommet européen semble avoir fait une avancée significative dans ce domaine, puisque 9 pays (l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, l’Autriche, la Finlande, la Grèce, et le Portugal) se sont déclarés favorables à cette TTE pour fin 2012 (lien) ce qui rend possible cette mesure, puisque, dans le cadre d’une coopération renforcée, il faut au minimum que 9 pays y soient favorables. lien
Cette taxe, si elle est appliquée à un taux de 0,1% aurait rapporté en 2006, 60 milliards d’euros. lien
Voila qui pourrait résoudre le nouveau problème qui s’offre à François Hollande, à qui la Cour des Comptes vient d’apprendre qu’il doit trouver 33 milliards d'euros pour 2013. lien
Elle prône une rigueur extrême pour redresser les finances publiques de la France, au risque de lui faire perdre sa crédibilité auprès de ses partenaires de l’union européenne, et de perdre la confiance des marchés. lien
L’heure n’est donc pas à l’optimisme.
Pierre Jovanovic parle aujourd’hui d’une chute programmée du système financier qui est en train de se dérouler en ce moment.
Dénonçant en vrac le fait que nous ne pouvons plus vivre aujourd’hui si nous n’avons pas un compte bancaire, la désinformation totale, rappelant que c’est la faillite des banques qui a mis Hitler au pouvoir, Pierre Jovanovic décrit avec obstination et colère ce qui nous attend pour les prochaines années. lien
Alors que les cours de l’or et de l’argent ne cessent de monter, et que l'Euroepe tente de relancer la croissance par un pacte dont on peut douter de l’efficacité, le pire est peut-être en effet en train de se préparer, ce qui doit surprendre Christine Lagarde, nouvelle patronne du FMI, elle qui affirmait pourtant en 2007 : « le gros de la crise est derrière nous ». lien
Pas de doutes, le fonds monétaire international a choisi, pour le représenter, une experte.
Comme dit mon vieil ami africain : « le monde flatte l’éléphant et piétine la fourmi ».
L’image illustrant l’article provient de « debtonation.org »
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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