Pan sur le Bec pour la SNCF !

par ÇaDérange
samedi 14 novembre 2009

La SNCF n’a pas de chance. A trop en demander, on peut s’attirer finalement des réponses désagréables.

Ainsi en est-il des critiques émises maladroitement par les responsables de la SNCF sur le cout du passage sur le réseau ferré français et sur son augmentation au fil des ans. Comme si la SNCF à la mémoire courte avait oublié qu’elle avait été sauvée de la faillite par la décision de gouvernement de l’époque et des parlementaires de séparer la SNCF ancienne en deux entités, l’une héritant du réseau et des dettes (27milliards à ce jour) RFF et l’autre, la SNCF nouvelle,allégée de ses dettes et supposée pouvoir enfin rentabiliser l’exploitation, le tout au frais ....des contribuables.

Alors, considérer comme Monsieur Azema, Directeur Général en charge de la stratégie, que "C’est logique que l’Etat paye car celui qui a voulu le réseau actuel, c’est le Parlement", c’est oublier que les français,-car l’Etat ce sont les français-, payent déjà et depuis longtemps et surtout ne voient pas venir l’allègement de leur fardeau. Et qu’ils ne voient pas pourquoi ils devraient éternellement financer une société et son personnel qui, même débarrassée de ses dettes, n’est pas parvenue en plus de dix années à devenir largement bénéficiaire. Considérer comme le fait Monsieur Azema, que "c’est une vue de l’esprit de dire que le système ferroviaire peut s’autofinancer" est tout bonnement scandaleux.

Monsieur Bussereau, Secrétaire d’Etat en charge des transports, lui a répondu à l’occasion d’une audition par les Commissions des Finances et du Développement durable qu’il n’était pas question de remettre en cause la hausse des péages car elle est essentielle à l’effort de rénovation et régénération du réseau nécessaire pour diminuer les émissions de l’activité transport en France. Et que donc il appartenait à la SNCF de travailler sur l’augmentation des recettes par le développement commercial et une politique de prix adaptée et sur la productivité de son exploitation.Une suggestion qui rejoint celle que je faisais moi même dans un message du 22 octobre dans lequel je m’étonnais qu’aux tarifs pratiqués dans certain cas, la SNCF puisse ne pas vendre à perte.

Autre "Pan sur le bec comme on dit au Canard Enchainé", la critique par l’Autorité de la Concurrence de l’attitude de la SNCF pour freiner voire empêcher la concurrence en conservant la haute main sur l’exploitation des gares. Car dans le partage des actifs de la SNCF ancienne entre RFF et la nouvelle SNCF, celle ci avait conservé la propriété des gares. Or dans un système ferroviaire ouvert comme celui qui se met en place, conserver la maîtrise des gares permet, aidée par des syndicats viscéralement opposée à toute concurrence, de dresser toutes sortes de barrières à l’arrivée des nouvelles compagnies. Un peu comme si l’aérogare de Roissy était encore exploitée par Air France !

La dite autorité avait suggéré que la SNCF filialise la gestion des gares dans une société indépendante, ce qui outre la facilitation de l’accueil des passagers des nouveaux entrants, aurait permis également de les transformer en galeries commerciales attractives comme c’est le cas désormais dans beaucoup de gares dans le monde. Croyez vous que la SNCF entendit cette suggestion ? Que nenni ! Elle décida simplement que la gestion des gares deviendrait une entité séparée mais toujours au sein de la SNCF et reportant au directeur général. Une manière d’ignorer de manière sans doute trop démonstrative ces recommandations et de donner corps aux inquiétudes de la concurrence actuelle ou futures.

Autre plainte anti concurrentielle, celle de la Deutsche Bahn qui s’étonne que la SNCF puisse, comme elle vient de le faire, demander officiellement à bénéficier de "sillons" Outre Rhin pour opérer des liaisons de voyageurs inter-régionales à partir de fin 2011 alors qu’elle même ne pourrait bénéficier de la contrepartie. L’Allemagne en effet a décidé de libéraliser le transport inter-régional de voyageurs après l’avoir fait pour le transport régional, ce qui permet à Kéolis, filiale de la SNCF, d’avoir déjà une présence significative en Allemagne et de bientôt pouvoir l’augmenter dans le domaine inter-régional. En sens inverse, pas de libéralisation semblable en France et donc d’une possible réciprocité pour la Deutsche Bahn.

Dernière plainte,celle des Chemins de Fer italiens( Ferrovie dello Stato, FS) qui doivent ouvrir dès l’ouverture du marché français à la concurrence le 13 décembre une ligne Rome Milan Paris et qui s’étonnent, disent-ils, de la difficulté à obtenir toutes les autorisations. Peut-être s’agit-il d’intox de la part de FS mais comme dans la fable sur Pierre et le Loup, la crédibilité de la SNCF en terme de réceptivité à l’ouverture à la concurrence étant très limitée, il lui est difficile d’être cru quand elle objecte de limites techniques des matériels de Trenitalia.

A suivre sans aucun doute...   


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