Pour un nouveau système monétaire international

par Jean-Pierre Pfisterer
mercredi 10 avril 2013

Le 27 février dernier, monsieur Stéphane Hessel nous a quittés.

Ce jour-là, il en a terminé avec l'indignation dans ce monde.

Merci de nous avoir si bien rappelé la pertinence de l'indignation.

Merci aussi, pour cette incitation à l'action.

N'avez-vous pas écrit :

« Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. »

Merci, et bon repos monsieur Hessel.

Nous, nous allons continuer le travail pour la paix et la démocratie.

Jean-Pierre Pfisterer

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Aujourd'hui, 9 avril 2013, c'est avec cette pensée envers Monsieur Stéphane Hessel, que je vous dépose mon projet pour un nouveau système monétaire international.

Oui, un nouveau système monétaire international, rien de moins !

Mais avant tout, je tiens à préciser que je ne suis nullement un spécialiste des questions économiques. Je suis un modeste professionnel du monde de l'éducation, à la retraite. Toutefois, si j'ose aborder ce thème, c'est que j'ai la ferme conviction qu'il y a, dans ce projet, des éléments de solutions pouvant répondre aux divers problèmes dans lesquels notre monde est plongé. Problèmes qui nous entrainent, à moyen terme, vers la probable destruction de nos civilisations, quelles qu'elles soient.

Mais, surtout, c'est que j'aimerai bien semer une graine de scepticisme dans vos esprits devant les multiples manipulations des oligarques de la grande finance. Ils ne cessent de nous faire croire que notre modèle de relation économique en place est juste, équitable et immuable.

La mise en place de ce projet est, certes révolutionnaire, mais elle est applicable dans sa totalité, sans bouleversement de nos structures démocratiques actuelles.

Non seulement cela peut se faire en douceur, mais, si par miracle, nos instances politiques, démocratiquement élues, y adhéraient, nous pourrions, rapidement, éliminer de nombreuses tendances destructrices actuellement en activité sur la Terre.

Mais trêve de supputations, voyez ma proposition.

LE PROJET

L'objectif de ce projet est de donner à la monnaie une fonction sociale importante en termes de repères et de compréhension du monde économique.

Pour ce faire, celle-ci doit :

Permettre une distribution équitable de la richesse ainsi que l'accessibilité, par tous, aux biens et services disponibles.

Favoriser la diminution des gaz à effet de serre.

(Les impacts de ces émissions sont inhérents à la dégradation de notre environnement.)

Empêcher le pillage et le gaspillage de ces biens.

Empêcher toute spéculation.

(Conséquence indirecte, ce système monétaire pourrait mettre fin à la production de masse des armements militaires.)

Pour que cette monnaie puisse réaliser adéquatement ces quatre mandats, ceux-ci doivent avoir le même dénominateur. Or celui-ci existe.

Ce dénominateur c'est la quantité de gaz à effets de serre (GES) émise pour la production de tous les biens et services produits sur la planète.

LE POSTULAT

En convertissant, en valeur monétaire globale, la totalité des gaz à effet de serre (GES) utilisés pour produire tous les biens et services sur la planète, cela tout au long de la chaine de fabrication, très précisément dès l'extraction de la matière première jusqu'à la distribution aux consommateurs, on se trouve ainsi à révéler sous un même dénominateur ce qu'il en coûte pour mettre à la disposition des consommateurs du monde entier ces biens et services.

Cette opération nous permettra de créer une nouvelle unité monétaire universelle.

La réalisation de ce premier volet du nouveau système monétaire devrait être confiée à un Fonds monétaire international réinventé dont le mandat aurait été renouvelé. 

Bien évidemment de nombreux détails doivent être apportés à cette première dimension du projet. J'entends bien au fil des semaines vous les présenter.

UN VRAI PARTAGE DE LA RICHESSE

Nous voyons qu'il est techniquement possible de créer une nouvelle monnaie et que celle-ci permet de déterminer quels sont les coûts de production pour chacun des biens et services en usage sur la planète.

Ce modèle de calcul nous permet également de créer une masse monétaire mondiale.

Remarquez qu'en aucun temps nous n’avons pris en considération le temps que les travailleurs ont investi pour produire ces biens ou ces services. Nous allons continuer d'ignorer ce facteur pour le moment, qui, pourtant, dans notre économie capitaliste est fondamental dans la prise en compte du coût de production. Plus tard, dans une chronique ultérieure nous traiterons de ce facteur.

Ouvrons ici la réflexion sur la distribution des productions à travers le monde. Mais je tiens à rappeler que ce texte se veut essentiellement une réflexion sur le thème du partage. D'une part des biens et d'autre part services que les Terriens produisent pour leur besoins de consommation. Plus tard, nous parlerons d'action, bien sûr !

Les principes inhérents au partage

Le point de départ de mon argumentation est la mise en évidence de deux articles tirés de la Déclaration des droits de l'homme.

D'une part l'article 1 duquel je retiens deux principes.

Premier principe.

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.

