Vendredi, l’agence de notation Standard & Poors a annoncé qu’elle met sous surveillance négative la note de la France étant donnés les derniers développements sur le budget, dont le déficit 2015 restera le même que celui de 2013. Pas illogique, mais reflet d’une époque dont les répères ne sont pas les bons.
L’ivrogne qui prétend assurer l’ordre
Après, il faut néanmoins reconnaître que cette annonce n’est pas illogique.
Le gouvernement annonçait il y a 18 mois qu’il atteindrait un déficit budgétaire de 3% du PIB en 2015 après avoir fait 4,3% en 2013.
Cet été, le ministre du budget a annoncé qu’en 2014, le déficit atteindra finalement 4,4% et qu’il vise 4,3% l’an prochain repoussant à nouveau de deux ans l’objectif d’un déficit à 3% du PIB. Même si ce dérapage n’est pas si énorme que cela quand on considère ce qui se passe dans le monde, et le fait que presque jamais l’Etat n’a emprunté si peu cher (1,25% à 10 ans), ce qui contredit quelque peu le jugement de l’agence de notation, on peut néanmoins comprendre le jugement de Standard & Poors.
Une perte complète des repères
Au final, même s’il faut relativiser cette annonce, les précédentes n’ayant strictement aucun impact pour la France (ou les Etats-Unis), il reste incroyable que l’on accorde la moindre importance à ces agences de notation dont on se sait pas pour quelles raisons il faudrait leur accorder le moindre crédit après la crise financière de 2008. Non seulement elles ont été aveugles sur la dangerosité des produits structurés issus des subprimes, mais en plus, dans le cas des obligations d’Etats, elles ne semblent que tourner avec le vent, comme on a pu le voir avec la Grèce, ou même avec la France. Leurs notes ne bougent qu’en fonction des évènements récents, sans jamais anticiper quoi que ce soit.
Pire encore, Standard & Poors ajoute sa voix à
celles des austéritaires, qui retrouvent de la voix un peu plus de
18 mois après que le FMI ait finalement tranché en donnant raison à tous ceux, qui, comme Krugman ou Sapir, alertaient sur les dangers des politiques de réduction des déficits publics en cas de faible croissance. Tous les austéritaires, comme Yves Jego, en campagne pour la présidence de l’UDI, samedi sur Europe 1, en font leur miel pour proposer une accélération de l’austérité, alors même que le principal problème des pays européens est le manque de croissance. Il est tout de même effarant de persister à ce point dans l’erreur
alors même que l’expérience 2011-2013 le démontre.
Plus globalement, cet épisode démontre deux choses. D’abord que dans notre époque,
la politique se fait bien à la corbeille, que ce soit sur la compétitivité ou l’austérité. Mais cela montre aussi une incapacité de nos dirigeants à tirer les leçons des erreurs passées.