Prix pour des cons !

par LE CHAT
jeudi 25 septembre 2008

Nos économistes auto-satisfaits sont encore contents d’eux ! L’inflation, tout du moins celle calculée par l’Insee à 3,2 % en rythme annuel après être montée à 3,6 %. L’ennui, c’est que les revenus ne suivent pas quand même et l’on avoue un recul du pouvoir d’achat de 0,4 % sur les douze derniers mois, ce qui n’était pas arrivé depuis des lustres et que L’Insee pariait au contraire sur une progression de 0,9 %. Ce pourrait être encore pire, l’INC prévoit une baisse de 0,8 % du pouvoir d’achat cette année. Bataille de chiffres, entre experts de la calculette, mais tout le monde voit bien en poussant son caddie entre les rayons que le compte n’y est pas et pire, d’après une étude de 60 millions de consommateurs à paraître ce jour, l’inflation est de plus en plus masquée par les astuces des producteurs et distributeurs de produits de grande consommation.
En effet, pour camoufler l’inflation inexorablement dopée par les cours élevés de leurs matières premières (lait, beurre, viande, céréales, sucre, etc.), les industriels de l’agroalimentaire ont choisi de jouer sur les volumes plutôt que sur les prix, marketing oblige, car ils veulent pouvoir préserver leurs marges, voire les augmenter. Non, on ne diminue pas le poids, comme nous l’a avoué un de leur représentant au journal de TF1 du 23 septembre qui relatait le problème soulevé par 60 millions de consommateurs, on baisse le « grammage » ! Prendraient-ils les consommateurs pour de véritables billes ? Sommes-nous devenus à ce point des moutons ?
Les statistiques officielles passent elles aussi à côté de cette inflation masquée que seuls des consommateurs très observateurs sont capables de déceler. 60 millions de consommateurs nous apprend que le paquet de Petit Lu qui faisait 330 g avant l’été ne fait plus que 300 g, et ayant un paquet chez moi je suis allé vérifier la véracité de cette affirmation. Pas de doute, l’arnaque est bien là. Tout comme je peux supposer vraie l’affirmation que Danone aurait ramené les pots de yaourt de 100 à 90 g et les pots de fromage blanc Jockey de 1 kg à 850 g. La technique n’est pas nouvelle, on nous avait déjà rogné sur la longueur des Carambars, l’épaisseur des Malabars, les bouteilles d’huile d’olive sont passées d’1 litre à 75 cl. Les Belges avaient eux inventé les paquets de 19 cigarettes.
Certains ont le toupet de faire passer cela comme une stratégie dans la lutte contre l’obésité, si votre sachet de bonbons en contient moins, s’il y a moins de biscuits par paquet, cela est pour notre bien ! Le but réel est bien de doper le prix sans que cela ne saute aux yeux des clients, surtout pour ces produits de marque dont ils mémorisent plus facilement les prix. Ce n’est qu’en vérifiant scrupuleusement les prix affichés au kilo que l’on peut s’apercevoir de la valse des étiquettes. Qui en prend vraiment le temps, dans notre monde où tout le monde est de plus en plus pressé !
 
Les prix des produits de base vendus chez les hard discounters donnent quant à eux une impression d’inflation galopante digne des prix affichés jadis en cruzeiros brésiliens, dinars yougoslaves ou dollars zimbabwéens dans ces pays habitués au turbo inflation. Ces enseignes n’ont pas la même pudeur à répercuter les augmentations de prix, et j’ai vu en douze mois les 500 g de coquillette passer de 0,25 à 0,65 euro, l’huile d’arachide de 0,99 à 1,58 euro, les 200 g de gruyère râpé de 1,05 à 1,39 euro, en bref le panier de la ménagère a vachement plus augmenté que ne laissent supposer les chiffres officiels. L’inflation perçue est autrement importante que celle de l’indice officiel, d’autant que les hausses touchent des produits utilisés quotidiennement.
Autre stratégie pour vous faire passer des hausses de prix, le changement de packaging et le marketing, où avec un changement d’emballage, de vente par lots, de nom du produit, de la multiplication de mini-doses et mini-paquets on vous vend le même produit beaucoup plus cher.
Il suffira alors de saupoudrer les emballages de slogans vantant les bienfaits du produit pour la santé, pour l’environnement, pour votre ligne, mais en aucun cas pour votre porte-monnaie.
Ce qui est franchement gênant, c’est que tous ces produits finissent par remplacer les anciens dans les linéaires et on n’arrive plus à trouver ces anciens produits aux anciens prix ! 25 % des articles disparaissent chaque année pour être remplacés par de nouvelles gammes de produits.
La pauvre ménagère n’a plus aucune idée du prix normal des articles tant ceux-ci sont noyés dans des promotions, des remises à la caisse, des ventes par lots, des « 2 achetés 1 gratuit » et autres points Smile.
Une autre technique consiste à modifier la composition de la recette des produits en remplaçant certains ingrédients par d’autres meilleur marché pour faire abaisser le coût de revient. On vous vend également de l’eau au prix du produit fini dans des boissons allégées ou de l’air dans les biscuits apéritifs de moins en moins denses.
 
Ainsi va la consommation en l’an de grâce 2008, on nous avait vendu l’année passée la présidence du pouvoir d’achat, mais à part quelques néoconservateurs endoctrinés et aveugles, chacun le sait bien, nos poches sont de plus en plus vides et le seront encore plus demain, car il faudra un jour ou l’autre payer les errements des stratèges de la finance…
 
 

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