Questions d’un idiot naïf sur l’économie

par Michel Koutouzis
mercredi 31 mars 2010

 Le bouclier fiscal coûte à l’Etat 700 millions d’euros annuels. Bien. Ouvrons en passant une parenthèse : D’après l’ex ministre du budget qui en a fait virilement son affaire, les fraudeurs ayant déposé leurs sous à l’étranger et qui ont bien voulu négocier avec lui ont « rendu », plus ou moins la même somme. Question. Ceux qui profitent du bouclier et ceux qui se font prendre sont-ils les mêmes ? Parce que, dans ce cas, dans le cadre de la simplification et de la modernisation de l’Etat tant énoncée, ne vaudrait-il pas mieux sauter quelques cases et élargir le bouclier à tout le monde ? Vous me direz, 700 millions, c’est des clopinettes.
 
L’Etat paie chaque semaine - il y a 48 semaines dans l’année - exactement le double en intérêts de sa dette. Il est magnanime, l’Etat. Il prête à 1% à ceux qui lui prêtent à 4%. Ca, c’est l’économie du marché. La banque centrale, elle, n’a pas le droit de prêter aux Etats, Régions, Mairies, Préfectures et tutti quanti. Elle ne prête qu’aux banques, qui, tout le monde sait, ont une gestion exemplaire et un sens du bien public phénoménal. A tel point qu’elles ont toutes fait faillite en prêtant aux pauvres. Par ailleurs, elles sont habilitées à émettre de la monnaie, ce qui est interdit aux Etats - membres. On se demande en passant comment elles ont pu faire faillite. Question. En Irlande, l’Etat nationalise ses banques. Depuis qu’il l’a annoncé et commencé à le mettre en pratique, la dette de ces banques (c’est-à-dire le prix à payer pour les nationaliser) a augmenté d’un tiers.
 
C’est pas grave. Ces mêmes banques vont lui prêter de quoi entrer dans leur capital évaporé. Question. Ces banques nationalisées à quel taux prêteront-elles à l’Etat et aux collectivités locales ? Par ce que les institutions de cotation sont très anxieuses : la dette de l’Irlande est un poil au dessus de celle de la Grèce. Oh là-là, c’est très inquiétant. Par ce que en Irlande, il n’y a pas d’armateurs grecs. Qui viennent de se mobiliser pour donner à Athènes quatre milliards d’euros, c’est-à-dire l’équivalent, à un milliard près, de la souscription de l’emprunt national. Après tout ce n’est que le prix de huit tankers, et comme les transports vont mal à l’aller (au retour de Chine, pas de problème), on peut bien en sacrifier une poignée. De toute façon, ils vont les vendre les uns au autres, en circuit fermé, comme toujours. On veux bien prêter mais pas brader. N’est-ce pas ? 
 
C’est exactement ainsi que fait la Chine : elle aide les secteurs clé sans emprunter au privé. Et avec le râble, elle continue à investir aux bons du trésor américain et à acheter des entreprises aux Etats-Unis et en Europe. Qui n‘empruntent jamais. Tout au plus elles sont font aider par des fonds des régions et de l’Etat qui, pour ce faire, empruntent aux banques.

Et on dit que ceux qui rêvent d’autres règles dans l’économie sont des lunatiques fuyant la réalité. Des désordonnés, des utopistes, des irrationnels…


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