Réduction des dépenses : Info ou intox ?

par ÇaDérange
lundi 8 février 2010

Enfin voila que nos gouvernants s’intéressent subitement à l’équilibre de nos finances publiques !! Non seulement aux déficits budgétaires annuels que nos hommes politiques ont régulièrement votés tous les ans depuis trente ans, que l’activité économique soit délicate ou florissante, mais aussi à la dette accumulée de ce fait tout au long de ces années et enfin aux mesures à prendre pour ramener et les uns et l’autre dans les clous de Maastricht qui, rappelons le, sont d’un déficit budgétaire maximum et d’une dette ne dépassant pas respectivement les 3pct et les 66pct du Produit Intérieur Brut du Pays( de l’ordre de 1850 milliards d’euros).

Le Président Sarkozy vient de convoquer à ce sujet une Conférence nationale sur le déficit à laquelle il aurait souhaité la participation de tous, tellement il lui semble essentiel de disposer d’un consensus de tous les partis pour que ce gigantesque effort se poursuive pour toute la durée des 15 à 20 ans nécessaires pour y arriver, et ce quels que soient les partis au gouvernement. Une approche consensuelle à l’allemande en quelque sorte. Làs ! Les élus régionaux de gauche ont aussitôt refusé d’y participer de peur d’y être stigmatisés comme trop dépensiers au titre de la composante "régions" de ces déficits.

Pourquoi cet intérêt soudain alors que depuis des années personne ne s’y est intéressé sauf anecdotiquement ? Pour plusieurs raison. D’abord Bruxelles a sifflé le fin de la récréation après deux années de crise qui a laissé les gouvernants des pays membres faire tout et importe quoi pour stimuler l’économie au détriment de l’orthodoxie budgétaire. Il fallait le faire,c’est sûr, et les différents gouvernements l’ont fait, mais il faut désormais en revenir à des méthodes plus classiques et aux fondamentaux du traité de Maastricht si l’on veut "sauver" l’euro et conserver une crédibilité vis-à-vis des investisseurs et banquiers qui vont maintenant devoir nous prêter massivement pour que nous nous en sortions. Ce sont pas moins de 2200 milliards d’euros soit 19 pct du PIB européen que les différents pays vont devoir trouver à emprunter cette année, dont 450 milliards pour la France. Bruxelles a donc demandé au pays membres de lui fournir leur tableau de marche pour revenir aux critères de Maastricht

Or on entend déjà des craquements dans certains de ces pays. La Grèce et le Portugal ont ainsi vu leur qualité d’émetteur dégradée par les agences de notation de AAA à BBB+ pour la Grèce (=proche de la faillite). On désigne les 5 pays les plus endettés dans le monde anglosaxon par l’acronyme Piigs( cochons) pour Portugal, Irlande, Italie, Grèce,et Espagne. Sans compter la Grande Bretagne, hors zone euro, très endettée désormais. Seule l’Allemagne a su bien gérer sa situation par une rigueur budgétaire permanente depuis des décennies mais elle s’inquiète pour la stabilité de l’Euro dont elle est le principal supporter et quasiment le seul supporter crédible. Elle a mis en place constitutionnellement une limite maximale de 0.35 pct de déficit budgétaire en 2016 et s’est engagée à forcer ses länder, l’équivalent de nos régions, à l’équilibre budgétaire à partir de 2020. C’est dire qu’ils sont largement plus en avance que n’importe quel autre pays membre dans le retour à l’équilibre budgétaire.

La France n’est pas en très bonne situation du fait des dettes accumulées en trente ans et de l’absence d’action gouvernementale pour redresser cette situation qui ne rendent pas très crédibles ses velléités de redressement. Il est clair que si nous n’étions pas en zone Euro, l’ensemble des pays ci dessus aurait du dévaluer et que seule l’Allemagne et son mark aurait résisté à la crise. De ce fait là, l’Euro est désormais sous pression et a chuté de plus de 10pct par rapport au dollar ce qui va augmenter mécaniquement le cout de nos approvisionnements( pétrole et matières premières) et déséquilibrer la balance des paiements mais nous permettra d’exporter plus facilement face à l’industrie américaine en particulier.

Autre raison de l’intérêt porté désormais à l’équilibre budgétaire, c’est que les français qui savent qu’en fin de compte ce sont eux qui devront payer la note sur leurs impôts et leur train de vie, y sont désormais plus attentif. Un sondage à montrer que 75 pct d’entre eux en sont inquiets et que 92 pct sont favorables à la réduction des dépenses de l’Etat.

Il faut donc montrer que l’on agit. Voici un florilège des actions annoncées :

Tout ceci pour dire que derrière les rodomontades officielles, il ne se passera rien que des petites choses ici et là et que nous ne comptons finalement que sur...le retour de la croissance.Si vous vous référez à mon titre, vous ne serez pas surpris que je conclue en vous disant que nous sommes malheureusement dans de l’intox...      


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