Parachutes dorés : cadeaux !

par Voris : compte fermé
vendredi 31 octobre 2008

Le journal Marianne avait raison de titrer "Parachutes dorés : Sarkozy ne tient pas sa promesse" déjà le 8 juin 2007. Alain Souchon a bien fait d’en faire une chanson "coup de gueule" à l’occasion de son dernier album et de la diffuser gratuitement. Car ce qui s’est passé à l’Assemblée ce jeudi 30 octobre confirme la contradiction complète entre les promesses de Sarkozy et la réalité de son action politique.

Les parachutes dorés, ces indemnités de départ des dirigeants versées en plus des indemnités légales, et souvent dans des proportions très exorbitantes et non méritées, étaient au cœur de la campagne du candidat Sarkozy qui déclarait le 29 mai dernier 2007 au Havre, après son élection : "La pensée unique ne croyait pas à l’interdiction des parachutes dorés. Cette interdiction je l’ai promise et je la mettrai en œuvre". Et, bien qu’il ait martelé ensuite plusieurs fois le slogan "Ce que je dis, je le ferai", il n’a pas touché aux parachutes dorés depuis. Mieux, après un nouveau coup de bluff à l’occasion des affaires récentes en pleine crise financière et qui ont choqué l’opinion publique par le niveau de traitement que s’octroient certains patrons, il a ordonné à son gouvernement de bloquer la réforme.

Par l’intermédiaire de son dévoué ministre du Budget, Eric Woerth, le président Sarkozy a sommé les députés de ne pas taxer tous les parachutes dorés, ni les stock-options ni les actions gratuites ni les retraites chapeaux. De même, les représentants élus de la nation ont dû renoncer à soumettre ces sommes au nouveau forfait social de 2 % à la charge des employeurs. Les députés, qui avaient adopté toutes ces mesures en commission, ont dû donc se plier une fois encore à l’omnipotence de leur chef.

Alors que le rapporteur du texte de loi, Yves Bur (UMP), proposait un amendement qui donnait l’occasion au président de montrer qu’il respecte sa parole, Eric Woerth a fait voter une version très édulcorée de cet amendement : seuls les parachutes dorés des plus hauts dirigeants seront taxés (ceux qui sont supérieurs à un million d’euros).


Après le "vote" (guillemets indispensables désormais...), Yves Bur marquait sa déception : "Toutes ces formes de rémunération appartiennent encore à l’ancien monde. Il y a des questions d’éthique qui me paraissent importantes et c’est ce que j’ai voulu marquer". Eh oui ! "L’ancien monde", celui d’avant la grave crise financière, est toujours aux manettes et c’est toujours lui qui décide ! Quant aux "questions d’éthique", elles n’ont pas cours à l’ère du capitalisme qui se veut encore triomphant. On dissipera vite cette fâcherie par de nouveaux grands coups médiatiques dont les Français sont si friands...

Pas de changement donc ou très peu. Pourtant, il y a trois semaines, tout était devenu urgent. La volonté intransigeante de l’Elysée justifiait un projet de loi précipité pour supprimer les parachutes dorés. Sans attendre les recommandations du Medef et de l’Association française des entreprises privées (Afep), le chef de l’Etat s’engageait à corriger les abus. Toutefois, Nicolas Sarkozy commençait à montrer de l’hésitation dans le discours. Il faut dire que la campagne est loin derrière et la prochaine encore loin devant. Du coup, cela ne donnait plus que ceci : "Ou bien les professionnels se mettent d’accord sur des pratiques acceptables, ou bien le gouvernement de la République réglera le problème par la loi avant la fin de l’année" (discours de politique économique prononcé à Toulon). Et manifestement, Sarkozy a décidé de faire entièrement confiance aux patrons pour régler cette affaire entre eux !

Or, la présidente du Medef a elle aussi bluffé. Le 25 septembre sur France Inter, elle déclarait : "Dans les prochains jours, avait-elle déclaré, le comité éthique du Medef va recommander la suppression des parachutes dorés." Cette annonce avait été répandue dans tous les médias et les Français avaient pris cela pour argent comptant - sans jeu de mots. Il s’agissait seulement d’une manœuvre tactique du Medef pour éviter un texte de loi sévère et pour garder seul la main sur cette question. D’ailleurs, on entendit, dès le lendemain, Mme Parisot déclarer sur la chaîne payante Canal+ : "Aucun dirigeant ne doit toucher des indemnités de départ s’il a échoué ou mis en difficulté son entreprise, ou encore s’il démissionne". Comme Sarkozy, le mot "suppression" avait été... supprimé de son vocabulaire !

On sait donc désormais à quoi s’en tenir. Et la chanson de Souchon est appelée à un long succès tant elle sera encore d’actualité dans de nombreuses années...

Parachutes dorés : à écouter sur Dailymotion

Parachutes dorés à télécharger gratuitement sur le site officiel du chanteur :
dès l’intro du site, Alain Souchon explique sa démarche avec ses mots à lui.

Article : "Parachutes dorés : Sarkozy ne tient pas sa promesse, Marianne 8 juin 2007"


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