Sarko super-héros ?

par Florent C.
lundi 20 octobre 2008

La presse française est formelle : après avoir été le chantre du libéralisme, notre président pencherait désormais vers l’étatisme primaire. Après avoir chanté la gloire des modèles anglo-saxons, la vertu de l’endettement et les "fabless company", il aurait retourné sa veste pour devenir le fer de lance de l’interventionnisme public et de l’économie réelle... !

A la lueur des 3 % de popularité supplémentaires acquis dans le chaos économique mondial, le marketing présidentiel aura de nouveau réussi le tour de passe-passe de mai 2007 : rouler l’opinion dans la farine !

En effet, de la même manière qu’il aura maquillé, l’an passé, son mercantilisme en libéralisme bon teint, faisant la part belle à l’initiative individuelle et au mérite face à l’assistanat et l’oisiveté, il cache désormais son conservatisme et la défense d’une caste décadente derrière un retour de l’état sauveur de l’épargne des ménages.



Qui peut croire, qu’un militant politique, de surcroît suffisamment intelligent pour être élu président de la République, puisse en si peu de temps reformater ainsi son "logiciel" idéologique ?

A l’inverse de tout ce qui s’écrit, l’action présidentielle reste tout à fait cohérente de la pensée originelle de la droite légitimiste dont elle s’inspire : celle qui a consisté depuis un an à engraisser une "noblesse" nationale par la création de nouveaux monopoles privés, à l’épargner de tout effort sous prétexte qu’elle constituait la locomotive économique du pays. Celle qui, en brandissant les valeurs de mérite des "self-made men", a réussi à faire voter le peuple pour le pouvoir des Dassault, Lagardère et autres Bouygues, dont le principal exploit aura été de franchir le col de l’utérus maternel. Celle qui, sous prétexte d’efficacité économique, aura dépénalisé le droit des affaires, supprimé les droits de succession et aboli l’impôt de bourse. Celle qui, flattant l’égoïsme possessif d’une majorité, aura bientôt rendu chacun propriétaire de sa santé, son éducation et sa sécurité, bafouant ainsi le principe républicain d’intérêt public ! Celle qui aura accueilli à bras ouvert les Chavez, Khadafi, al-Assad, Bush et Berlusconi !

Et on voudrait nous faire croire que les mêmes individus monopoliseraient la puissance publique pour sauver un système sous le prétexte de la garantie des dépôts des petits épargnants, que le sauvetage de DEXIA éviterait la faillite du tissu de PME français, que l’indexation des parachutes dorés sur un indicateur convenu de réussite des grandes compagnies signerait l’avènement de la juste répartition des bénéfices des entreprises ?

La simple lecture du budget 2009, la non-remise en cause des mesures qui ont montré cent fois leur inefficacité, la proposition récente d’amnistie fiscale des fortunes planquées, les nouveaux projets de réduction des mécanismes de solidarité suffit à décrédibiliser l’appel à l’union nationale du Premier ministre.

Faut-il mobiliser l’effort collectif pour sauver un système qui ne génère plus que des profits individuels et qui abomine la mobilité sociale ? On aura beau agiter le spectre de 29, la question est posée.


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