Quelle est la valeur ajoutée de la marque France en 2013 ?

par Didier Cozin
jeudi 1er août 2013

Tous les consommateurs, tous les citoyens des pays du monde sont des êtres (plus ou moins) rationnels. Avant d’acheter une denrée alimentaire, avant d’acheter un vêtement, une voiture ou un séjour au bord de la mer les français réalisent des calculs : face à l ’hyperchoix (je peux acheter ma housse de téléphone portable chez Darty, dans un hyper, chez un cyber commerçant ou encore directement chez un revendeur à Hong Kong via Ebay, je peux partir en Espagne ou à Palavas les flots) ils vont arbitrer en recherchant le meilleur rapport qualité-coût –performance (ce que mettent en avant les associations de consommateurs comme les nombreux tests ou avis d’acheteur sur Internet).

Le citoyen (devenu consommateur depuis les années 70) des pays développés est donc désormais informé, même sur-informé.

Avant d’acheter quoi que ce soit (même sa baguette de pain) il peut se faire une opinion, il peut faire ses courses partout dans le monde (dans un hyper local mais aussi sur Internet). Jadis il était difficile de se procurer des marchandises (y compris de la nourriture) aujourd’hui les entrepôts et magasins regorgent de marchandises, ce qui manque ce sont des clients (solvables de préférence).

Le consommateur (et tout le monde est à un moment ou à un autre de la journée un consommateur, qu’il soit de droite ou de gauche) n’est plus cette petite chose fragile et manipulée, enserrée dans une règlementation ou obligés d'acheter des produits made in France, heureux de trouver enfin le produit qu’il recherche près de chez lui et faisant confiance au commerçant qui le lui vend.

A ce jeu nouveau d’une économie globalisée et totalement ouverte sur le monde, où les tomates, les œufs, les voitures ou les vêtements peuvent être produits à 10 000 km et se retrouver dans nos caddies ou nos paniers d’achats Internet, à ce jeu nous perdons désormais à presque tous les coups (laissons de côté le tourisme, Airbus ou le Luxe qui sont des exceptions).

A ce jeu donc du perdant-gagnant (tu vends et tu gagnes, je t’achète tout mes produits et la plupart des services et je perds mes emplois, mes richesses, mon savoir faire) les français se sont acclimatés depuis les années 70 : fin des quotas d’importation de biens électroniques (et oui jusque dans les années 70 les appareils photos japonais étaient importés au compte goutte ! ) grignotage subtil et progressif de parts de marché (les voitures japonaises ont commencé très modestement à se vendre en France dès les années 70), nouvelles habitudes de consommation où la provenance perd de son importance.

Quand plus aucun bien électronique n’est fabriqué en France que m’importe qu’il soit fabriqué en Chine, en Thaïlande ou en Pologne ?) et surtout peut on croire que peu importe que mon Iphone ne soit pas fabriqué (ni même conçu) en France l’important étant l’intelligence de l’utilisateur qui lui saurait tirer parti de ces produits et machines intelligentes et en faire des leviers pour sa vie ou son travail.

La France et les français se sont donc totalement habitués à importer ce qu’ils ne pouvaient, ne savaient ou ne voulaient plus fabriquer. La balance de notre commerce extérieur depuis les années 2000 reflète et marque 2 réalités irréfutables désormais :

 

Nous croyons naïvement que notre position avantageuse au centre de l’Europe, nos infrastructures de qualité, la beauté de nos paysages ou notre prestigieux passé, tout ce mix fera de nous d’éternels gagnants de la compétition mondiale. C’est un leurre.

C’est un leurre pour au moins 3 bonnes raisons :

  1. Personne ou presque n’achète un produit ou un service pour les beaux yeux de la marchande (de plus en plus caché sur un site Internet). Un consommateur achète une Peugeot si il estime qu’elle lui apportera plus qu’une Toyota ou qu’une Volkswagen pas parce que les français ont été parmi les premiers à fabriquer des voitures à la fin du XIX ème siècle
  2.  Il n’y a plus qu’un seul système économique et social dans le monde, il s’appelle le système libéral. Ce système n’est pas une idéologie comme le communisme ou le socialisme (qui doivent suivre des préceptes dignes des tables de la Loi) mais une perpétuelle adaptation à l’environnement économique, financier, humain, cognitif.
    Si les 1,5 milliards de chinois mangent à leur faim et disposeront peut être de la plus puissante économie dans 5 ou 10 ans c’est parce qu’ils ont bien compris que c’est en libérant le travail et l’initiative qu’on développe l’activité, pas en l’encadrant et en la planifiant comme du temps de Mao (qui provoqua la mort de dizaine de millions de chinois avec diverses campagnes communistes de développement et de communication comme le « grand bond en avant » )
  3. La confrontation entre les pays et les systèmes économiques et sociaux se fait désormais par le commerce et les échanges. La guerre est économique, monétaire et financière. C’est à la fois rassurant car aucun bombardement ou invasion de chars ne nous guettent mais aussi très trompeur car un pays peut perdre totalement son indépendance tout en croyant bien se porter. Si les français ne sont plus propriétaires des entreprises de leur pays, ni de leurs plus beaux bâtiments à Paris, s’ils ne parviennent plus à travailler et à maîtriser leur économie, ils deviennent des vassaux d’autres nations plus entreprenantes et laborieuses.

En 1940 quand les nazis défilaient sur les champs Elysées il était difficile de prétendre que nous n’avions pas perdu la guerre (malgré notre ligne Maginot) et aujourd’hui c’est bien notre indépendance économique et sociale que nous sommes entrain de perdre à coup de déficits répétés du commerce extérieur

Notre défaite est certes plus subtile que durant la seconde guerre mondiale mais dans une planète affamée et comptant bientôt 10 milliards d’habitants que vont peser les 65 millions de français avec leurs petits avantages sociaux et habitudes de vie confortable, tranquille et préservée ?

 


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