Un scandale bien britannique, mais Atos une société made in France

par Annie
mercredi 14 mars 2012

Cet article m’a été suggéré par Foufouille, et je lui dédis tous les moinsages, tout en me réservant les bons points. Je l’écris avec un sens d’urgence, ce qui fait qu’il ne sera peut-être pas aussi documenté qu’il devrait l’être.

Lorsque Foufouille m’a suggéré d’écrire un article à propos des lois qui venaient d’être adoptées au Royaume Uni concernant les allocations handicapés et les allocations chômage pour les handicapés et les cancéreux, qui sont supprimées si ces derniers sont jugés aptes à travailler, je me suis dit que cela n’intéresserait pas forcément les Français, surtout en pleine période électorale.

Mais cela valait le coup d’essayer.

Parce qu’il s’agit d’un tel scandale, que je veux essayer de l’expliquer, mais surtout parce que ce scandale britannique dépend totalement de la complicité d’une entreprise bien française, et surtout d’un PDG qui a déjà fait ses preuves. 

Je donne juste quelques exemples, parce que sinon ce serait trop long, mais pour ceux qui comprennent l’anglais, le questionnaire pour déterminer si une personne est handicapée ou non est dans ce document officiel.

Pour les autres je vais résumer. Les critères pour établir le potentiel de réinsertion professionnelle des handicapés sont notamment le fait de pouvoir se laver le thorax, nous n’évoquerons pas le reste, le fait que l’on soit capable de se laver les fesses est un luxe que nous nous garderons bien d’imaginer, et si vous êtes incapable de le faire, cela ne veut pas dire que vous soyez handicapé, du moment que vous pouvez vous laver le thorax. Les maladies mentales ne sont pas prises en compte, enfin si, si vous êtes capable de remonter un réveil et si vous savez lire l’heure, vous ne souffrez d’aucun handicap mental et les cancéreux qui ont la chance d’avoir plus de 6 mois à vivre, car il s’agit bien là d’un critère défini par des politiciens, sont priés sanctions à la clé , de se présenter à des entretiens d’embauche. S’ils ne peuvent pas, parce qu’entre deux chimiothérapies, ce n’est pas toujours facile et qu’ils ne se sentent pas forcément bien, et encore moins lorsqu’il s’agit d’handicapés, et pour certains d’handicapés profond, leurs allocations sont supprimées. Et s’ils parviennent à assister à cet entretien d’embauche et refusent pour les raisons déjà évoquées l’emploi qu’on leur propose ou s’ils ne peuvent pas l’assumer, leurs allocations sont supprimées. Est aussi supprimée l’allocation aidant les handicapés à travailler. Il s’agit d’une allocation complémentaire qui prend en charge les frais additionnels encourus par des handicapés pour se rendre au travail ou pour accomplir leur travail. Tout est résumé ici dans cet article.

Plus de 140 personnes se sont suicidées en Grande Bretagne à ce jour à cause de la suppression de leurs allocations. Il faut aussi savoir que les handicapés ou les cancéreux qui ont les moyens physiques ou mentaux ou l’énergie de faire appel contre les décisions issues de ces évaluations parviennent à les faire annuler, mais beaucoup n’en sont pas capables. Ceci est mentionné dans cet article de wikipedia en anglais, mais pas en français, ce qui est intéressant. J’ajouterai très rapidement que vu le taux de chômage en GB, les emplois sont rares mais les personnes handicapées et les cancéreux jugés capables de travailler doivent participer à des programmes Workfare qui les obligent à travailler pour des entreprises ou même des associations caritatives pour un salaire équivalent à leurs allocations chômage, c'est-à-dire bien en dessous du salaire minimum. Mais il s’agit d’un autre scandale et d’une autre histoire, peut-être pour une autre fois…..

Lorsque Foufouille m’a suggéré d’écrire un article, après une campagne du gouvernement britannique, très virulente, reprise largement dans la presse de droite pour lutter contre la fraude des handicapés qui est parvenue à faire d’eux des parasites aux yeux des britanniques, alors cette fraude ne représente que 0,5% selon les chiffres officiels du gouvernement, je ne savais encore pas que ce potentiel de réinsertion professionnelle était évalué à l’aide d’un questionnaire qui avait été conçu par ?? je vous le donne en mille. Par Atos, une société dirigée par Thierry Breton, qui était déjà le directeur de France Télécom à l’époque où plus de 60 salariés se sont suicidés. Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur Agoravox sur les suicides à France Télécom, certains blâmant le management et d’autres les salariés, dénoncés comme des faibles, incapables de supporter la pression. Il est intéressant de noter que la technique TOP ou Lean de Breton appliquée aux salariés de France Télécom d’abord et d’Atos ensuite s’applique maintenant à ceux qui sont jugés improductifs en Grande Bretagne. Avec ce questionnaire, à moins d’être grabataire, le handicap a disparu. Atos est devenu dans ce pays synonyme de monstre, un qualificatif bien mérité, mais les associations d’handicapés ont du mal à s’organiser et à mobiliser l’opinion publique. 

Mais ne nous inquiétons pas trop pour Breton. Comme l’indique le blog du syndicat d’Atos, il s’en sort plutôt bien avec un salaire de 1 200 000 € sans oublier les primes et les stocks options. Par contre les salariés d’Atos ne sont pas heureux, c’est le moins qu’on puisse dire.

Ce qui est aussi intéressant à lire sur ce blog est le compte-rendu d’un pré-audit réalisé en 2011, qui a relevé un grand nombre d’irrégularités financières. Mais du moment que Thierry Breton touche ses 1 200 000 €, on ne va pas chicaner.

1 200 000 €, cela fait combien par suicidés ?


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