TRANSHUMANISME : vers un SUPER HOMO et vers la DÉCADENCE de l’HUMANISME ?

par hugo BOTOPO
mardi 6 août 2019

L'homo sapiens a toujours cherché à augmenter ses moyens d'emprise sur la nature et sur ses congénères. Par l'observation et les raisonnements, il a créé des outils toujours plus performants et des logiciels d'interprétation du monde réel physique, mathématique, avec des extensions au monde surnaturel ou transcendantal. De nos jours, la conjonction des performances de l'intelligence artificielle avec la miniaturisation de composants informatiques, ouvre la porte à la création d'un homme augmenté, d'une nouvelle espèce d'homo, "fruit du croisement de l'homo sapiens avec des robots". Quel avenir restera-t-il aux vulgaires humains que nous sommes ? Avons-nous d'autres alternatives pour "augmenter" les spécificités de l'homme ?

La course au progrès, à l'innovation, à la performance, semble inscrite dans le génome humain (gènes pas encore identifiés !). Les espèces d'homo précédentes (néanderthal, habilis, ergaster, florès, denisova...), durant leurs longues périodes de présence sur terre (en centaines de milliers d'années), n'ont eu que des développements technologiques très limités (le feu, la taille des pierres, des lances et javelots...). Par contre, l'homo sapiens ou homme moderne, peut-être grâce à des évolutions du larynx permettant un langage articulé transmissible par apprentissage et un cerveau plus volumineux, a progressivement développé son système cognitif, grâce à ses inventions (écriture) et découvertes. Il a créé des outils, des oeuvres d'art, de nombreuses technologies, des méthodes d'abstraction (théories sur la nature, la matière, le monde physique et spirituel...). Il a domestiqué progressivement les plantes et les animaux et même les hommes (esclaves), et entretient des relations sociales complexes.

Ainsi l'homo sapiens a développé la pierre taillée, le bronze, le fer, les métaux, les diverses constructions en bois, la roue, l'exploitation des chutes d'eau, le vent, la vapeur, l'électricité, les moteurs à hydrocarbures, les autos, les avions, les fusées, les ondes électromagnétiques (dont les ondes radios et lasers), l'électronique et plus particulièrement l'informatique. Les technologies ont suivi le développement des sciences, des mathématiques et des philosophies.

Un domaine a connu des développements inégaux et mitigés : celui des sciences dites de la nature et de la vie. Même si de nos jours un grand pic d'activité est porté sur les caractérisations du génome et des mécanismes neuronaux. Pour la faune et la flore, les recherches ont porté sur les classifications, les croisements, la productivité et les résistances (et traitements) aux maladies. Pour l'homme, les religions ont été un frein aux recherches sur son anatomie, ses organes (dont le cerveau) et leurs fonctionnements. La médecine, souvent empirique, se limitait à des diagnostics peu fiables et à des médications.

Le grand moteur de la rapide croissance des nouvelles technologies est la recherche du profit en soi, source de puissance et de domination en dehors des pouvoirs politiques. Dans l'Antiquité, les grandes réalisations, les grandes avancées dépendaient des pharaons, des rois, des princes ; ce n'est plus le cas aujourd'hui où même les grandes organisations politiques internationales sont snobées par les grands maîtres du capitalisme.

 

Retour en force de la microbiologie

Depuis seulement une dizaine d'années, la composition des êtres vivants, et en particulier de l'homme, a fait l'objet d'une grande découverte : la symbiose d'une multitude de bactéries à l'intérieur et sur l'être vivant. Chez l'homme, le tube digestif (plus les muqueuses et la peau) serait peuplé d'environ cent mille milliards de bactéries, alors qu'il n'y a que dix mille milliards de cellules (plus une vingtaine de mille milliards de globules rouges). Et ces bactéries, réparties en un millier d'espèces, vivant en symbiose, sont le plus souvent indispensables et bénéfiques. Beaucoup de maladies sont dues à des manques ou mauvaises répartitions de ces espèces de bactéries, et parfois à des bactéries pathogènes qui n'auraient pas été combattues ou éliminées par les autochtones. Pour les populations de virus, il n'y a pas d'évaluations sérieuses de leur quantité et de leur localisation  : ils ne sont pas visibles avec de bons microscopes optiques classiques !

