Tout augmente

par C’est Nabum
mercredi 24 novembre 2021

 

Même notre pouvoir d'achat

 

Nous devrions pourtant être habitués à cette mascarade qu'on nous sert régulièrement à l'approche d'une échéance électorale. Comme la prochaine est la plus décisive de toutes, le mensonge sera à la hauteur de la machine de propagande qui va le servir en guise d'appel d'offre. En dépit des innombrables augmentations des dépenses contraintes, par un formidable coup de baguette magique, les experts du boulier chinois (les calculateurs ont été remisés au nom du développement durable) attestent une main sur le cœur et l'autre chargée d'un petit pot de vin, que tout va mieux pour nous depuis l'élection du sauveur.

Comme il est hors de question de contredire la parole jupitérienne, que nul organe de presse ne peut démonter la falsification puisqu'il faut bien remplir la mission assignée, nous devons une fois encore avaler la couleuvre en grelottant devant une chaudière à gaz qu'il n'est plus possible d'alimenter ou devant une pompe à essence qui s'est mise en marche accélérée pour honorer le parti du président.

Nous avons dû manquer quelque chose dans la belle théorie des prestidigitateurs de la statistique. Il faut leur reconnaître des vertus, ils sont en permanence capables de nous faire prendre des vessies pour des lanternes (pour des citernes, ce serait plus compliqué, nous n'en avons plus les moyens). Ne nous répètent-ils pas à longueur de sondage que nous adulons celui qui du haut de son Olympe nous méprise avec condescendance pour hériter d'une côte de popularité à nulle autre pareille ? Nous devons y croire et qu'importe si les instituts de sondage travaillent main dans la main avec les canailles au pouvoir.

Il en fut de même lors du passage à l'Euro. Les mêmes ou bien leurs géniteurs ont juré leur grand Dieu que nous n'avions pas perdu au change. Il est vrai que nombre de prix sur les marchés notamment sont passés de franc en euro sans changer les étiquettes, histoire sans doute de faciliter notre adaptation. Nous n'avions plus qu'à les croire puisqu'ils savent toujours mieux que nous.

Cette fois, alors que les salaires sont gelés, les pensions bloquées, que les charges explosent, que les dépenses contraintes se mettent à flamber, que les dépenses obligées par des lois toujours plus au service des groupes de pression ne cessent de croître, nous apprenons que notre pouvoir d'achat ne s'est jamais aussi bien porté. Ne comptons pas sur les parlementaires pour contredire la chose, ils ont pris la précaution d'augmenter leurs indemnités afin de pouvoir corroborer cette farce. Quel talent !

Alors cessons de geindre et examinons à la loupe ce qui peut expliquer notre confusion, cette terrible méprise qui s'affiche dans la colonne débit de nos relevés bancaires. À quel moment avons-nous jeté l'argent par les fenêtres ? Quand avons-nous exagéré sur les sorties, les vacances, les petits plaisirs du quotidien ? Nous devrions avoir honte de nous plaindre avec tous ces gens à la rue tandis que d'autres, bien plus riches, se sacrifient pour que nous profitions du fameux ruissellement.

Nous sommes d'indécrottables insatisfaits. Nous nions l'évidence : notre pouvoir d'achat a fait un bond prodigieux. Qu'importe que celui-ci soit en arrière, ce n'est qu'un petit détail langagier. Puisqu'on nous sert ce mensonge, nous n'avons d'autres solutions que de l'avaler sans rechigner. Qui serions-nous pour remettre en cause la parole présidentielle, celle des économistes véreux, des statisticiens corrompus, des parlementaires dociles et serviles, des journalistes qui en croquent et de tous ceux qui se trouvent du bon côté de la galette.

Nous sommes trente-huit millions à nous tromper. La réalité est idyllique, le pays est en Marche vers le plein emploi, la croissance, le bonheur et la prospérité. Nous sommes simplement victimes d'un petit coup de dépression qui altère notre jugement. La crise sanitaire nous a rendu hermétique au réel, aveugle à l'évidence. Nous n'avons qu'à croire les yeux fermés ceux qui nous dirigent.

Aveuglement leur.


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