Patriotisme économique et nationalité des entreprises

par ÇaDérange
jeudi 2 novembre 2006

L’attribution du marché des trains de la banlieue parisienne a donné une occasion de plus à nos hommes politiques de se mettre en avant dans les médias soit pour défendre le système des appels d’offre et son vainqueur Bombardier, soit pour s’offusquer au contraire que le contrat ne soit pas allé automatiquement à Alstom.Vous avez peut être noté que le PDG d’Alstom n’avait pas éprouvé, lui, le besoin de s’offusquer du résultat des courses. Il est vrai qu’il était en Chine pour signer le contrat de vente de cinq cents locomotives à ce pays...

La vigueur des interventions a suscité de la part de Bombardier une mise au point dans la presse, pour préciser que Bombardier Transport avait son siège mondial à Berlin, dans l’Union européenne donc, qu’elle était implantée industriellement en France, à Crespin dans le Nord, où elle avait repris en 1989 les Ateliers du Nord de la France(ANF) ), à l’époque le second du transport ferroviaire en France. Qu’elle ne réalisait qu’un petit pourcentage de son activité sur la continent nord-américain et que sur 28 000 employés dans le monde, 21 000 l’étaient en Europe. De plus son PDG est un Français, un ancien d’Alstom d’ailleurs. Je suis allé vérifier sur le site de Bombardier pour confirme ces informations. Une petite précision néanmoins, Bombardier a également une branche aviation (jets d’affaires et avions de cent places) aussi importante que la branche transport, et c’est le PDG de cette branche qui gère l’ensemble du groupe.

Ce sont donc, en fin de compte, les salariés de Bombardier à Crespin qui bénéficieront de ce contrat plutôt que ceux de Belfort d’Alstom, si c’est la nationalité des travailleurs qui importe dans l’annonce du vainqueur de ce marché.

J’ai eu l’occasion de faire un article en date du 8 juin 2006, justement intitulé "Droit du sol ou droit du sang", pour essayer de définir comment juger de la nationalité d’une société. Il reste pertinent aujourd’hui, et je vous invite à le relire. Différents paramètres y étaient envisagés pour définir cette nationalité, comme la nationalité des dirigeants, la localisation du siège social, celle des usines, l’histoire ’une entreprise ou encore la nationalité de ses actionnaires, critère en principe le plus pertinent dans la mesure où on peut la connaître précisément. Exemples et contre-exemples montraient qu’à l’époque de la globalisation des marchés et des entreprises, il est impossible d’assigner une nationalité précise et permanente à des sociétés, et que ce que nous en voyons n’est en fait qu’une nationalité perçue.

Nos hommes politiques ont encore perdu une bonne occasion de se taire...


Lire l'article complet, et les commentaires