La phase vaccinale de la microbiologie

Pasteur, chimiste et physicien de formation, a été le pionnier de la microbiologie chez les animaux (vaccin contre le charbon (bactérie) en 1880/81) chez les humains (vaccin contre la rage en 1885) et chez les plantes (différents vaccins et traitements anti-microbiens et anti-fongiques). À la suite de Pasteur, de nombreux vaccins contre les maladies bactériennes ou virales ont été mis au point et utilisés massivement pour préserver les populations. De nos jours, les laboratoires recherchent des vaccins contre le Sida, la fièvre Ebola, la dengue/chikungunya, le paludisme...

La phase agro-alimentaire de la microbiologie

Pasteur et d'autres savants ont étudié les fermentations (vinaigre, pain, bière, fromages...) et prouvé la nature microbiologique par bactéries des fermentations. Ensuite, les différentes dégradations des plantes et matières organiques ont été étudiées (compostage aérobie, méthanisation anaérobie). Les contributions des bactéries dans la fertilisation des plantes dans le sol et dans les échanges avec l'atmosphère (racines et feuilles) sont essentiielles à la vie des plantes. De même, les bactéries en milieu marin ou aquatique sont indispensables au développement des phytos et zoo-planctons, des algues et des animaux marins (poissons, mammiféres marins, crustacés, mollusques...). Des bactéries sont même actives dans des milieux extrémophiles (hautes et basses températures, milieux très acides...).

La phase phagothérapie de la microbiologie

Félix d'Hérelle, biologiste à l'Institut Pasteur, a découvert en 1917 les bactériophages (des virus invisibles au microscope optique) et a pu sélectionner quelques espèces qui s'avéraient être des tueurs de bactéries (pathogènes pour les études et les essais). Ils étaient des antibiotiques avant que les antibiotiques classiques soient découverts plus tard. La sélection se faisait à l'aide de bougies filtrantes en porcelaine qui retenaient les bactéries et laissaient passer les virus. Chaque espèce de bactéries (même les pathogènes résistantes aux antibiotiques) a son ou ses bactériophages tueurs. C'est la présence de bactériophages dans les rivières, dans les fleuves (surtout le Gange) qui permet progressivement d'épurer les eaux polluées. Un phage tueur spécifique agit comme un virus en entrant dans une cellule : celle-ci le réplique en plusieurs dizaines d'exemplaires en moins de 30 minutes, puis explose, libère et diffuse les nouveaux phages prêts pour attaquer d'autres bactéries. Lorsque toutes les bactéries à tuer sont mortes les phages non éliminés meurent (durées de vie d'environ 200 jours). Sans les phages les bactérie auraient envahi la planète !

Dès maintenant, des bactériophages sélectionnés peuvent éliminer les bactéries dans les élevages artisanaux et industriels par épandage sur les litières et zones de circulation ou de repos des animaux, pour réduire l'usage préventif massif des antibiotiques et l'antibiorésistance induite. Pour les fromages, un bactériophage est commercialisé contre la listéria.

Pour les humains, le nombre de décès dus aux maladies nosocomiales, provoqués par des bactéries pathogènes résistantes aux antibiotiques, est énorme : en France, plus de 4000/an en unique pathologie et plus de 9000/an en pathologies croisées. En Europe, les chiffres respectifs sont de 20 000 et 50 000 ! Ces nombres énormes laissent indifféren les diverses autorités de santé, soumises à l'amicale pression des industries pharmaceutiques : développer des études sur les phages ne pourrait que réduire leurs activités actuelles très rentables !

