PSA ne doit pas passer sous pavillon étasunien !
par Laurent Herblay
samedi 29 juin 2013
C’est le Figaro qui révèle ce qui reste pour l’instant qu’une rumeur : la famille Peugeot envisagerait de céder le contrôle de PSA à General Motors pour injecter de nouveaux fonds dans l’entreprise, après avoir discuté avec le constructeur chinois Dongfeng. Une éventualité que le gouvernement doit refuser.
Le marché de dupes de l’alliance avec GM
Il serait tout de même un peu fort de café que General Motors puisse augmenter sa part dans le capital de PSA à bon compte du fait des difficultés financières de l’entreprise sachant que c’est cette même alliance, qui date de début 2012, qui a aussi affaibli le constructeur français. En effet, à partir du moment où GM a pris 7% du capital de PSA, le nouvel allié a exigé de son nouvel associé qu’il cesse toute livraison à l’Iran, qui était le second marché du constructeur français, avec la bagatelle de 457 900 véhicules en 2011. En 2013, PSA ne vendra pas une seule voiture à Téhéran.
Certes, le groupe ne vendait que des kits qui étaient assemblés localement, mais comme le soutient la Tribune, les opérations y étaient « très rentables » puisque Peugeot était alors le leader, avec environ 30% de parts de marché. Il faut rappeler ici que le groupe avait vendu 3,5 millions de véhicules en 2011 et que l’Iran représentait par conséquent environ 13% des volumes du groupe. Il est bien évident qu’abandonner de tels volumes a sans doute largement contribué à aggraver la situation financière du groupe automobile français, qui n’a pas fait une si bonne affaire au total.
Il serait donc particulièrement anormal que le groupe étasunien profite de l’affaiblissement de PSA, qu’il a largement aggravé du fait de l’interdiction des ventes en Iran, pour monter dans le capital de l’entreprise française. Il y a un conflit d’intérêts majeur dans cette histoire, si elle venait à être confirmée. En outre, il est bien évident que le rapprochement entre Peugeot, Citroën et Opel aboutirait à de nouvelles restructurations. Cela est d’autant plus dommage que le groupe présente une belle gamme, que ce soit avec Citroën et ses déclinaisons DS ou Peugeot avec ses 208, 2008, 308, 3008 et 5008.
PSA, victime de l’Union Européenne
Car contrairement à ce qui avait été avancé à l’été 2012, quand le constructeur automobile avait annoncé son plan de restructuration qui va mener à la fermeture de l’usine d’Aulnay, ce ne sont pas des erreurs de stratégie qui expliquent les difficultés du groupe français (encore que certains pourraient considérer qu’il n’a pas assez délocalisé sa production hors de France, contrairement à Renault, qui n’y assemble plus qu’un quart de sa production contre 40% environ pour PSA…). PSA est une victime de GM en Iran et de l’Union Européenne, du fait de l’anarchie commerciale et de l’austérité.
En effet, la situation des constructeurs généraliste en Europe est tout bonnement catastrophique. Les pertes de Ford et Opel sont encore plus importantes mais sont épongées par les profits faits aux Etats-Unis. Fiat ne doit son salut qu’à la bonne santé de Chysler. Renault ne gagne de l’argent qu’en intégrant les profits de Nissan. Seul Volkswagen surnage, mais les profits du groupe viennent bien davantage d’Audi et de la Chine. Bref, la situation de PSA est tout sauf exceptionnelle et on pourrait même considérer que le groupe limite la casse du fait d’une bonne gestion de sa gamme de produits.
Car il ne faut pas oublier que les constructeurs européens sont dans un marché qui aura reculé de 30% de 2007 à 2013 du fait des politiques austéritaires qui cassent la demande. Comme il y avait déjà des capacités de production excédentaires il y a 6 ans, il est bien évident que le contexte actuel est épouvantable. Pire, l’UE laisse rentrer les importations de tous les pays (avec l’accord avec la Corée du Sud) alors que la réciproque n’est pas vrai. Et, coup de grâce, l’euro cher pénalise la production en Europe par rapport aux productions au Japon, en Corée ou en Europe de l’Est.
D’où sans doute le besoin pour PSA de lever des fonds pour mieux affronter l’avenir. Mais il serait anormal que General Motors en profite pour monter dans son capital après l’avoir affaibli en lui imposant de quitter l’Iran. Nous verrons bien vite si Arnaud Montebourg est capable de faire autre chose que parler.