Qui bosse dans ce pays ?
par Clojea
vendredi 21 mai 2010
Sujet risqué car peut-être certains vont pousser des cris d’Orfraies mais ça fait un moment que cela me démange d’écrire un billet là-dessus.
Depuis que les 35h ont été votées par Martine Aubry, approuvées par le haut patronat français, notre pays d’un point de vue économique ne s’en remet pas...
Pour le lancement des 35h, Lionel Jospin et Martine Aubry parlaient de la création de 900 000 emplois. Après coup, certains ont dit que cela a créé 350 000 emplois et d’autres ont soutenu que ce n’est pas cette mesure qui a favorisé les emplois. Avec force publicité et bourrage de crâne, l’avènement des 35h devait être fantastique.
http://fr.wikipedia.org/wiki/35_heures
D’après mes observations de citoyen lambda, un certain nombre de petits patrons qui ont entre 4 et 15 salariés m’ont dit unanimement que cette mesure les plombait. Pourquoi ? Parce que 35h payé 39h, peu ou pas de diminution de charges, et une production sans cesse croissante à assurer. Résultat, un bon nombre de ces petits patrons travaillent plus eux-mêmes et n’ont pas embauché. Mais qui donc a embauché ? Bonne question, en tous cas pas les petites entreprises, ni les employeurs individuels.
Les grands perdants de cette stupidité économiques sont le domaine hospitalier, le commerce en général et les métiers de bouche. Dans ces professions il a fallu faire face à moins d’heures de travail mais à autant si ce n’est plus de demandes, donc casse tête chinois.
Depuis, bon nombre de politiques de droite comme de gauche ont déclaré que c’était un échec, mais comment revenir dessus, d’autant plus que la machine infernale syndicale s’en mêle et comme souvent bloque tout.
Une société, quelle qu’elle soit, ne peut pas prospérer s’il y a de moins en moins de production et de plus en plus de loisirs. C’est un principe simple, basé sur le bons sens. Une civilisation qui n’est basée que sur les loisirs ne peut pas fonctionner durablement. Du pain et des jeux, mais Rome s’y est perdue.
L’inverse est vrai également, une société qui ne fonctionnerait que sur de la production à outrance verrait ses travailleurs se révolter, comme cela s’est passé au début du 20 ème siècle. Travailler 70h dans des conditions pénibles n’est pas la solution non plus. Mais alors, que dire de certains commerçants, hôteliers, restaurateurs, bouchers, charcutiers, boulangers, en bref tous ces petits patrons qui travaillent entre 50 et 70h par semaine ? Car, en mettant plus de loisirs à disposition pour certains, cela implique que ceux qui travaillent dans des professions de services soient disponibles au moins 12h sur 24h, si ce n’est plus. Bémol, car comment font-ils ? Embauchent-ils plus ? Non car les charges salariales et patronales ne diminuent pas.
Curieusement la solution pour que les petits patrons embauchent est simple. Il faudrait une diminution substantielle des charges.
Exemple : 1300€ brut versé à un salarié. Ce dernier va toucher à peu près 1000€ net. Déjà, pour lui, 300€ de moins. Mais le patron doit verser 650€ environ à l’URSSAF plus le reste (médecine du travail etc…). Ce qui fait un total d’un peu plus de 2000€ qui sort de la poche de l’entreprise, alors que seulement 1000€ va aller dans la poche du salarié. Cherchez l’erreur.
Jamais des gouvernements de droite comme de gauche n’ont envisagé de baisser les charges. Et pourtant c’est une solution simple pour embaucher plus, et enrayer la délocalisation dans des pays étrangers. Redynamiser l’économie n’est pas forcément compliqué.
En parlant de délocalisation, j’ai toujours trouvé abject que des grosses boites partent installer des usines de production dans des pays ou la main d’œuvre est sous payée. C’est tout simplement scandaleux.
En fait qui fait marcher les choses dans ce pays ? La classe moyenne, les petites PME, PMI, commerçants, artisans et professions libérales. Je ne veux pas dire que les ouvriers, employés, et les fonctionnaires ne travaillent pas, je veux juste souligner ici que le poumon économique du pays est les petites entreprises, et que jusqu’ici elles n’ont pas la tâche facile. Arrêtez de tirer sur le pianiste, comme dirait l’autre…
D’ailleurs les fonctionnaires sont payés par l’Etat, donc par les contribuables et les petites entreprises.
Une des solutions ? Baisse de charges patronales et salariales pour les entreprises, et SMIC décent pour tous. J’ai toujours trouvé aberrant qu’il y ait autant de disparité entre les salaires et j’ai toujours pensé qu’un travailleur quel qu’il soit devrait avoir un salaire décent pour vivre et arrêter de se demander s’il va pouvoir boucler ses fins de mois. Il est effectivement scandaleux de voir une minorité recevoir des salaires pharaoniques pendant que d’autres ont un minimum qui n’assure pas ou à peine la survie décente.
L’amalgame facile de certains qui prennent un malin plaisir à taper sur les petits patrons, ne se rendent pas compte que si ce pays fonctionne, c’est grâce à eux. Pas d’entreprises, pas de production, pas de travail donc pas d’argent qui circule. L’inverse est vrai aussi. Taper sur les ouvriers et amoindrir leur travail = peu ou pas de production donc pas d’argent qui circule.
Donc un gouvernement qui commencerait à réfléchir sur comment soulager les charges relancerait l’économie. Pas la peine d’élaborer des théories fumeuses ou de tirer des plans sur la comète. Mais peut-être est-ce trop facile ?
En tout cas, voici une citation à méditer :
« Certains considèrent le chef d’entreprise comme un loup qu’on devrait abattre ; d’autres pensent que c’est une vache que l’on peut traire sans arrêt ; peu voient en lui le cheval qui tire le char. »
Winston Churchill