La phase virologie de la microbiologie

Les maladies à virus pathogènes sont traitées soit avec des médicaments spécifiques à efficacité souvent limitée, soit par la vaccination préventive ou curative dans la phase d'incubation. Les globules blancs (macrophages) éduqués par une vaccination, les leucocytes T, en direct ou avertis par les anticorps, sont des agents biologiques de lutte contre les infections à virus.

 

Les technologies utilisées dans les projets de transhumanisme

La médecine, dans sa fonction naturelle de corrections des dysfonctionnements, utilse des médicaments apppliqués oralement (tube digestif), localement sur la peau ou la plaie, par piqure ou par perfusion. Des dispositifs miniaturisés implantés dans le corps peuvent injecter, à la dose voulue et au moment idoine, des médicaments comme l'insuline.

La médecine a su développer des greffes d'organes (peau, foie, poumon, rein et même coeur...) à partir de prélèvement sur des donneurs vivants (rein) ou décédés (coeur) ou des greffes d'éléments de substitution pour réparer (rotule de hanche, broches, valves cardiaques en plastique, stems...). En outre, la médecine a développé des prothèses pour la vue (catarates et lunettes) et pour l'audition (amplificateur électronique) et pour piloter le rythme cardiaque (pacemakers évolués). Une autre voie d'avenir réside dans les cultures de cellules d'organes à partir de cellules souches initiales (cordon ombilical) ou induites, après des processus d'orientation de la croissance cellulaire : ainsi des cellules cultivées de peau forment une plaque de peau à greffer sur un homme brûlé, ou des cellules cardiaques cultivées ont pu être injectée dans une zone nécrosée du coeur et renforcé son fonctionnement (pour l'instant chez les souris).

Un degré supplémentaire d'intervention a été franchi avec l'implantation de coeurs artificiels et l'utilisation de membres artificiels pilotés par les muscles ou directement par le cerveau  : une prothèse d'avant-bras et de main peut non seulement reproduire les mouvements naturels de la main, mais encore comme les robots d'effectuer des mouvements impossibles pour une main naturelle comme par exemple faire plusieurs tours pour visser !

Les lignes directrices du transhumanisme

L'homme augmenté selon le transhumanisme doit, d'une part, pouvoir vivre plus longtemps et ce en bonne santé et d'autre part, ses capacités et facultés physiques, physiologiques, cognitives et sociales doivent le transformer en homme nouveau supérieur à l'homo sapiens actuel en phase de devenir un sous-homme ! Le développement du transhumanisme doit être soutenu financièrement par les grosses fortunes régnant sur le capitalisme mondialisé, car ces développements seront d'abord réservés à un marché de riches à la fois clients et investisseurs !

Le transhumanisme se servira des résultats des recherches sur la génétique, sur la sélection des caractéristiques des futurs embryons, sur la PMA et la GPA avec tri sélectif des géniteurs et du génome des embryons à implanter. Non seulement les sélections actuelles (couleur des yeux, absence de gènes défectueux ou surnuméraires (trisomie 21)) mais aussi l'introduction de nouveaux gènes spécifiques (blocage des réductions des télomères et des facteurs de vieillissement...). On est en plein eugénisme actif : élimination des embryons à risques avant d'introduire l'euthanasie des plus faibles ou inadaptés, d'abord comme droit individuel ou liberté nouvelle, avant de la rendre obligatoire ! Dans ce cas la protection de la biodiversité et des ressources planétaires sera enfin prise en compte !! Les possibiltés du cerveau de certains autistes révèlent que l'homo sapiens ordinaire a en lui un grand potentiel de développement cognitif, en qualité de logiciels internes et en quantité : c'est une des voies prometteuses pour sélectionner et concevoir des hommes augmentés "naturellement".

