Réponse à Marianne : la troisième voie économique, nous naissons avec
par ddacoudre
mercredi 22 octobre 2008
Les idéologiques sont nos propres limites « d’Être perdu » car elles exigent le nécessaire besoin de disposer de repères visibles préhensiles. C’est l’objet de toutes les vérités, de tous les idéaux, de tous les projets de société. C’est le but de tous nos rêves, de toutes nos études scientifiques et interprétatives. Cet amas de déterminants, nous le censurons et nous y choisissons ceux qui nous paraissent fondamentaux, sous l’influence de notre nature émotionnelle dépourvue du libre-arbitre.
D’une part, parce que nous n’avons pas les moyens intellectuels de tous les connecter entre eux, et d’autre part parce que nous nous éduquons en censeur. De telle manière qu’en systématisant un certain nombre de déterminants qui suscitera l’adhésion individuelle ou collective, nous aurons élaboré une idéologie, un concept.
Idéologie, ce mot définissant une notion s’appréciant de diverses manières. Avec Marx son sens est négatif, il désigne les fausses idées que se font les hommes de la réalité sociale. Chez les politiques, il désigne des systèmes d’idées.
Aujourd’hui, les sociologues considèrent qu’il désigne un ensemble d’idées relatives au politique et au social sans préjuger de leur validité. Cela parce que s’interroger sur leur validité nous conduit à deux analyses : une où, mus par leurs sentiments et leurs intérêts, les hommes se laissent facilement aveugler par des idées ou croyances douteuses, voire fausses, pour peu qu’elles s’enchaînent logiquement ; l’autre met en évidence le fait qu’un homme en tant qu’acteur social ne peut, de manière certaine et affirmative, pénétrer, traduire son environnement sans devoir l’interpréter à l’aide d’idées, de représentations, de conjectures, de théories et de jugements dont la détermination de leur validité est toujours incertaine et partielle. Et ce, quel que soit le poids de la science et de la raison.
Mais leur poids peut nous aider à réduire l’incertitude, à fixer des voies. Des voies jalonnées pour bifurquer sans se perdre, et permettre l’émergence de nouvelles idéologies.
Nous ne devons pas oublier que notre intelligence ne découvre que ce qu’elle peut comprendre et, à partir de là, nous ne devons pas faire comme nos prédécesseurs, croire avoir atteint des sommets alors que nous venons peut-être que de franchir un seuil.
Pourtant, rien n’est écrit d’avance, d’autant plus que les sociétés laïques porteuses d’un idéal républicain sont en déclin. Elles ont trop cru qu’une économie libérale était synonyme de démocratie, et qu’il suffisait de se faire l’apôtre du libéralisme, pour voir l’idéal républicain se développer ; qu’il suffisait, d’une part, d’aboutir à une « employabilité » capitaliste en amenuisant l’activité socialisante syndicale des citoyens pour qu’ils fassent l’éloge de la République ; qu’il suffisait d’autre part de respecter les confessions, pour qu’elles ne deviennent pas un recours idéologique identitaire devant la faiblesse et la réduction de l’action socialisante du travail, définie comme charge.
D’une certaine manière, la laïcité républicaine est attaquée de tout bord, autant par les initiatives privées, que par celles confessionnelles. Si bien que les responsables politiques, qui ne sont que le reflet de leurs électeurs, s’appauvrissent dans leur débat, incapables de reformuler des idéaux qui se réforment devant les événements. Et leur rôle de guide s’est transformé en celui de gardien d’un potentiel mercantile, sans philosophie autre que son expansionnisme.
Y a-t-il alors déviation, reformulation ou transformation idéologique ?
C’est à chacun d’en avoir une idée. En dehors de cela, il n’y a aucune raison que l’idéal républicain reste intangible. Pourquoi échapperait-il à l’évolution ?
L’histoire humaine nous démontre que rien n’est spontané, que tout s’élabore dans le creuset des prédécesseurs, même les religions qui déclament la vérité se sont construites au cours des siècles à partir de fragments de celles qui les ont précédées. Ce n’est pas pour autant mécaniste. Cela repose sur la transmission générationnelle du « message » et aucune civilisation n’a disposé d’autant de données que la nôtre sur ce qu’était son existence, et de ce que nous pensions être.
Toutes les idéologies que nous élaborons sont des idéaux éculés, transfigurés par la technologie et les nouvelles s’élaborent sans que nous n’en ayons conscience, quels que soient les efforts déployés pour les maintenir dans le creuset du passé.
