Privatisations et déficit public

par GEORGES
mercredi 10 mars 2010

La France est en 2008 le 19è pays le plus endetté au monde. La dette publique au 3è trimestre 2009 s’élève à 1457 milliards d’euros, soit 76% du PIB. Et la prévision pour 2010 du gouvernement est de passer à 84% du PIB, sans même parler du grand emprunt…

Voici l’évolution (voir image).

Il va sans dire que l’objectif fixé par la Commission Européenne est de 60% du PIB. La France est en train d’exploser ce seuil.


La France a donc presque 1500 milliards d’euros à rembourser. Les recettes fiscales annuelles de l’Etat sont pour 2009 de 252 milliards d’euros, soit un sixième de la somme à rembourser.

Les intérêts de cette dette sont en conséquence colossaux : 47 milliards d’euros en 2005, c’est-à-dire plus ou moins l’impôt sur le revenu payé par la totalité des Français.


60% de cette dette est détenue par des non-résidents. La France n’est donc plus indépendante économiquement.


Si on comparait cela à la gestion financière d’un smicard, c’est comme si un smicard qui gagne 1000€ nets par mois devait rembourser par mois 160€ d’intérêts pour un crédit de 70000€, sans compter le remboursement du capital par ailleurs…Il serait certainement fiché à la Banque de France…


Au regard de cela, quel est l’impact et le bénéfice que nous avons retiré des privatisations successives qui ont eu lieu depuis 1986 ?


Les objectifs de ces privatisations étaient multiples :

- réduire le déficit public, avec l’argent de la vente de ces entreprises.

- développer le concurrence dans les secteurs financiers, énergétiques, des télécom, etc.

- permettre au marché de s’autoréguler.

- Développer l’actionnariat populaire


Au final, les ventes des grandes entreprises (voir ci-dessous) nationales ont généré une rentrée d’argent d’un peu plus de 100 milliards d’euros…Un quinzième de la dette actuelle…


L’actionnariat populaire reste fortement minoritaire, notamment face aux forts mouvements de concentration et aux capacités d’investissement d’établissements financiers et autres multinationales.


La téléphonie mobile en France est l’une des plus chères du monde. Les prix du gaz et de l’électricité ne cessent d’augmenter. La qualité de service s’en ressent.


L’idéologie néolibérale a été testée à grande échelle. Elle nous a amené à la crise financière que nous connaissons.


On dit alors, bêtement, que « les caisses sont vides » (François Fillon en 2007).


N’a-t-on donc pas bradé nos fleurons industriels et financiers ?


Un petit récapitulatif est nécessaire des gains cumulés réalisés par l’Etat suite aux ventes totales ou partielles des entreprises nationales à la sphère privée.


1ère vague de privatisations totales ou partielles sous le gouvernement Chirac en 1987 et 1988 : CGE (ex-Vivendi), Alcatel-Alsthom, Paribas, St-Gobain, Société Générale, Groupe Suez, Crédit Commercial de France, TF1, Matra, Havas, Mutuelle Générale Française, Banque BTP…


Gain estimé pour l’Etat : 15 milliards d’euros.


2è vague de privatisations totales ou partielles sous le gouvernement Balladur entre 1993 et 1995 : Rhône-Poulenc, Ef Aquitaine, Renault, UAP, SEITA, BNP, BFCE (ex-Natexis), Assurances Générales Françaises…


Gain estimé pour l’Etat : 17 milliards d’euros.


3è vague de privatisations totales ou partielles sous le gouvernement Juppé entre 1995 et 1997 : AGF, CGM, Péchiney, Usinor-Sacilor, CFNR, Bull…


Gain estimé pour l’Etat : 9 milliards d’euros.


4è vague de privatisations totales ou partielles sous le gouvernement Jospin entre 1997 et 2002 : Air France, Autoroutes du sud de la France, LCL, France Télécom, RMC, Eramet, GAN, Thomson, CIC, CNP, Aérospatiale EADS…


Gain estimé pour l’Etat : 32 milliards d’euros.


5è vague de privatisations totales ou partielles sous le gouvernement Raffarin entre 2002 et 2005 : Autoroutes Paris-Rhin-Rhône, France Télécom, Snecma, Autoroutes Nord et Est France, LCL, Thomson…


Gain estimé pour l’Etat : 13 milliards d’euros.


6è vague de privatisations totales ou partielles sous le gouvernement De Villepin : Autoroutes Paris-Rhin-Rhône, EDF, GDF, SNCM, Autoroutes Nord et Est France, Autoroutes du Sud de la France, DCNS, Aéroports de Paris…


Gain estimé pour l’Etat supérieur à 30 milliards d’euros.


Au total, une cinquantaine de sociétés parmi les plus prestigieuses furent privatisées, pour un gain d’un peu plus de 100 milliards d’euros, qui pour les deux tiers, ont servi à recapitaliser des entreprises publiques ou investir...


Certaines de ces sociétés ont pu rebondir avec l’appui des marchés financiers mais qu’en est-il des recettes de l’Etat sur ces entreprises ?


Quand on voit que les entreprises du CAC 40 paient 8% d’impôts sur le bénéfice seulement, pourquoi les caisses sont-elles vides ?


L’exemple de TOTAL est probant. En 2008, TOTAL engrange 13 milliards d’euros de bénéfices. Presque 5 milliards d’euros sont reversés aux actionnaires, 260 millions d’euros aux salariés…A elle seule cette entreprise pourrait combler le trou de la Sécurité Sociale…Sans pour autant heurter sa compétitivité, puisque 60% de ses bénéfices sont conservés pour les investissements et l’autofinancement.


Pourquoi ne pas se servir d’une imposition plus forte ?


Ces entreprises utilisent les ressources françaises pour prospérer. L’Etat doit s’appuyer sur ces fleurons pour relancer l’économie. Les entreprises françaises doivent aider la France à se développer, à créer de l’emploi. Les 20 plus grosses entreprises du CAC40 ont enregistré un bénéfice cumulé de 87 milliards d’euros en 2007…On pourrait payer les intérêts de la dette et financer la sécurité sociale avec cela…à méditer…

 

Sources :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Privatisations_en_France

http://www.lexinter.net/JF/privatisations.htm

http://geronim.free.fr/ecogene/bts1/partie763.htm

http://www.erudit.org/revue/ae/1989/v65/n1/601478ar.pdf

http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_de_la_France

http://cluaran.free.fr/dette.html

http://www.nirgal.com/wakeup/dette

http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/pourquoi-le-cac-40-paye-moins-d-impots-que-les-pme_212956.html

http://www.01men.com/editorial/374124/argent/

 


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