Le transhumanisme se servira aussi des énormes possibilités croissantes de l'IA (Intelligence Artificielle) pour l'augmentation des capacités et pour mieux asservir les humains. L'IA permet surtout d'enregistrer beaucoup de données et de les traiter par des algorithmes ou logiciels rapides et performants. Ainsi, l'analyse de paramètres internes du fonctionnement du corps humain permet un pilotage adapté du coeur artificiel, des pompes à insuline, et de plus, la captation par des électrodes multiples appliquées à l'extérieur de la boite cranienne (en attendant l'usage d'électrodes implantées) permet de piloter des membres artificiels. Avec la miniaturisation des microprocesseurs et des mémoires, il sera possible d'implanter ces matériels informatiques dans le cerveau pour un fonctionnement mixte-couplé. Déjà des minicapsules sont implantables sous la peau en tant que carte d'identité, de passeport, de carte médicale contenant tous les éléments de la santé du sujet. En attendant d'y mettre les comportements sociaux, professionnels, moraux, sexuels, politiques de l'individu. Pour ce dernier point, l'IA utilisée par les réseaux sociaux d'internet, analyse les données véhiculées par les réseaux, les utilise pour "améliorer" leur offre, et les vendre aux influenceurs pour la vente de produits et équipements. Ils sont développés d'abord dans des buts commerciaux, pour plus de profits, et ensuite dans le but de contrôler la population de base (la Chine avec ses centaines de millions de caméras de surveillance avec reconnaissance faciale, et ses logiciels d'analyse des différents comportements avec des restrictions de liberté pour les déviants, met en oeuvre la face d'asservissement de l'homme par l'IA et de restrictions de l'humanisme). Pour que les grands maîtres du capitalisme néolibéral puissent continuer à régner sans partage sur l'homme, sur la planète, sur ses ressources et sa biodiversité, ils doivent inciter les "influenceurs sous contrôle" à présenter les nouvelles applications de l'IA comme un progrès pour les individus, comme une façon moderne de réduire les dépenses publiques et les dépenses de santé et de générer du mieux être !

En ce qui concerne l'augmentation considérable des capacités cognitives et excécutives de l'homme, tel un croisement avec les robots et l'IA, les usines fonctionnent déjà de plus en plus en FAO avec des automates pilotés par IA suivant des logiciels conçus par des humains (avec parfois l'assistance de conception assistée par ordinateur (CAO)). Vouloir robotiser l'homme et faire travailler des robots qui seront capables de se reproduire eux-mêmes, ne peut se concevoir qu'en érigeant un MUR de séparation entre les prétendus surhommes et les masses populaires actuelles devenues inutiles pour les maîtres et leurs dévoués serviteurs. Les masses populaires seront libres d'assouvir leurs bas instincts primaires, de s'entretuer pour disparaître ! Vraiment le transhumanisme sauvera la planète en la débarrassant de l'homo sapiens ! 

 

Vers un transhumanisme à visage humain

Le transhumanisme à base de hautes technologies esquissé ci-dessus n'est pas adapté à la planète, à sa biodiversité et à son maître et prédateur ultime : l'homo sapiens ! Il ne respecte ni l'homme de base, ni la faune et la flore, ni la planète : c'est le grand destructeur, c'est l'extinction de masse du monde vivant (la 6ième déjà en cours).

À partir du moment où l'homme (quelques-uns pour l'instant) se rend compte de l'interdépendance vitale des différents organismes vivant sur notre planète, les scientifiques de toute spécialité, en particulier les bilogistes et les neuro-informaticiens, doivent enfin étudier les processus du vivant dans leur ensemble symbiotique, avec un grand respect pour les "êtres" inférieurs, les bactéries, les virus, les champignons et tous les composants de la faune et de la flore. Il en résultera automatiquement une amélioration de la santé des gens et des animaux domestiqués, et une augmentation sensible de la durée de vie en bonne santé de l'homo sapiens ! Par contre, les profits seront enfin mieux répartis entre les humains !!


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