Remous dans la pensée économique

par ZEN
vendredi 23 septembre 2016

 Crise en cours  

            Régulièrement, la pensée économique connaît des périodes de remises en question et parfois de vifs conflits.
 Et pas sur des queues de cerises. Et pas seulement en France.
 Car l'économie est une discipline dont les enjeux ne sont pas sans incidences sur notre vie quotidienne.

 C'est assez excessif de parler de guerre à propos de l' affrontement entre des théoriciens de l'économie.
 La querelle n'est cependant pas anodine, car de la vision de certains économistes dépendent souvent de décisions politiques de fond , de choix de société qui ne sont pas neutres. Et d'autre part, les choix politiques dominants ne sont pas sans influencer certains postulats en recherche économique..
 Une économie fondée sur des principes néolibéraux, issus de la pensée de l'école de Chicago, de tendance reaganienne et thatcherienne, ne peut avoir les mêmes impacts sur les décideurs que celle fondée sur les notions de redistributions, de solidarité, de politique monétaire et sociale progressiste.. On le voit avec le débat autour des études de T.Piketty, en France comme aux USA, où la réflexion sur les sources des inégalités croissantes devient l'objet des recherches.
   Entre les"bons", qui ont pignon sur écran, souvent engagés dans des conseils bancaires, et les hétérodoxes, qui exercent leur esprit critique sur les données de l'économie dominante, il y a plus que des détails. Un engagement de fond sur les questions de société.

 Le problème s'est récemment posé à propos des thèses de Jean Tirole, A l'époque on soulignait que l'économie n'est pas une science dure, comme le soulignait déjà Levi-Strauss, qu'elles comporte de grandes marges de choix et d'incertitudes, d' a priori et d'impensés. 
 La crise a bien montré à quel point beaucoup se sont trompés. Une certaine pensée économique peut même être une imposture, en fonction de certains choix préalables non interrogés..Son enseignement devrait être revu et il est des présupposés à repenser, un formalisme mathématique qui interdit tout débat de fond...
 La plupart n'ont rien vu venir, comme certains l'ont reconnu. Il arrive même qu'on puisse dire tout et le contraire de tout. Cela relativise un peu...(*)
     [ -Krugman fustigeait naguère "la cécité de la profession sur la possibilité de défaillances catastrophiques dans une économie de marché"."Durant l’âge d’or, les économistes financiers en vinrent à croire que les marchés étaient fondamentalement stables - que les actions et autres actifs étaient toujours cotés à leur juste prix"---- M. Greenspan avouait qu’il était dans un état d’ « incrédulité choquée » car « l’ensemble de l’édifice intellectuel » s’était « effondré ». Cet effondrement de l’édifice intellectuel étant aussi un effondrement du monde réel de marchés, le résultat s’est traduit par une grave récession"( P.K.)_«  Lorsque dans un pays le développement du capital devient un sous-produit de l’activité d’un casino, le travail est susceptible d’être bâclé. », disait Keynes.]

 Bref, une "science" en question, souvent aveugle à ses postulats.
 C'est que la discipline économique n'est pas une science exacte, comme le reconnaissait Lévi-Strauss, comme l'admettent la plupart des économistes un peu honnêtes. Les mathématiques, qui prennent souvent une place démesurée dans la discipline, ne sont pas un gage de scientificité.
 Ce n'est pas la guerre mais un affrontement normal sur le statut, la fonction, la rigueur d'études qui sont parfois menées avec des lunettes à courte vue libérale, des préjugés assumés, parfois des engagements tus.
 Une science imparfaite, à pratiquer avec beaucoup de circonspection, de prudence. Ce qui n'exclut pas l'audace et l'engagement.


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