Transition énergétique... vers la création d’une bulle financière

par JMBerniolles
mercredi 12 juin 2013

Le débat national sur la transition énergétique, DNTE, a suscité beaucoup d'intérêt de la part des personnes spécialistes ou simplement connaisseurs du domaine.
Certains ont même rédigé des contributions, participé à des réunions publiques consacrées au DNTE, adressé des lettres à des responsables, tenté de faire passer des articles dans la presse...
Il est maintenant clair pour beaucoup que ce débat est verrouillé.
Les orientations de la future Loi sont souvent dévoilées par la ministre en charge du dossier : fermeture de Fessenheim, orientation massive vers les EnR éolien et PV, recours aux chaudières à gaz à cycle combiné comme celle engagée à Landivisiau malgré une contestation locale sur une base "écologique"... le scénario Négawatts est officiellement intronisé comme référence.
On ne peut également passer sous silence le fait que Delphine Batho, la ministre de l'environnement, étale de grosses lacunes sur le fond des questions, notamment sur les problèmes de réseaux électriques, et avance souvent des arguments de mauvaise foi comme sur les gaz de schistes.
La réalité de ce que le DNTE doit obligatoirement déboucher sur des solutions préétablies n'est plus un sujet de débat.
Par contre, il reste les interrogations sur les raisons et les motivations profondes d'imposer cette orientation qui compte tenu des conséquences qui se révèlent dans les réflexions objectives, revêt un caractère un peu forcené.
Ci-dessous une analyse sur tous ces points.

Transition énergétique : Vers la constitution d’une bulle financière

Ingénieurs, techniciens, spécialistes de l’énergie sous l’angle économique sont évidemment intéressés par un débat, DNTE, qui semble porter sur des choix pour l’avenir dans le domaine énergétique.

On peut ainsi lire, essentiellement sur le net parce que les médias diffusent avant tout la doctrine officielle et font même barrage à toute idée hors norme, des contributions très argumentées sur ce thème.

Un fait ressort clairement. Toutes ces personnes compétentes qui donnent finalement un avis d’expert indépendant n’arrivent pas à se faire entendre.

Outre le cadenassage de l’information officielle et des organisateurs qui encadrent et canalisent les débats DNTE, il y a dès le départ un malentendu qui, avec le recul, ressort clairement.

 Tous ces gens compétents qui aimeraient se faire entendre envisagent ce débat comme ayant surtout un caractère scientifique et technologique, sans perdre de vue la composante économique.

Malheureusement, il faut le déplorer parce que cet envahissement de la science par l’idéologie et la politique a un aspect général aujourd’hui, ce débat est instauré pour cautionner une politique intangible, en lui conférant une apparente ouverture démocratique et citoyenne.

La Loi qui doit conclure ces débats est déjà ficelée et ses principales orientations déjà annoncées officiellement par la ministre en charge de la question, Delphine Batho ministre de l’écologie. On notera au passage que l’attribution de la responsabilité de ces débats à ce ministère est en soi un choix politique.

Dans les débats organisés il a été noté, mais ce n’est pas systématique, que le scénario Négawatts était présenté comme base de discussions et que les comptes rendus étaient très encadrés et orientés.

Disons que nous avons affaire à un pseudo débat qui suscitent néanmoins des réflexions qui intéressent les spécialistes.

Dès le départ ce DNTE a un problème de définition. Une transition c’est une évolution à partir d’une base de départ vers une direction à définir. On part donc d’une situation de départ, nommément notre bouquet énergétique, et l’on évolue, à cause de problèmes à définir, dans une direction qui tient compte de contingences. Et la première question que l’on doit se poser dans le domaine de l’énergie est : a-t-on le choix ? Les problèmes sont multiples : ressources physiques, technologies à développer, questions de démographie et de politique d’indépendance, problèmes de coûts…

Et puis il y a la vraie prise en compte des expériences sur lesquelles on a maintenant un certain retour.

Comme l’a dit Hollande aux japonais notre nucléaire est le plus sûr du monde. Les accidents nucléaires de Fukushima Daiichi auront un impact sanitaire presque invisible pour les populations comme vient de le confirmer l’OMS après d’autres. Et ce type d’accidents nucléaires est très improbable en France, notamment pour des raisons de technologie. Il n’est donc pas juste de diaboliser le nucléaire dans notre pays en se servant de ces accidents nucléaires graves.

Le Japon souffre tellement économiquement du quasi arrêt de son nucléaire, qui ne représentait pourtant au mieux que 30% de sa production électrique contre environ 80% pour nous, que la démonstration est faite que pour un pays industriel, dans le contexte de concurrence mondiale, le nucléaire est incontournable [seule l’hystérie anti nucléaire rend aveugle sur cette évidence].

