UBS Quo Vadis ?

par Michel Santi
vendredi 4 avril 2008

En Suisse, nous avions vraiment cru à un poisson d’avril lorsque nous avons appris ce 1er avril dernier que notre plus grande banque - et une des premières banques mondiales -, le fleuron de notre système financier, cet établissement qui inspirait tout à la fois déférence et respect, devait encore provisionner quelque 19 milliards de dollars supplémentaires de pertes subprimes !

On croit rêver, mais c’est pourtant exact : le titre UBS a bel et bien perdu le trois quart de sa valeur en quelques mois. Où est le conservatisme suisse ? Décidément tout se perd. Fiasco sans précédent ! En fait, ce n’est pas vrai car nous avons eu pire avec, il y a quelques années, la faillite pure et simple de notre autre "valeur sûre" : Swissair. Pourtant, en Suisse, notre fierté nationale n’est nullement affectée par l’effondrement de l’idole UBS car, entend-on de toutes parts, des "ce n’est pas la faute de l’économie suisse, c’est à cause de ce qui se passe aux Etats-Unis, de leur marché immobilier"... Tout se perd : le légendaire président de l’UBS, celui qui était encore il y peu de temps le banquier européen le plus respecté, Marcel Ospel, rendra son bleu de travail lors de la prochaine assemblée du 23 avril ! Celui-là même qui avait fusionné les deux plus importantes banques suisses en un mastodonte il y a un peu plus de dix ans souhaitait pourtant rester et, de fait, il avait résisté ces derniers mois en dépit de la multitude d’appels à la démission, celui qui pouvait se targuer d’avoir hissé sa banque pratiquement au premier rang mondial et dont on ne se souviendra plus que comme l’homme aux 37 milliards. Première au monde, l’UBS l’est également par ses 37 milliards de dollars de pertes subprimes car elle caracole en tête des institutions ayant pris le plus de risques comme Merril Lynch (24 milliards de pertes) et Citigroup (18 milliards).

Après avoir fait appel à la charité intéressée des fonds souverains asiatiques et arabes qui y avaient injecté 13 milliards de francs suisses il y a quatre mois, voilà donc l’UBS qui pratique de nouvelles soldes et qui attire encore 15 milliards de francs suisses, diluant encore massivement son ancien actionnariat avec le nouveau ! A n’en pas douter, la capacité de l’UBS à attirer les capitaux souverains est intacte, mais qui se soucie pourtant du prix à payer ? Car ces nouveaux actionnaires de l’UBS ne ressembleront en rien à ces fonds de pension qui jadis accumulaient les actions de la banque pour les bons pères de famille tout en se gardant bien d’intervenir auprès d’une direction générale hiératique et charismatique !

Certaines blessures ne cicatrisent pas facilement et je crains fort que la saga des subprimes ne soit encore loin de son dernier épisode. Le marché du crédit au Etats-Unis est plus anémique que jamais et les emprunteurs américains sont toujours plus nombreux en cessation de paiement ! Les nouvelles d’outre-Atlantique sont toujours aussi mauvaises et d’autres pertes colossales seront encore annoncées dans les semaines et mois à venir. En fait, personne - l’UBS non plus ! - ne sait vraiment jusqu’où ces pertes sont susceptibles de culminer, aussi l’optimisme naïf affiché ces derniers jours par les investisseurs et autres professionnels est-il vraiment déplacé. De fait, notre première banque suisse a perdu des fortunes en faisant des paris sur les hypothèques américaines (comme Morgan Stanley) et a aussi perdu des fortunes en titrisant ces hypothèques pour les revendre à ses clients (comme Merril Lynch et Citigroup) !

L’UBS est vraiment tombée dans tous les pièges possibles et imaginables.


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