Polémique : la loi Rothschild - Pompidou de 1973

par yoananda
samedi 7 janvier 2012

La polémique sur cette loi est devenue un débat public. Beaucoup de choses ont été dites CONTRE cette loi, notamment ici. Des choses fausses pour la plupart. S'il y a arnaque bancaire, l'arnaque est ailleurs. Et ne pas se tromper de cible me parraît primordial...

J’ai dû donc faire des recherches plus poussées pour savoir qui disait vrai ou pas, d’où mes articles préliminaires :

Ces articles montrent deux choses : la dette est un outil de création monétaire tout à fait “normal” (dans un monde capitaliste du moins) qui suit les lois du marché qui fixent les taux d’intérêts. Les banques sont des intermédiaires de la création monétaire pour le compte des états, des entreprises et des ménages. J’insiste bien là dessus, les banques sont des intermédiaires. Elles se rémunèrent sur le différentiel de taux d’intérêts.

Les fadaises

Sachant ce que je viens d’expliquer, les vidéos suivantes qui font partie de la polémique sont à évacuer :

L’argent dette de Paul Grignon : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=kgA2-bWXSN4

Grignon explique le ration de Cooke, qui est obsolète aujourd’hui et fait la même erreur que tous les autres : il oublie que les banques sont des intermédiaires. Il croit que tous les intérêts vont dans les coffres de Rothschild, ce qui est faux. C’est un argument fallacieux.

Dans le même genre : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=8SzswKbmBm0

Il est dit que la loi n’a pas jugulé l’inflation. C’est faux. Pourquoi ? car il faut séparer l’inflation intérieure de l’inflation importée. En l’occurrence, l’inflation à cette époque est forte à cause des taux d’intérêts élevés pratiqués par les USA juste après avoir abandonné le standard OR. La France n’a pas le pouvoir de décider des taux mondiaux. Et en ce qui concerne l’inflation intérieure, ce n’est pas une chimère de dire que l’état français créait (avant cette loi) de l’inflation, puisque c’était le cas … l’état créait de la monnaie pour … ne pas rembourser ses dettes !!! On peut discuter sur l’opportunité de le faire ou pas, et sur comment on le fait ou pas, mais il n’empêche que cette vidéo est aussi fallacieuse. Et puis il faut rajouter que pour juguler l’inflation il faut aussi juguler les salaires, et c’est la loi de désindexation qui à fait ça en 1982 (l’effet de 2ème tour ca se nomme dans le jargon).

Et André Jacques Holbecq tombe aussi dans le panneau en nous disant sans les intérêts la dette serait resté constante (ce qui est presque une tautologie).

Soit, ce n’est pas faux dans l’absolu, mais ce qui importe, c’est que les intérêts sont reversés : aux possesseurs d’assurance vie, ou bien a des retraités américaines qui ont investît via un fond de pension… ce genre de choses et d’autres.

Moi je veux bien qu’on remette en cause le principe de l’assurance vie ou les marchés internationaux… mais c’est un autre débat dans ce cas. La question est : les banques nous volent-elles ?

Attention !

Le vrai problème, concernant cette loi, c’est : qui crée la monnaie, et pourquoi ! Et le problème se posait déjà il y a bien longtemps, puisqu’on n’est toujours dans les même question qu’au néolithique avec les coquillages. Mais même en 1355 ils en étaient conscient :

Convoquer un traité monétaire de 1355 au chevet de la crise ? L’exercice prête à sourire. Il vise à souligner « l’importance des choix d’architectures du système de création monétaire et leurs impacts sur les crises économiques au cours des siècles », tempère Yves Reichenbach, consultant en finance à Genève.

L’idée ? La monnaie n’étant plus convertible en or, les Etats ont pu se livrer aux délices de la vie à crédit sans crainte de perdre leur précieux métal. « C’est une défaillance de l’éthique publique – le fait que les Etats transgressent les limites du juste droit régalien de battre monnaie – qui est le point de départ des dérives financières contemporaines, comme le Traité des monnaies de Nicole Oresme permet de le comprendre », explique l’économiste de banque Bernard Cherlonneix.

Pourrait-il assez rougir ?

« La monnaie a été de par sa nature instituée et inventée pour le bien de la communauté », écrit ainsi Oresme dans ce texte clé de la pensée scolastique, qui lui valut la protection du roi Charles V. C’est au Prince « qu’il incombe de condamner les faux-monnayeurs ; comment pourrait-il assez rougir si l’on trouve en lui, ce qu’il devrait chez un autre punir », poursuit Nicole Oresme. A l’époque, le souci était la fiabilité du sceau apposé sur la monnaie métallique. Aujourd’hui, ne serait-il pas d’empêcher les Etats d’abuser du pur nominalisme de la monnaie, qui leur donne un pouvoir de création monétaire illimité ? « Au fur et à mesure qu’il se prolonge, cet abus se transforme en fait de la nature », prévient Bernard Cherlonneix. Avec, pour conséquence, l’hypertrophie du secteur financier. Et la crise actuelle.

