Un taux négatif ne présage rien de bon, non plus

par Leo Le Sage
mardi 10 juillet 2012

Rien ne va plus...
Est-ce la chronique d'une fin annoncée de l'euro ? (voir mon article « Cet EURO qui traîne des pieds... » dans la zone "Un peu de culture" tout en bas)

Comme on pouvait s'en douter la France a obtenu un prêt à un taux négatif.

Pourquoi ?

Le 8 décembre 2011 , la BCE a permis aux banques d'emprunter des montants illimités pour une durée de 3 ans
Cette possibilité, va augmenter mécaniquement la quantité de monnaie en circulation et par ricochet augmenter l'offre. (Loi de l'offre et de la demande [définition])

Lorsque l'offre augmente, le loyer de l'argent va baisser, quitte à devenir négatif.

Ce taux s'est vu accélérer sa baisse pour devenir négatif plus par crainte des perspectives à venir de la zone euro que par philanthropie.
On se doute bien que les investisseurs, avec leurs liquidités sur les bras doivent respecter les contrats qu'ils ont signés : s'occuper du capital financier qu'on leur a confié.
Nous ne les voyons pas se balader avec des milliards dans une valise, n'est-ce pas ?

Ils ont alors le choix entre divers pays d'Europe, et les deux premiers sont respectivement l'Allemagne et la France.
L'Allemagne étant saturé, il fallait mécaniquement se tourner vers la France que je vais qualifier un peu pompeusement de solvable...
[Qu'on me pardonne mon léger manque d'objectivité...]

"les débouchés au Bund allemand sont peu nombreux"
(source : La France émet pour la première fois à des taux négatifs, Actualités)
"Ces taux négatifs, montrent qu'en période de crise, les investisseurs sont désormais prêts à payer une prime pour détenir de la dette française plutôt que de financer des pays jugés risqués"

(source : La France emprunte à des taux négatifs, pour la première fois de son histoire)

Dans le passé, les investisseurs ont mis leur billes un peu partout en Europe mais depuis que la crise est passé par là, les pays, dit du sud [Espagne, Gréce, Italie, etc.], sont indignes de leur confiance.
Pour le dire en termes crus : "les dettes des pays du Sud sont devenues des repoussoirs"
(source : Le Figaro - Conjoncture : La France emprunte à un taux négatif, une première)

On notera que "L'Agence France Trésor a émis le 7 juin à dix ans à 2,46%, un plus bas historique" (source : Le Figaro - Conjoncture : La France emprunte à un taux négatif, une première)
Evidemment, ce taux va varier, puisque l'économie comme chacun sait est volatile.

Une autre bonne nouvelle est la baisse de l'euro par rapport au dollar [moins de 1,25 dollars l' euro] (source L'euro décroche dans le sillage de la BCE)

Je noterais que le titre iconoclaste de libération [ La France se fait désormais payer pour emprunter de l'argent ] me paraît très déplacé, et, me donne l'impression de manquer d'objectivité.

En résumé,
"Au total, l'Agence France Trésor, chargée de placer la dette française sur les marchés, a levé 7,7 milliards d'euros ce lundi, soit le haut de la fourchette envisagée" [...]
"L'engouement des investisseurs pour la dette française est lié à la crise et aux craintes d'un éclatement de la zone euro. L'Allemagne est la première bénéficiaire de ces inquiétudes, mais les investisseurs se reportent aussi sur la France, qui fait office de « second meilleur choix » dans la zone euro tant sa dette est liquide."
(source : La France émet pour la première fois à des taux négatifs, Actualités)

Perspectives ?
Mon opinion est que probablement la France pourra emprunter à un taux négatif pendant quelques mois [jusqu'en 2013] le temps que la situation de l'euro soit clarifiée, et que l'économie mondiale redémarre de nouveau.
En tout cas pour l'Europe, la croissance, ce ne sera pas encore le cas cette année... (source Cet EURO qui traîne des pieds... - AgoraVox le média citoyen)

En conclusion, si les investisseurs se disputent le droit d'être en France ce n'est pas le signe que la France va bien mais le signe que l'Europe, ou plus précisément l'euro, a un futur très incertain.
Je rappelle que si vous avez des euros entre les mains vous avez le choix entre garder l'euro ou l'échanger contre une autre devise étrangère. Or, ni le dollar ni le Yen sont à envisager.


CHIFFRES :
"3,917 milliards d'euros de bons à trois mois au taux moyen pondéré de -0,005% (contre +0,04% la semaine dernière) [...] [échéance 11 octobre]
1,993 milliard de bons à six mois au taux moyen de -0,006% (contre 0,096%) [...] [échéance 27 décembre]
1,793 milliard de bons à un an au taux moyen de 0,013% (contre 0,163% lundi dernier) [...]
Le montant total émis se situe dans le haut de la fourchette cible soit 6,6 à 7,8 milliards d'euros [...]
le ratio de couverture s'est établi à 2,65%, la demande ayant dépassé les 20 milliards d'euros"
(source : La France emprunte à des taux négatifs, pour la première fois de son histoire)


Liens utiles :
Le Figaro - International : L'accord sur l'euro fragilise la coalition Merkel
Hollande a obtenu que 1% du PIB européen soit consacré à la croissance, et lâche du lest sur euro-obligations - leJDD.fr

Paris a emprunté 3,917 milliards d'euros à un taux de - 0,005 % pour des titres de dette à échéance le 11 octobre. Elle a également levé 1,993 milliard d'euros à un taux de - 0,006 % pour des placements à échéance le 27 décembre

La BCE doit devenir une banque centrale


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