Second principe

Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Troisième principe

Celui-ci se trouve dans l'article 25 qui précise que :

Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.

Vous avez bien lu ? Oui ! Avez-vous bien lu ce que l’Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies adopta le 10 décembre 1948 ?

Cette Déclaration universelle des droits de l’homme fut votée par les représentants de plus de 50 pays, sans aucune contestation, seuls huit pays se sont abstenus. N'est-ce pas magnifique !

Effectivement, depuis cette date, quelques progrès furent apportés. À travers le monde, les conditions de vie de nombreux humains se sont améliorées.

Mais est-ce assez ?

Ne pouvons-nous faire mieux ?

Alors, que pensez-vous des conditions de vie actuelles des Haïtiens ?

Pourquoi les émeutes de la faim au Mexique ? Rappelez-vous, en janvier 2007, près de 100 000 Mexicains défilent pour protester contre l’augmentation de plus de 40 % des prix de la tortilla ?

Toujours à Mexico, en septembre 2007, ce sont des milliers de manifestants qui descendent dans les rues pour protester contre l’augmentation des produits alimentaires de base.

Mars 2008, on assiste à Rabat à des manifestations de rue au cours desquelles de durs affrontements avec la police provoquent la mort de plusieurs personnes.

Début avril 2008  : à Haïti, au moins six personnes sont tuées et deux cents autres blessées  ;

En Égypte, cinq morts et trois cents blessés.

En Somalie, plusieurs morts début mai 2008 dans des émeutes particulièrement violentes.

En Asie centrale, à la fin d’un des hivers les plus froids depuis un siècle, le Kazakhstan – huitième exportateur mondial de blé – craint tellement des émeutes déstabilisatrices pour le pouvoir que le pays pourrait limiter, voire interdire, ses exportations de céréales.

Égypte, Maroc, Cameroun, Côte-d'Ivoire, Mauritanie, Sénégal, Burkina Faso : la carte des émeutes de la faim s'étend comme une tache de sang sur un corps mutilé.

Les dernières prévisions de l'Union européenne ciblent l'Afrique. Elle risque d'être la région la plus touchée par le « choc alimentaire » mondial qui se profile. Ne sont-elles pas en train de se réaliser ?

Et, vous vous en doutez, je ne peux présenter que quelques exemples. La liste est très, très longue. 

N'est-il pas temps d'agir efficacement pour donner à tous ces humains libres et égaux ce niveau de vie suffisant ?

À partir du principe que les humains doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité, il devient FONDAMENTAL de DONNER à tous et toutes les moyens d'avoir accès aux ressources disponibles pouvant répondre à leurs besoins.

À nouveau, je rappelle mon postulat de base

En convertissant, en valeur monétaire globale, la totalité des gaz à effet de serre (GES) utilisés pour produire tous les biens et services sur la planète, on se trouve ainsi à révéler ce qu'il en coûte pour mettre à la disposition des consommateurs du monde entier ces biens et services.

Si cette masse monétaire ainsi crée est partagée entre tous les homos Sapiens vivants, chaque Sapiens aura à sa disposition une rente annuelle qu'il pourra gérer en fonction de ses besoins, selon les coutumes de sa culture et selon ses propres désirs.

Près de 1,14 million de kilos de CO2 sont émis dans l'atmosphère chaque seconde.

Cela représente des émissions de 36 milliards de tonnes de CO2, dioxyde de carbone, dans l'atmosphère par an.

Soit 360.000.000.000.000.000 Grammes. 

La population mondiale est approximativement de :

7.000.000.000 personnes

Convertie en unité monétaire internationale (UMI) cela mettrait à la disposition ce chaque homo sapiens environ 51.500 UMI pour pourvoir à ses besoins.

La Banque mondiale pourrait avoir la responsabilité de gérer et de contrôler la répartition entre les pays de ces sommes ainsi crée.

Il appartiendrait à chaque pays de répartir les sommes qui lui seraient allouées au prorata de sa population.

 

Référence bibliographique :

Heilbroner Robert L. LES GRANDS ÉCONOMISTES. Éditions du Seuil. 1970

Siroën J-M. LE DÉSORDRE MONÉTAIRE INTERNATIONAL. Hâtier. 1991

Dumont René. UN MONDE INTOLÉRABLE. Le libéralisme en question) Éditions du Seuil 1988

Garaudy Roger. APPEL AUX VIVANTS. Éditions du Seuil. 1979

De Rosnay. LE MACROSCOPE. Éditions du Seuil Paris 1975

Forrester Viviane. L'HORREUR ÉCONOMIQUE. Fayard. 1996

Blondin Denis LA MORT DE L'ARGENT. Les éditions de la pleine lune. Lachine, Québec 2003

James Eliah M. L'ÉCONOMIE GLOBALE. (Partie III) Édition Beauchemin. Chomedey/Laval. 1991

Hessel Stéphane INDIGNEZ-VOUS Éditions EDS (Collection : Ceux qui marchent contre la vie) France 2011


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