J’insiste bien la dessus. Abolir cette loi de 1973, soit, mais pour mettre quoi à la place ? Que l’état reprenne ce droit ? Pour que Talonette 1er dispose en plus du pouvoir d’imprimer de la monnaie pour financer ses campagnes sans même devoir faire appel à mémé Bettencourt ? Et qu’il puisse payer la presse pravda avec ? et aussi tant qu’on y est financer des guerres contre tous les dictateurs de la planète pour amener de force la démocratie à ces peuples barbares !!!!

Non. Très peu pour moi.

Actuellement, le pouvoir de création monétaire est entre nos mains !!! C’est nous qui décidons quand nous allons faire un crédit (en tant que ménage, banque ou état) avec les taux d’intérêts pour nous calmer un peu et ne pas que ça soit trop la fête du slip. C’est un pouvoir collectif, à l’échelle mondiale, puisque un américain peut prêter de l’argent à la France. Alors, peut-être qu’aujourd’hui on veut faire défaut sur nos paiements aux américains parce qu’ils sont trop gourmands ? Soit. Mais c’est un autre débat.

Cette loi a été votée pour donne confiance aux marchés. Sans pouvoir de rembourser en monnaie de singe, alors les étrangers sont plus enclins à nous prêter de l’argent. Imaginez en sens inverse. Vous vous investir en Argentine, mais demain, le président décide de lancer la planche a billet … pour vous payer en monnaie de singe, alors que vous, vous comptiez la dessus pour votre retraite ! Sans cette loi, les échanges mondiaux seraient beaucoup plus limités. Et les pays émergents en bénéficient aussi (s’ils l’appliquent) car cela leur permet d’avoir du crédit pour entreprendre ! (et donc travailler, gagner un salaire, épargner, se payer une retraite, le chômage, la sécu … tous ces trucs dont on disposes ici, sans savoir d’ou ils viennent).

Le vrai problème

Le problème des banques est ailleurs. Le problème c’est qu’elles jouent avec notre argent en bourse, qu’elles font du Shadow Banking, et qu’elles se font renflouer discrètement par nos impôts quand elles perdent. Le problème c’est qu’elles nous incitent à créer trop de monnaie (cartes de crédit et crédit revolving), parce que c’est leur fond de commerce : en tant qu’intermédiaires, elles touchent un petit comme, et comme les petits ruisseaux font les grandes rivières …

Mais le problème n’est pas cette loi.

Abolir cette loi ne résoudra pas le pic pétrolier, ni le vieillissement de nos populations, ni les tensions internationales, ni le fait qu’on est trop cher payé par rapport a des chinois, ni le fait que les machines font du travail mieux que nous pour moins cher, etc…

Selon moi, la chose la plus importante à faire serait de simplifier “le bousin” qui nous sert de système économique. Je crois pouvoir affirmer que plus personne n’y comprends rien, il est trop opoque. Les économistes ne prédisent plus rien et se perdent en conjonctures, les politiques sont toujours 1 ou 2 trains en retard, les peuples ont le sentiment (justifié) de se faire arnaquer.

Par contre, on peut se poser la question de la rémunération de l’intermédiation. Pourquoi un pourcentage plutôt qu’un prix forfaitaire ? on peut se poser la question de pourquoi les transactions financières ne sont pas imposées alors que toutes les autres transactions le sont … (et je suis très favorable a une taxe tobin).

Si on supprime cette loi (pourquoi pas, moi je m’en fiche) il faut quand même trouver des moyens de limiter l’usage de la planche a billet par l’état. L’OR était ce moyen à une époque. Il faudrait donc rétablir la standard OR. L’un ne va pas sans l’autre. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si cette loi a été créée l’année ou la convertibilité dollar/OR a été annulée. Si on revient à l’OR, on aura d’autres problèmes … le Chinois vont très vite disposer de tout l’OR du monde, puisque leurs excédents commerciaux seront directement convertit. Idem pour les Allemands. Et on sera à leur merci !

Il ne faut pas oublier les aspect internationaux dans cette histoire. Et c’est un sujet plus que ultra sensible, puisqu’on fait des guerres pour les remboursement de dette !!! Remettre en cause cette loi c’est remettre en cause la mondialisation (qui, quoi qu’on en dise à apporté beaucoup de bienfaits aux peuples, en améliorant l’EROEI global – la répartition des gains est une autre question). Mondialisation qui est de toute manière remise en question… la TVA sociale est une mesure de protectionnisme déguisé soit dit en passant. La mondialisation est déjà sur le déclin d’elle même de toute manière.

Conclusion bien ambiguë

Il me reste une dernière chose à dire sur cette loi de 1973. Nous parlons de création monétaire, et entre les mains de qui il faut les remettre.