Je m’en explique. Je n’aime pas particulièrement les comparaisons avec le monde animal, mais je vais me servir pour l’exemple d’une étude réalisée sur une population de scarabées parue dans Science et vie n° 112 de janvier 2002.
Une équipe de chercheurs, biologistes et mathématiciens ont étudié pendant six ans une centaine de scarabées. Pour modéliser cette dynamique, ils doivent faire un choix. Soit ils considèrent les scarabées comme un ensemble d’entités "discrètes" définies chacune par des probabilités de mortalité et de reproduction, soit ils les voient comme un ensemble continu, dont les variations ne sont plus individuelles, mais globales.
Problème : les prévisions sur la dynamique des populations peuvent être radicalement différentes selon le modèle utilisé. Leur modèle discret (individuel) produit une population régulière (cyclique) ; leur modèle continu, une dynamique chaotique… Pis encore, les variations de la population observée ne correspondent à aucun de ces deux modèles, mais un peu des deux à la fois… Les chercheurs suggèrent qu’un « mélange des deux modèles, continu et discret, sera sans doute nécessaire pour avoir une compréhension complète des systèmes de populations ».
Ainsi, vu la difficulté que représente la compréhension de l’évolution d’un système simple (évolution d’une population de cent scarabées), il est aisé d’imaginer, et c’est là le parallèle que je voulais faire, qu’avoir une idée d’une idéologie future d’un être qui pense, ne peut venir d’une étude discrète (individualiste) ou continue (collective ou holisme) du comportement des hommes, d’où, à partir de là, la nécessité de regarder nos idéologies comme des étapes réformables.
Problème : une idéologie doit faire rêver en une espérance pour être convaincante, et c’est là nos limites momentanées.
Nous aimons tellement rêver, et le libéralisme y contribue si fort et si bien par l’illusion de l’expression de nos émotions, que toutes les autres idéologies d’approches commerciales apparaissent déviantes, et que nous sommes dans une régression sociologique dynamique violente, d’agrégations d’effets pervers.
Mais, il ne faut pas se tromper de cible…
Ce n’est pas le rôle d’échange de la monnaie que je mets en cause, mais les névroses qu’elle développe au travers des critères d’obtention, particulièrement celui de culpabilité, d’infériorité et de libération de désirs violents.
Si ce n’est pas une maladie que d’être riche, tous ceux qui ne peuvent l’être deviennent malades, et c’est ce mal là qu’il faut soigner. Comme je ne suis pas docteur en économie ce n’est pas de moi que viendra la solution, mais de nous tous, quand nous aurons cessé de croire que chacun d’entre nous est un petit roi.
Quand nous appréhenderons, le fait que ceux qui nous le font croire se nourrissent de notre espérance ; quand nous aurons assimilé que la monnaie est notre reflet ; quand nous comprendrons et changerons nos comportements, alors nous modifierons son rôle, tout comme celui de la loi du marché.
La monnaie n’a jamais tué personne, et si des êtres se sont donnés la mort à son sujet ce sont leurs projections névrotiques qui les ont tués, et non une ligne de chiffres sur un bout de papier.
Il en est de même pour la Bible, le Coran et autres écrits qui, posés sur une même table, se couvrent de poussière, et jaunissent à la lumière.
Il ne faut donc pas se tromper de cible.
Je dis souvent à des amis toujours en activité qu’il faut qu’ils investissent les médias et la télé par la force pour s’octroyer un droit d’antenne afin de donner un espace d’expression à toutes les idées qui se développent on the grounds, il leur faut redonner une place aux débats d’idées.
Pourtant, il y a une richesse quasi éternelle, celle qui naît avec nous, notre « intelligence » et, quand dans 250 ans il n’y aura plus un seul minerai à exploiter pour produire un bien, c’est elle qui nous sauvera, si nous avons su la développer et non l’assujettir au néolibéralisme capitalistique comme le propose notre président dans la suite de bien d’autres.
Ne vaut-il pas mieux payer des hommes à s’instruire plutôt qu’à produire des biens inutiles.
Est-il si difficile de comprendre que l’on n’a pas besoin (par bonheur) du travail de tous et qu’une décroissance sélective anticipera ce qui se produira de fait.
Est-il si difficile de comprendre que l’opposition idéologique est à la vie politique ce que les minéraux sont à l’eau indispensable au bien-être d’une démocratie républicaine.