L’Allemagne a depuis longtemps mis en œuvre une politique énergétique, au niveau de la production électrique, qui est claquée sur ce scénario Négawatts. A la fin des années 90 le gouvernement Shröeder, modèle reconnu par nos actuels dirigeants, a décrété la sortie du nucléaire et un investissement à la pointe mondiale a été fait sur l’éolien et le photovoltaïque. En 2012, l’Allemagne n’est toujours pas sortie du nucléaire et cela devient un objectif différé de plus de dix ans pour le gouvernement Merkel. L’aspect Néga de cette politique se retrouve dans un objectif intenable qui est de réduire de moitié en 2050, par rapport à l’année 2008, la consommation électrique générale. Les problèmes multiples que rencontre l’Allemagne dès l’ébauche de ce plan, démontre amplement à tout observateur objectif que ce scénario Négawatts, déjà largement démoli par des spécialistes, n’est absolument pas viable. Il se révèle même très dangereux sur le plan économique et sur celui des émissions de CO2.

Dans le domaine de la Biomasse, il faut aussi reconnaitre l’échec des deux premières générations, conclusion officielle que la propagande « écolo » cache au grand public.

Si l’on veut aborder honnêtement et scientifiquement les problèmes énergétiques, comme le fait par exemple Jean-Marc Jancovici, il faut d’abord poser le problème des ressources physiques et notamment reconnaitre le pic pétrolier et l’aspect limité du gaz naturel. Dans ce domaine des contingences physiques, il faut aussi intégrer les inerties. La mise au point industrielle de procédés énergétiques nouveaux ou de nouvelles méthodes de stockage de l’énergie, prennent des dizaines d’années. Enfin il y a le lien mainte fois démontré entre énergie, PIB et progrès. Relancer l’industrie et l’emploi sans énergie cela n’existe tout simplement pas.

Est-ce ainsi que se présente le DNTE ? Absolument pas. Sa définition officielle intègre des éléments de conclusions : investir massivement dans les EnR éolien et PV, réduire le nucléaire pour ne pas dire d’emblée qu’il faut l’éliminer, ne pas exploiter les gaz de schistes.

Il est à noter que le thème des économies d’énergie qui n’a aucun sens si on ne se donne pas les moyens de les réaliser, était déjà un objectif politique en 1981. Une chose est claire sur ce plan, cela nécessite une politique d’investissements importants, plusieurs dizaines de milliards d’euros, ainsi que des choses comme le rapprochement des gens de leur travail… tout le contraire de la répétition d’incantations.

Il est aussi à souligner qu’aucune des réflexions objectives de ces spécialistes, libres de leur pensée, n’aboutit aux postulats qui sont imposés dans le DTNE  : intérêt primordial des EnR intermittents, abandon du nucléaire et oukase sur les recherches au niveau des gaz de schistes.

Le fait que le DNTE soit complètement faussé est maintenant une donnée connue de beaucoup de spécialistes. Ce qui l’est moins ce sont les raisons qui poussent au développement massif des EnR éolien et Photovoltaïque et à l’élimination du nucléaire. Il ne faut pas les chercher au niveau de la lutte contre les émissions de CO2, puisque cet argument mis en avant pour ces EnR est complètement mis de côté lorsqu’il s’agit du nucléaire.

En fait pour avoir un élément de réponse, il faut tenir compte d’un fait qui est souvent laissé de côté par des scientifiques et techniciens qui raisonnent dans l’absolu avec une démarche scientifique. Il y a une règle de base dans les investigations sur les crimes : à qui profite le crime ?

La réalité est que tout cela se passe sous l’emprise d’un système économique dominant. A ce propos beaucoup de gens n’ont pas réalisé que l’on était passé, dans les années 80, d’un capitalisme industriel à un capitalisme d’opérations financières essentiellement spéculatives, notamment sur les matières premières, qui utilise la monnaie et l’ingénierie financière comme moyen d’accumulation du capital. Son emprise sur la monnaie permet à ce système de développer une exploitation généralisée, par exemple à travers les prêts, qui va au-delà du simple travail.

En raisonnant dans l’absolu on oublie ce facteur de domination qui permet au système économique dominant d’imposer ses intérêts.

Or pour le système dominant, le couple EnR éolien et PV et économies d’énergie représente une bulle financière extrêmement juteuse.

 L’enveloppe financière globale, si l’on intègre les problèmes de réseaux électriques, se situe à plusieurs centaines de milliards d’euros pour notre seul pays. Pour le système c’est une source de profits considérables à partir des prêts et opérations financières, des gains sur les échanges commerciaux extérieurs, ainsi que sur le plan des services qui priment puisque l’aspect industriel est majoritairement traité à l’étranger.

Ceux qui vont payer la facture de cette option forcenée, qui apparait déjà sur les relevés EDF, sont les consommateurs et les contribuables.

Une caractéristique des bulles financières, celle-ci s’apparenterait à la maintenant célèbre bulle des subprimes, est qu’elles finissent inéluctablement par éclater après avoir gonflé. En provoquant pas mal de ravages.


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