Parlons gros sous !
par Brath-z
jeudi 17 novembre 2011
"La dette, la dette, la dette", entend-on un peu partout, admonestation généralement accompagnée d'un "nous ne pouvons pas vivre sur le dos des générations futures" de bon aloi dans notre monde rationaliste pétri de croyance millénaristes.
Pourtant, ce "problème de la dette publique" se résume à fort peu de choses, et si le discours dominant impose le parallèle douteux de la "bonne gestion d'un foyer" et "l'urgence de la situation", il y a, ma foi, bien d'autres approches, qui ne bénéficient pas de la même promotion.
Petit état des lieux accompagné de conseils sur l'action à mener et d'une délégitimation de l'idée même de "dette publique", "dette souveraine" ou "dette d'état".
Jusqu'à présent, sur la question de la "dette publique", plusieurs approches ont été envisagées par les responsables politiques, toutes présentant certains inconvénients :
- la rigueur budgétaire : préconisée par "l'arc central" UMP-ARES-MoDem-EELV-PS
- l'augmentation des recettes fiscales : préconisée par le FdG, l'extrême-gauche et le MRC
- le moratoire : préconisé par le FdG, le MRC, DLR et le FN
- le désaveu : envisagé par le FdG et le FN, préconisé par le POI
Notons que la première approche est omniprésente dans le discours médiatique ambiant, et si la seconde parvient parfois à se faire une petite place ici où là, les deux dernières sont délégitimées par avance à peine sont-elles esquissées.
La meilleure solution à court terme serait un moratoire, la nomination d'une commission exceptionnelle d'examen de la dette souveraine et enfin, sur la base de cet examen, une réévaluation unilatérale de la dette. Évidemment, ce serait une solution qui ferait "mal voir" la France sur "les marchés", notamment par les fameuses "agences de notation". Pour éviter d'avoir à subir à terme des conséquences néfastes de cette décision (l'agression par le système bancaire), je ne vois que deux alternatives sur les moyen et long termes :
- la sortie pure et simple du système de la dette : la récupération par l'état du monopole de la création monétaire (au risque de l'inflation... encore que ce "risque" puisse parfois être une bénédiction !)
- l'assumation du système de la dette : puisque le système de la dette n'a pas pour objectif de garantir la prospérité collective mais d'entretenir une certaine "stabilité monétaire" au prix d'une rente instituée des institutions bancaires et financières, il faut contraindre le service de la dette afin qu'il soit considérablement réduit, et empêcher par une "règle d'or" que le remboursement de la dette dépasse un certain seuil du budget (3% ?)
C'est que le concept même de "dette d'état" n'a aucun sens. "Dette" veut dire qu'il y a obligation d'un remboursement suivant des modalités définies... or ces modalités, par définition, elles sont déterminées par les entités souveraines, détentrices exclusives de la violence légitime, afin de s'appliquer aux différents acteurs. Par conséquent, une entité souveraine (la Nation, par exemple) peut tout à fait décider légitimement qu'ayant exigé une aide de tel ou tel établissement, elle n'a aucune compensation à faire en contrepartie, étant donné qu'elle a agi dans l'intérêt général, lequel ne peut être mit en balance avec des intérêts privés, fussent-ils la réunion de tous les établissements bancaires et de crédits du monde.
On dit que la situation actuelle est la faute des états. Oui, c'est vrai : c'est la faute des états qui prétendent qu'il y a une "dette" à rembourser alors que c'est faux. Il n'y a aucune obligation d'un "remboursement" quelconque. Il n'y a qu'estimation, au regard d'un rapport de force et des nécessités de l'état de garantir l'intérêt général, d'une éventuelle compensation, qui n'est pas forcément en adéquation avec le "prêt" consenti au départ, afin de ne pas faire purement et simplement disparaître des établissements qui ont leur utilité, mais qui peuvent dans l'absolu être sacrifiés si les circonstances l'exigent.
D'où ce que j'appelle "l'assumation du système de la dette" : l'état "emprunte" mais contraint le service afin qu'il soit réduit voire nul (pourquoi pas ?!), et s'engage à ce que le "remboursement" de ses "dettes" ne prenne pas une telle place qu'il grève le budget (car oui, si on a des budgets déséquilibrés, ça reste pour une grande part à cause de l'expansion exponentielle du poste du remboursement de la dette, dont la légitimité est plus que sujette à caution).
Sans oublier le fait, bien sûr, que cette "dette" est beaucoup plus réduite qu'il n'y paraît, puisque la comparaison avec le PIB annuel est absurde (il faudrait comparer avec la richesse produite pendant la durée sur laquelle les titres de dette courent, qui est bien plus grande qu'une unique année).