Actuellement, la création monétaire est entre les mains des peuples. On peut revenir a l’ancien système et la remettre entre les mains des dirigeants. On peut inventer de nouvelles solutions, par exemple, demander aux ordinateurs de gérer la création monétaire. On peut revenir a l’OR. On peut utiliser les monnaies virtuelles telles que Bitcoin ou d’autres.

Ma position est la suivante :

C’est une question de confiance. C’est une question de projet de société au long terme (chose qui manque cruellement de nos jours). Un dirigeant éclairé utilisera ce pouvoir dans une optique juste. A l’inverse, c’est trop de pouvoir pour un mauvais dirigeant.

Toute la question est donc de savoir si le peuple fait/fera mieux que les dirigeants

Comme le dit Maurice Allais (prix nobel d’économie), l’argent dette dans le système actuel est un système instable. Très performant, mais instable, surtout en période de pic pétrolier.  La, avec du pétrole en abondance, on était sur l’autoroute, on pouvait rouler en Formule 1 (la dette c’est la F1 des monnaies) mais maintenant on passe sur des pistes cabossées, il va nous falloir un 4×4. Il faudra de toute manière le réformer :

Toutes les grandes crises du XIXème et du XXème siècle ont résulté du développement excessif des promesses de payer et de leur monétisation.

Particulièrement significative est l’absence totale de toute remise en cause du fondement même du système de crédit tel qu’il fonctionne actuellement, savoir la création de monnaie ex nihilo par le système bancaire et la pratique généralisée de financements longs avec des fonds empruntés à court terme.

Une telle organisation du système bancaire et financier permettrait la réalisation simultanée de conditionstout à fait fondamentales :

1 – l’impossibilité de toute création monétaire et de pouvoir d’achat en dehors de celle de la monnaie de base par les autorités monétaires ;

2 – la suppression de tout déséquilibre potentiel résultant du financement d’investissements à long terme à partir d’emprunts à court ou à moyen terme ;

3 – l’expansion de la masse monétaire globale, constituée uniquement par la monnaie de base, au taux souhaité par les autorités monétaires[21] ;

4 – une réduction majeure, sinon totale, de l’amplitude des fluctuations conjoncturelles[22] ;

5 – l’attribution à l’État, c’est-à-dire à la collectivité, des gains provenant de la création monétaire, et l’allègement en conséquence des impôts actuels ;

6 – un contrôle aisé par l’opinion publique et par le Parlement de la création monétaire de la création monétaire et de ses implications.

Epilogue

Poussons le débat un poil plus loin. Mettre la création monétaire entre les mains du peuple, des machines, des dirigeants plus ou moins éclairés … soit … comme le fait remarquer Gidmoz en commentaire, et je suis tout à fait d’accord avec lui, le problème vient de n’avoir qu’une seule source de création monétaire. En fait la banque centrale à le monopole de création monétaire. Le mieux serait de mettre toutes les monnaies en concurrence et que la meilleure gagne !!!

Pour moi le vrai scandale il est la : dans le monopole d’émission monétaire. Et remplacer un monopole par un autre ne résoudra pas grand chose. Le pire est que dans le système capitaliste, les monopoles et les “abus de positions dominante” sont interdits en vertu de la loi antitrust ! Ce qui est quand même un comble. Merci a Gidmoz de m’avoir permis de faire aboutir ma réflexion à sa conclusion “naturelle”.

Imaginez donc, une monnaie étatique, une monnaie or/argent, une monnaie régionale, l’Euro, une monnaie facebook, une monnaie internet (paypal), un monnaie pour la nourriture, etc… l’avantage c’est que si l’une flanche on peut se rabattre sur les autres, et on n’aurait plus de “too big too fail” qui tienne, et les états pourraient comme l’Espagne et la Grèce pourraient gérer leur dette avec les autres monnaies, etc…

D’autre part, le fait par exemple d’avoir une monnaie pour la nourriture (ticket resto généralisé) permet d’isoler ce circuit et de garantir a tous un revenu “nourriture” dissocié du reste et donc d’éliminer la faim du pays. Etc… le fait d’avoir plusieurs monnaies permettrait beaucoup de souplesse économique et fiscale, tout en restant avec des mécanismes simples que les gens comprennent, plutôt que le bousin actuel auquel plus personne ne comprends rien. Ainsi une bulle dans l’immobilier ne pourrait pas contaminer les prix de la nourriture … et si c’était le cas, on pourrait agir dessus simplement. Évidement, il faut plus qu’une idée lancée en l’air, mais détruire un monopole ne peut pas être une mauvaise chose en soi.

Il faudrait apprendre à jongler avec les taux de change, mais ce serait un bien petit inconvénient somme toute ! De toute manière, c’est le cours de l’histoire. C’est uniquement parce que certains le contrarient pour avoir plus de pouvoir qu’on à des tas d’ennuis.

 

Article original. (parfois mis à jour car ici je ne peux pas)


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