Réforme bancaire : des adversaires devenus amis du pouvoir !
par Denis Szalkowski
jeudi 14 février 2013
Inutile de revenir sur l'infiltration des banques d'affaires françaises dans le 1er cercle de François Hollande ! Nous pourrions parler de la présence d'Emmanuel Macron, le secrétaire général adjoint de l’Élysée, qui fut dans une autre vie associé-gérant de la banque Rothschild. Il faudrait aussi évoquer les conseillers du prince, alors que le Présisent de la République française n'était alors qu'un simple candidat, qui, en pleine injonction paradoxale, lui avaient suggéré de déclarer la guerre à la finance.
La réforme bancaire n'aura pas lieu !
La seule réelle avancée de la réforme était de limiter le trading haute-fréquence en ramenant l'intervalle des ordres d'achat et de vente à 0.51 s. Or, Pascal Canfin, le ministre EELV du développement durable, a rappelé le 21 janvier dans le 7-9 animé par Patrick Cohen que : "le trading à haute fréquence est une activité qui ne se fait quasiment pas en France. Elle se fait à Londres ou ailleurs. On peut l’interdire en France, ce n’aura aucun impact sur la réalité des marchés."
Concernant l'amplitude de la réforme, les banquiers entendus à l'Assemblée Nationale ont reconnu que la séparation des activités spéculatives ne concernait que 1% de l'activité bancaire. Dans l'esprit de François Hollande et du gouvernement, il n'a jamais été question de séparer les banques de dépôts et d'affaires, comme avait pu le faire Roosevelt en 1933 aux États-Unis avec le Glass-Steagall Act. L'intérêt de la séparation des activités bancaires est avant tout de nous prémunir d'un risque systémique impossible à contrôler quand les activités sont fusionnées. La filialisation en entérinant le statu quo ne nous protège donc de rien.
Alors, ceux-là mêmes qui réclamaient cette séparation à corps et à cri sont aujourd'hui en train de rétropédaler, dans un grand numéro de renoncement assez pitoyable, se faisant les passe-plats - réchauffés - d'un pouvoir qui conduit une politique ayant le souci de préserver les intérêts de ses amis de la finance ! Même à droite, Jean-Christophe Lagarde, proche de Jean-Louis Borloo, a dénoncé un texte vide. Et lorsque Pierre Moscovici martèle à qui veut l'entendre des avancées vers un durcissement de la réforme bancaire, Thierry Mandon, député socialiste, parle quant à lui d'amendements cosmétiques.
C'était le 22 janvier au Bourget. François Hollande donnait un nom à son adversaire :"Cet adversaire, c'est le monde la finance !"
A lire pour comprendre
"Réforme bancaire : comment le gouvernement s’est écrasé devant le monde de la finance"