Pour une Europe (enfin) sans ambiguïtés

par Michel Santi
mercredi 3 novembre 2010

Qui se souvient encore de cette année 2007 – bénie des dieux de l’Olympe – où les obligations grecques se négociaient à seulement 27 points de base au-dessus des Bunds allemands ? La toute récente déclaration de la Chancelière allemande Merkel selon laquelle le « peuple désirerait que les investisseurs et pas toujours les contribuables » soient exposés n’intervient-elle pas trop tardivement ? La Grèce, qui doit s’acquitter actuellement pour sa dette d’une surprime de l’ordre de 700 points au-dessus du papier valeur allemand, ne peut plus systématiquement être punie par les marchés et les investisseurs. Ceux qui ont tiré un profit démesuré en prêtant à ce pays à des taux contre nature doivent également endosser leur part de responsabilité et partager le fardeau avec la Grèce. 

Il est heureux que Madame Merkel reconnaisse aujourd’hui le droit à la parole d’un citoyen trop souvent lésé mais souhaitons qu’elle accomplisse le cheminement supplémentaire consistant à confronter les investisseurs aux responsabilités de leurs paris. C’est pourquoi la faillite ordonnée et planifiée de la Grèce se doit d’être mise en place par le F.M.I. car une nation ne peut continuer à vivre avec des restrictions et des privations imposées par un endettement de l’ordre de 125% de son P.I.B. ! Le monde entier – à l’exception peut-être de nos responsables Européens ? – se rend aujourd’hui compte que le maintien de ce pays sous le joug de ces dettes ne profite plus qu’aux investisseurs lui ayant prêté très chèrement leurs deniers. L’Europe aura-t-elle seulement le cran de sortir la Grèce de sa spirale de déflation par la dette et, ce faisant, de faire parvenir un signal fort et sans équivoque à l’univers de la spéculation et, accessoirement au monde de la finance ? 

L’argent facile déversé par nos banques centrales dans le système ne profite en effet qu’aux conglomérats bancaires au lieu de contribuer à redresser le chômage et à soulager la précarité des ménages. Les baisses de taux quantitatives – sur le point d’être renouvelées aux Etats-Unis – seraient-elles destinées à enrichir l’actionnariat et à gonfler au passage salaires et bonus des banquiers pendant que le consommateur perd décidément toute confiance en son économie ? Pas plus l’augmentation programmée (ou prévisible) de la T.V.A dans la plupart des pays de l’Union que les coupes drastiques des dépenses publiques (qui affecteront les classes moyennes et défavorisées) ne sont des remèdes constructifs à un assainissement de nos économies. Le budget Européen et les efforts nationaux doivent être calqués sur des stratégies favorisant la croissance et privilégiant l’emploi plutôt que d’être mus par la seule obsession de plaire aux agences de notation et aux marchés des capitaux. 

Pourquoi ne pas instaurer rapidement une taxe sur les transactions financières dont même le F.M.I. – qui ne peut être qualifié de révolutionnaire en la matière – a calculé qu’elle serait extrêmement profitable si elle était réinjectée dans l’économie réelle ? C’est ainsi qu’il a conclu, dans son étude intitulée « Taxing Financial Transactions : Issues and Evidence », qu’une taxe – insignifiante – de 0.01% sur l’ensemble des transactions des bourses et des devises serait susceptible de générer des rentrées substantielles profitant au plus grand nombre… Mais l’Union Européenne saura-t-elle adopter ce type de mesures de salut public par sa propre initiative et en dépit du désaveu programmé du G 20 ?


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