Panem et circenses

par Michel Santi
jeudi 30 décembre 2010

En économie, la fin justifie-t-elle les moyens ? En d’autres termes, suffit-il d’être cynique (là aussi ?) et d’affirmer qu’il est bon de faire feu de tout bois tant que l’activité économique repart au risque d’ignorer décence et morale ? L’économie ne saurait se payer le luxe d’être amorale car elle virerait – et, de fait, elle vire - dès lors immédiatement en direction de l’immoralité. C’est ainsi que certains économistes et non des moindres (comme Paul Krugman entre autres…) estiment qu’à circonstances exceptionnelles remèdes d’exceptions et que la grave crise financière actuelle requiert de tolérer certaines mesures contestables si tant est qu’elles ont des retombées positives sur la croissance… Le pragmatisme exigerait ainsi de fermer les yeux et d’admettre que certains moyens pour le moins controversés puissent avoir des effets positifs et tant pis, ma foi, pour la morale qui s’en offusquerait. 

Après tout, les défenseurs de cette amoralité ne sont-ils pas confortés dans leur thèse par l’illustre exemple de la Grande Dépression ayant été éradiquée par le déclenchement de la deuxième guerre mondiale ? C’est ainsi que ces partisans d’un Keynésianisme forcené partent du principe qu’il est impératif aujourd’hui de consommer à outrance afin de relancer l’activité et ce même si cette dépense est superflue et nullement justifiée par les besoins individuels. Selon les ardents défenseurs de cette thèse n’ayant plus rien à voir avec les enseignements originels de Keynes, la dépense représente la solution ultime à nos maux et peu importe si cette richesse ainsi induite est l’effet collatéral de la destruction ! La guerre serait donc moralement acceptable pour peu qu’elle aboutisse à la croissance… 

Dans un tel monde glacé, les statistiques économiques et autres Produits Intérieurs Bruts sont érigés au rang de divinités et la création de milliers de milliards de dollars virtuels est justifiée par le rétablissement totalement artificiel – et bien-sûr provisoire – de la croissance et de l’emploi. L’objectif étant d’instaurer une richesse purement et simplement en trompe l’œil, voire une illusion de richesse. Les générations futures n’auront qu’à rembourser nos excès d’aujourd’hui car seul l’instant présent compte en effet tout comme il est peu important de savoir à quoi l’on dépense tant que l’on consomme… 

Employer des travailleurs pour combler les trous qu’ils ont préalablement creusés ou pour manufacturer des bombes qui pulvériseront des populations à l’autre bout du monde sont ainsi des solutions acceptables si elles réduisent le chômage et rétablissent le P.I.B…. Non : toutes choses ne sont pas égales et il est préférable de rester enlisé dans une récession que de devoir notre prospérité fallacieuse à des artifices immoraux.


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