Stratégies marketing et régulation marchande (2ème partie)
par Johan
jeudi 27 juillet 2006
Quelles sont les raisons du transfert de fonds qui s’opère dans nos économies qui nous même à un « capitalisme anti-fordien » (selon le mot de B. Dugué) ? Cette tendance concerne tant les activités financières que les opérateurs et individus les plus riches (études de Paul Krugman) ?
Ceci est le second des deux articles consacrés aux méthodes marketing. Le payeur dans une régulation marchande est le consommateur. Son arbitrage ne saurait être biaisé sous peine de porter atteinte à son intérêt et à toute la concurrence inter brands (concurrence horizontale). Pourtant les pratiques commerciales ne favorisent clairement pas son choix en conscience.
N.B. Cet article constitue la deuxième partie de ce papier.
4 Les effets Giffen et VeblenCes deux effets conduisent à un paradoxe : plus le prix d’un bien augmente, plus il est demandé. On parle d’élasticité négative.
L’effet Giffen est l’effet qualité. Plus un produit est cher, plus en abhorrer permet sa distinction sociale. C’est une consommation dite ostentatoire.
L’effet Veblen est l’effet qualité : plus un produit est cher plus le consommateur présume qu’il est bon.
5 L’écrémage
Selon les professeurs de marketing de toute école de commerce, en situation de saturation de marché, comme c’est le cas en Occident, il convient pour trouver sa place sur le marché de spécialiser son produit au maximum et de le vendre à prix élevé.
Paradoxe intéressant enseigné dans toutes les écoles de commerce (et en Droit du Marché aussi), plus l’offre est supérieure à la demande, plus il faut vendre cher.
6 La sélection des produits et la « filière inversée »
Manifestement l’opinion du consommateur n’est pas le facteur déterminant du type de produits qui lui sont proposés. Selon les récentes études qui font le bilan et dressent les perspectives du commerce équitable, le consommateur est très majoritairement prêt à payer 10% de plus pour un produit dit « équitable ». Réalité trop souvent ignorée.
Personnellement, en posant cette question : « Tes pompes payées de 60 à 150 euros, faites en Asie, le travailleur qui les a faites a été payé dans les 30, 40 centimes. Tu serais prêt à payer 5 euros de plus si tout l’argent allait à son salaire ? » Jusqu’à présent je n’ai eu que des réponses positives. C’est vrai que c’est moins que 10% de surcoût et que le salaire est multiplié par plus de 5, ce qui rend la réponse évidente. Enfin, pour peu qu’on se pose la question... Vous pouvez vous amuser à essayer autour de vous.
Il faut croire qu’il y a un intérêt supérieur à mépriser les attentes du consommateur que de rémunérer correctement ses salariés. Et puis on sait où ça commence mais pas où ça finit, n’est ce pas ? Après ça va vouloir se syndiquer, ne plus travailler dans les conditions dangereuses, ne plus subir de tests de grossesse,... Peut être même pire : accéder à l’éducation et ne plus vouloir bosser pour un salaire de misère.
C’est bien évidemment comptable. Mais peut être, et c’est plus inquiétant, idéologique puisque ni Adidas ni Nike ni Puma ni Reebok ni Vans ne tentent le coup alors qu’il y a là l’opportunité de couper l’herbe sous le pied des autres. La boîte de Pandore de la concurrence fait peur.
7 En conclusion :
Les méthodes marketing profitent au possible du fait que le client est
au minimum moins rationnel que les autres acteurs de la chaîne économique, au
pire complètement irrationnel (Galbraith avait créé un supermarché test truffé
d’offres surréalistes : deux boîtes pour moins cher qu’une seule placée
juste à côté par exemple, et avait démontré que dans 50% des cas le
consommateur choisissait la mauvaise option).
A suivre d’autres articles sur le sujet (Circuits de financement, Politiques
économiques, Conception des produits, Paradigme chicagoïen).
Quelles sont les raisons du transfert de fonds qui s’opère dans nos économies qui nous même à un « capitalisme anti-fordien » (selon le mot de B. Dugué) ? Cette tendance concerne tant les activités financières que les opérateurs et individus les plus riches (études de Paul Krugman) ?
Ceci est le second des deux articles consacrés aux méthodes marketing. Le payeur dans une régulation marchande est le consommateur. Son arbitrage ne saurait être biaisé sous peine de porter atteinte à son intérêt et à toute la concurrence inter brands (concurrence horizontale). Pourtant les pratiques commerciales ne favorisent clairement pas son choix en conscience.
N.B. Cet article constitue la deuxième partie de ce papier.
4 Les effets Giffen et VeblenCes deux effets conduisent à un paradoxe : plus le prix d’un bien augmente, plus il est demandé. On parle d’élasticité négative.
L’effet Giffen est l’effet qualité. Plus un produit est cher, plus en abhorrer permet sa distinction sociale. C’est une consommation dite ostentatoire.
L’effet Veblen est l’effet qualité : plus un produit est cher plus le consommateur présume qu’il est bon.
5 L’écrémage
Selon les professeurs de marketing de toute école de commerce, en situation de saturation de marché, comme c’est le cas en Occident, il convient pour trouver sa place sur le marché de spécialiser son produit au maximum et de le vendre à prix élevé.
Paradoxe intéressant enseigné dans toutes les écoles de commerce (et en Droit du Marché aussi), plus l’offre est supérieure à la demande, plus il faut vendre cher.
6 La sélection des produits et la « filière inversée »
Manifestement l’opinion du consommateur n’est pas le facteur déterminant du type de produits qui lui sont proposés. Selon les récentes études qui font le bilan et dressent les perspectives du commerce équitable, le consommateur est très majoritairement prêt à payer 10% de plus pour un produit dit « équitable ». Réalité trop souvent ignorée.
Personnellement, en posant cette question : « Tes pompes payées de 60 à 150 euros, faites en Asie, le travailleur qui les a faites a été payé dans les 30, 40 centimes. Tu serais prêt à payer 5 euros de plus si tout l’argent allait à son salaire ? » Jusqu’à présent je n’ai eu que des réponses positives. C’est vrai que c’est moins que 10% de surcoût et que le salaire est multiplié par plus de 5, ce qui rend la réponse évidente. Enfin, pour peu qu’on se pose la question... Vous pouvez vous amuser à essayer autour de vous.
Il faut croire qu’il y a un intérêt supérieur à mépriser les attentes du consommateur que de rémunérer correctement ses salariés. Et puis on sait où ça commence mais pas où ça finit, n’est ce pas ? Après ça va vouloir se syndiquer, ne plus travailler dans les conditions dangereuses, ne plus subir de tests de grossesse,... Peut être même pire : accéder à l’éducation et ne plus vouloir bosser pour un salaire de misère.
C’est bien évidemment comptable. Mais peut être, et c’est plus inquiétant, idéologique puisque ni Adidas ni Nike ni Puma ni Reebok ni Vans ne tentent le coup alors qu’il y a là l’opportunité de couper l’herbe sous le pied des autres. La boîte de Pandore de la concurrence fait peur.
7 En conclusion :
Les méthodes marketing profitent au possible du fait que le client est
au minimum moins rationnel que les autres acteurs de la chaîne économique, au
pire complètement irrationnel (Galbraith avait créé un supermarché test truffé
d’offres surréalistes : deux boîtes pour moins cher qu’une seule placée
juste à côté par exemple, et avait démontré que dans 50% des cas le
consommateur choisissait la mauvaise option).
A suivre d’autres articles sur le sujet (Circuits de financement, Politiques
économiques, Conception des produits, Paradigme chicagoïen).