Quel avenir pour le dette de la France ?

par Yann Riché
mardi 18 avril 2006

La dette de la France vient d’atteindre 66,8% du PIB. Certains écrivent que finalement, dépasser 60% du PIB n’est pas dramatique, l’Italie et la Belgique sont bien au-delà. Et en effet le débat n’est peut être pas d’en avoir ou pas, mais de savoir à quoi ça sert.

C’est pourquoi je souhaite réagir face à ceux qui chantent les louanges de la dette publique et critiquent ceux qui souhaitent la réduire. Comme je fais partie de la deuxième catégorie, il me semble important de rappeler quelques éléments concernant la gestion d’un budget et le financement d’un budget, que ce budget soit celui d’un ménage, d’une entreprise ou celui d’un État ; le point commun est celui ci : ils ont tous un point de rupture dans l’endettement qui fait basculer la dette, de dette au développement et à l’investissement, à une dette pourrie du surendettement et de la banqueroute.

Or le poids de la dette est supportable si le pays s’enrichit grâce à cette dette, ce que rapporte d’ailleurs l’article d’Eric Grandvuinet du 10 avril dernier "Vive la dette publique" et que l’on retrouve dans un « chat » réalisé par Le Monde avec M. Fitoussi.

Et c’est bien là que la dette française blesse, le budget de l’Etat nécessite des emprunts pour être bouclé, et fait aggravant, ce budget est continuellement déficitaire, entraînant de facto un endettement complémentaire pour financer la trésorerie (le fonds de roulement), grosso modo de septembre à décembre. Seul avantage, et non des moindres, les taux d’intérêts sont très bas, ce qui limite le coût de cette dette.

Ainsi la dette française ne permet plus d’avoir d’effet de levier mais au contraire plombe la trésorerie de l’Etat pour le moment, puisqu’il faut trouver environ 1/4 du budget sous forme d’emprunt. La limite n’est pas simple à trouver, mais soyons démago pendant deux lignes : si vous devez emprunter pour financer votre budget de septembre à octobre tous les ans, dans quelles conditions pouvez-vous tenir ?

Théoriquement, c’est donc un cercle vicieux qui s’engage, car au-delà de la dette, c’est la source de cette dette qui nous importe. Cette dette provient du déficit budgétaire, et donc si le budget ne redevient jamais positif ou équilibré, alors la dette du pays ne peut pas diminuer. La dette finance nos services publics, ce qui peut être un choix, mais qui en fait n’en est pas un, car c’est le résultat d’un échec de nos politiques de relance économique.

A un moment ou à un autre, l’électro-choc se produira, soit par l’extérieur avec une décote de la note financière de la France qui verrait immédiatement les taux d’intérêts augmenter (les taux d’intérêts sont la prime de risque de l’emprunt ; plus l’emprunt est risqué car l’emprunteur ne présente pas de garanties suffisantes, plus le taux d’intérêt est élevé). La conséquence dans ce cas est de devoir agir plutôt dans l’urgence et sous une contrainte extérieure. Ou alors il se produit politiquement à l’intérieur du pays et sur la base d’un projet et à cet égard le débat pour 2007 est une opportunité de dire pourquoi on s’endette et pour quel résultat.

Et ce que je souhaite, c’est que nous prenions les bonnes décisions pour relancer notre croissance ! Qu’importe si la dette augmente encore par le déficit budgétaire, si dans le même temps le politique se fixe de rétablir à 5 ou à 10 ans l’équilibre budgétaire, si l’on s’abstient de financer des boulots sans valeur ajoutée et sans avenir, si le débat qui vient permet de redéployer nos institutions pour supprimer au moins un niveau de décision et donc un niveau de structure administrative, bref si le débat qui vient permet de donner de l’élan à notre pays.

Qu’importe en effet de s’endetter sur des programmes de développement (énergies, bio-technologies, industries de pointe...) si au bout, il y a le progrès et de la richesse.

Par contre, creuser un déficit sans projet pour notre pays, sans vision d’avenir comme nous le vivons depuis maintenant plus de dix ans est à mon sens une fuite en avant qui réduit nos marges de manœuvres. Sans projet, pas de réformes, sans réformes, pas de réduction à terme de nos déficits et de notre endettement, et un jour alors, le point de rupture sera atteint, avec des conséquences que je ne sais pas imaginer aujourd’hui pour notre pays.

Quelle dette pour la France de 2007 à 2012 ? Messieurs, à vos claviers.


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