Rafistolage économique

par Phileas
samedi 29 octobre 2011

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont très certainement évité un désastre à l'Europe, en bricolant un accord qui abordait certaines des grandes questions de conduite dans la crise économique européenne : la dette grecque, la fragilité bancaire, mais également le potentiel de contagion à d'autres pays, comme l'Espagne et l'Italie.

Mais ne nous laissons pas emporter par trop d'optimisme : la crise de la dette souveraine européenne n'est pas résolue pour autant, ni les contradictions politiques au cœur du système de l'euro qui est l'une des principale origine de cette crise.

À moins que des réformes plus fondamentales soient menées dans les prochains mois, le scénario probable qui attend les européens sera donc une cure d'austérité pour encore quelques années.

En revanche, la perspective immédiate d'une autre crise financière mondiale telle que celle que nous avons vécu en 2008 a fortement reculé. En persuadant les investisseurs privés de prendre à leur compte cinquante pour cent des avoirs de la dette grecque, en obligeant les banques européennes à lever davantage de capitaux,sous la forme d'investissements publics, Merkel et Sarkozy ont démontré leur capacité à mener une action concertée ( ce que de nombreux investisseurs doutaient jusqu'à présent), se ralliant ainsi à Wall Street et à d'autres places financières internationales.

En plus de l'allègement de la dette Grec et la promesse de consolider les banques, les dirigeants européens ont convenu d'étendre le fonds de sauvetage européen, en utilisant de l'ingénierie financière, en partie en faisant appel à de nouveaux fonds ; principalement chinois.



Selon le Financial Times , le gouvernement de Pékin a déjà accepté le principe d'investir jusqu'à 100 milliards € dans le Fonds européen de stabilité financière élargi, ce qui pourrait, en théorie, aider et sufir à venir en aide à l'Espagne ou à l'Italie avec le même type de plan de sauvetage utilisé pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal.

Cependant, de nombreux détails doivent encore être résolues et mises en œuvre ; dans un accord qui ne définit que la trajectoire principale.

Même si les banques européenens acceptent le principe de réduire la dette le grecque de 50% de sa valeur originelle, les négociations avec les investisseurs individuels prendront des semaines ou des mois à se réaliser.

Pendant ce temps-là, l'économie grecque continuera très probablement à plonger davantage, ce qui ne manquera pas de soulèver de nouvelles interrogations sur sa capacité à rembourser les 50% de sa dette restante (qui continuera de représenter environ cent vingt pour cent de son PIB).

Quand je dis que la crise de l'euro n'est pas fini, je veux dire que ce paquet ne résoudra pas le problème sous-jacent que de nombreux pays en dehors de la Grèce traversent. L'Italie par exemple dont le taux d'intérêt sur les obligations n'est pas très éloigné de la Grècei, ce qui indique que les investisseurs restent réticents à prêter à un pays dont la croissance économique a presque cessé et où le gouvernement semble être définitivement sur le point de s'effondrer.

La Banque centrale européenne n'a pas la possibilité de prêter aux Etats membres comme elle le voudrait tant que l'Allemagne exerce un droit de veto sur toutes les questions ayant attrait au pouvoir de la banque centrale. L'accord décidé hier n'a rien fait pour résoudre l'ambiguïté sur son rôle dans cette crise. Tant que cette ambiguïté demeure, les spéculateurs ne cesseront pas leurs attaques contre la zone euro marchés de la dette.

L'Union européenne devra très prochainement harmoniser ses politiques fiscales : les perspectives de la survie de la monnaie européenne dépendra des réformes fondamentales de la gouvernance européenne, impliquant des limites importantes à la souveraineté nationale, pour laquelle il existe peu ou pas de soutien public.

La tâche va donc être dur pour François Hollande de tenir et de faire croire à une autre ligne politique que celle tenue par Nicolas Sarkozy. L'Europe est de plus en plus allemande et la politique économique va de plus en plus échapper au précaré du territoire national.


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