Un système économique au service de l’humain

par benevole
samedi 17 mars 2012

A l’heure où la financiarisation de l’économie plonge le monde entier dans des crises sans précédent, à l’heure où de nombreuses voix s’élèvent pour réformer le système économique actuel auquel s’accrochent des dirigeants politiques au service du capital plutôt que de leur population, un collectif de citoyens de la province de Liège, en Belgique, annonce la mise en place par ses soins d’une monnaie complémentaire qui préfigure ce que pourrait être un système économique au service de l’humain plutôt que du capital.

Les conditions

Le collectif liégeois insiste sur le fait qu’il s’agit d’une initiative citoyenne qui ne pourra en aucun cas être récupérée par le politique, coupable à ses yeux d’avoir cédé à la finance privée le droit de battre monnaie qui appartenait au peuple, et encore moins par la finance qui pompe à son profit, via les intérêts de la dette, toutes les richesses produites par les entreprises, les travailleurs et les Etats.

Ce collectif va fonder une Association Sans But Lucratif (en abrégé ASBL) dont le nom sera « Club Robin » et dont le rôle consistera à émettre cette monnaie complémentaire, baptisée « robin ».

L’expérience pratique ne démarrera que lorsque 100.000 consommateurs et 5.000 commerces de la Province de Liège auront fait la demande d’une carte « Robin », carte à puce semblable à une carte bancaire, et, pour les commerçants, du lecteur adéquat. Aucun paiement n’est exigé avant que ces quotas soient atteints.

La province de Liège compte un peu plus d’un million d’habitants, tous conviés, à partir de l’âge de 8 ans, à entrer dans le système. Plus de 80% de cette population participent à la vie associative. Le concept du robin créera une synergie entre ces associations, les commerces de biens et services, les producteurs et les consommateurs que sont par ailleurs les citoyens.

Même si l’ASBL Club Robin ne démarchera que les associations, les producteurs, les commerces et les habitants de la province de Liège, elle acceptera les inscriptions venant de partout ailleurs, car elles pourraient servir de rampe de lancement à des Clubs Robin dans d’autres provinces belges, départements français ou autres découpages géographiques dans d’autres pays.

Son vœu est en effet que des Clubs Robin se forment un peu partout sur le même modèle, ce qui renforcerait de manière spectaculaire l’efficacité du système


Les principes du système

Le fondement du système consiste à considérer que le PIB ne prend en compte qu’une petite partie de la création de richesses, celle qui débouche sur une rentabilité immédiate, sans prise en compte des conséquences souvent onéreuses qui, au contraire des bénéfices, sont socialisées.

Le Club Robin considère comme richesse ce qui est utile à l’humain ou à la planète, évitera des débours à court, moyen ou long terme et n’est pas pris en compte par le système actuel.
La justification économique se mesure par exemple à la différence de rentabilité entre, d’une part, un père de famille qui a perdu son emploi, devra être assisté, cessera d’être crédible aux yeux de ses enfants, verra son ménage se désunir, se réfugiera dans l’alcool ou dans la criminalité et, d’autre part, un père de famille disposant d’un emploi correctement rémunéré, exerçant pleinement ses rôles de parent-éducateur, consommateur et contribuable, nécessaires respectivement à la communauté, au commerce et à l’Etat.

Les robins sont donc destinés à rémunérer les créations de richesses de nature humanitaire, sociale, écologique, culturelle et sportive non professionnelle.
S’ajoutant à la monnaie officielle, ils augmentent bien entendu le pouvoir d’achat global de la population tout en assurant une meilleure redistribution des richesses.

Pour le lecteur qui voudrait comprendre tous les aspects du système, nous recommandons ce livre électronique gratuit qui contient des liens vers des vidéos intéressantes et ce site :
http://www.club-robin.org/robinliege/index.html  
et http://www.club-robin.org/province/


Relance de l’emploi

Une différence fondamentale entre la conception d’une richesse dans le système capitaliste et dans le système humaniste du robin se remarque dans le domaine de l’emploi.

Le système capitaliste n’a pas besoin d’emplois mais seulement d’une force de travail, de préférence exercée par une machine. Le salaire du travailleur est considéré comme un mal nécessaire et tous les moyens sont bons pour le réduire : restructurations, délocalisations, statuts précaires… La financiarisation du système fait monter en bourse les entreprises qui dégraissent la masse salariale et chuter celles qui n’en peuvent se défaire.

Pour le système humaniste du robin, l’emploi est au contraire fondamental. Il ne se chiffre pas seulement en différence entre un coût en allocations de chômage et une recette fiscale mais aussi aux conséquences statistiques liées aux licenciements en termes de désunions, démission parentale, alcoolisme, toxicomanie, criminalité sur plusieurs générations avec toutes les dépenses y afférentes.

C’est pourquoi le Club Robin remboursera en robins les salaires bruts payés aux travailleurs par les entreprises situées sur son territoire et livrant leurs produits aux commerces de la province.

La contrepartie est que ces producteurs acceptent en paiement d’une fraction du prix de leurs fournitures les robins des commerçants comme ceux-ci accepteront les leurs et ceux des autres consommateurs.

Grâce à cette mesure, la province rend ses producteurs plus compétitifs que ceux qui délocalisent puisqu’ils retrouvent l’intégralité des salaires versés. Le Club Robin en attend logiquement la création d’emplois et donc une augmentation du pouvoir d’achat global en euros.

Même si cette mesure était d’usage dans le monde entier, il n’y aurait plus nulle part de pertes d’emplois dues à l'existence, ailleurs, d'une main d'oeuvre exploitée.



Sortir de l’endettement

Pour permettre aux débiteurs de se reconstruire plus rapidement un avenir et d’honorer leur responsabilité envers leur famille, et aux créanciers de retrouver plus rapidement et sûrement leur créance, le Club Robin permettra aux créanciers d’annuler la dette du débiteur et de retrouver immédiatement leur créance en robins.

On peut donc en attendre une réduction de la pauvreté et la fin des faillites en cascades dues aux créances impayées.

Par ailleurs, les dons en euros aux personnes en difficulté et aux associations à vocation humanitaire, écologique, sociale, culturelle ou sportive amateurs sont remboursés en robins au double de leur valeur de sorte que chaque consommateur peut ainsi accroître son budget mensuel du montant de ses dons et que ces personnes et associations puissent survivre à l'austérité.

Chacun peut donc augmenter son pouvoir d’achat de 20 à 30%


Accélérer la mutation écologique

Le Club Robin compte aussi rembourser les travaux d’isolation entrepris par les particuliers pour diminuer la facture d’énergie ainsi que les achats d’équipements fournissant de l’énergie propre (panneaux solaires, éoliennes) ou de tout produit destiné à dépolluer.
Il espère ainsi influer sur la consommation individuelle et contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique.

Il existe d’autres domaines d’application du robin, par exemple le remboursement des cotisations des enfants dans des mouvements de jeunesse, clubs sportifs ou activités artistiques où ils recevront une formation ou encore la vente sur un site du Club Robin de produits biologiques et des biens immobiliers 100% en robins mais l’espace nous manque pour tout évoquer.

Allez lire ce livre et visitez le site et vous comprendrez que ce système aurait pu empêcher la crise de 2007 et ses conséquences actuelles.

Vous comprendrez aussi qu’il serait aujourd’hui un véritable remède contre les affres de l’austérité et un outil susceptible de relancer la croissance.

Comme quoi, il y a plus d'idées dans les têtes de citoyens que dans celles des candidats à la Présidence française.
 


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