Patron !

par verel
lundi 11 septembre 2006

Jean Martin FOLZ, PDG du groupe PSA, vient d’annoncer qu’il partirait en retraite à 60 ans, soit au début 2007, créant la surprise pour Le Monde et Le Figaro.

Mes premières réactions furent doubles :

 Enfin un patron capable de ne pas s’accrocher à son pouvoir le plus longtemps possible

 Partir en retraite à 60 ans pour un PDG, ce n’est pas donner l’exemple de la nécessaire prolongation de la vie active pour payer les retraites.

Sur ce deuxième point, l’examen de sa carrière montre qu’il est probablement entré à Polytechnique fin 1966. Cette école, puis l’Ecole des mines qu’il a faite ensuite au sein du corps de mines, rémunérant ses élèves : il doit avoir formellement ses 40 ans de cotisation. Sa présentation sur le site de PSA dit cependant qu’il a commencé sa carrière professionnelle en 1972. Il bénéficie donc d’un système particulier de comptabilisation de sa formation, assez normale pour son passage au corps (l’essentiel de la formation étant constitué de deux stages d’un an, avec des responsabilités importantes), beaucoup moins pour les années à Polytechnique. Il est vrai que ses horaires de travail hebdomadaires doivent être tels qu’il aura plus travaillé malgré tout que la plupart des retraités.

A la fin des années 1990, une équipe de l’ANACT intervenant chez Peugeot avait montré que les salariés des chaînes de montage étaient atteints en vieillissement lié à différents troubles provoqués par leur travail, notamment les troubles musculo-squelettiques. La conclusion des membres de la direction était qu’il fallait solliciter de nouveau l’État pour les mettre en pré-retraites par l’intermédiaire de la CATS. Folz, estimant que ce n’était pas une solution durable, décida de l’embauche d’environ 60 ergonomes en trois ans, pour étudier et aménager les postes de travail, rattrapant ainsi le retard accumulé dans ce domaine par rapport à Renault.

Je reviens au premier point. J.-M. Folz a remplacé J. Calvet en octobre 1997, après un an de direction de la branche automobile. Il aura donc dirigé le groupe pendant près de dix ans. Je suis vraiment convaincu qu’il est sain de passer la main au bout d’un tel laps de temps, et je me demande comment ceux qui restent plus longtemps peuvent continuer à agir avec pertinence.

Après de nombreux succès, le patron de Peugeot voit les résultats se dégrader, au point qu’il a créé un groupe de travail il y a un an pour regarder si sa stratégie était encore efficace. Il sera évidemment plus facile pour son successeur que pour lui d’adapter ou de revoir complètement cette stratégie si nécessaire.

L’un de mes collègues a été dans une « vie antérieure » un des proches collaborateurs de J.-M. Folz et en a gardé le souvenir d’un homme profondément humain. Un de mes cousins travaillant chez Peugeot a eu l’occasion de faire une présentation devant lui et d’autres dirigeants. Il était le moins haut gradé autour de la table, mais il a beaucoup apprécié que son PDG ait fait l’effort de venir le remercier personnellement à la fin de la réunion. Ce sont des choses comme celles-ci qui font qu’un dirigeant, qui par ailleurs fait réussir son entreprise, est apprécié de ses cadres.

J’ai moi-même assisté à une réunion publique où le patron de PSA expliquait son intérêt pour les biocarburants (il faut dire qu’il a été sucrier...) et montrait comment il avait poussé ses ingénieurs à concevoir un pot catalytique pour le diesel.

On peut ne pas aimer les patrons par principe. Je pense que notre pays aurait besoin d’en avoir plus ayant les qualités de J.-M. Folz.


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