Une banque (pas) comme les autres ?

par ZEN
mardi 15 décembre 2009

Une sacrée banque, à la gestion peu catholique...

Si vous cherchez un paradis sur terre, n’attendez pas la fin des temps, allez à Rome. Tous les chemins y mènent , dit-on ,et vous verrez que l’argent de Pierre est solide, malgré les scandales à répétition qui l’ont affecté, mais qui furent vite étouffés, car on se veut discret dans l’enceinte sacréeSi la banque papale n’est pas faite pour les enfants de coeur, si aucun contrôle ne s’y exerce, ne vous en offusquez pas. 
C’est pour la bonne cause.Mgr Paul Marcinkus avait coutume de dire :« Est-il possible de vivre dans ce monde sans se soucier d’argent ? Il n’est pas possible de diriger l’Eglise avec des “ Ave Maria ”. »
 
Il est vrai que l’Eglise ne vit pas de peu, malgré la crise, et ne semble pas toujours regardante sur l’origine des fonds qui transitent dans la Cité. Faudrait-il rétablir une Sainte Inquisition pour faire le procès de certaines pratiques douteuses qui s’opèrent en son sein, sous le voile pudique de la sainteté des oeuvres écclésiales ?
Qui viendra chasser les marchands du Temple ?
Les échos sont encore forts des scandales qui ont frappé l’IOR et beaucoup de spéculations circulent encore, parfois sur des faits encore mal élucidés, mais très graves

Tempête sur l’IOR, la banque du Vatican_
"...IOR figure au carrefour des plus grands scandales financiers transalpins des dernières décennies. Dans les années 1970, l’institut bancaire du Vatican s’allie à la Banque Ambrosiano et se lance dans des spéculations frauduleuses. La faillite de la Banque Ambrosiano laisse un trou de 1,150 milliard de dollars. Dans les suites de l’affaire, les banquiers Michele Sindona, qui était affilié à Cosa Nostra, et Roberto Calvi sont assassinés. Et nombreux sont ceux qui pensent que la volonté de Jean-Paul Ier de faire toute la lumière sur la banqueroute Ambrosiano n’est pas étrangère à sa mort « prématurée ». Durant l’affaire « mains propres », le Parquet de Milan découvre que 54 millions d’euros de pots-de-vin destinés aux partis politiques venaient de l’IOR..."
 
Même dans certains milieux catholiques, certains se sont interrogés sur le rôle ambigü joué par des finances dont l’odeur n’est pas toujours de sainteté :

LA BANQUE DU VATICAN : un paradis fiscal sur terre !
"L’Eglise catholique est-elle indécente ? En pleine crise financière, avec les conséquences inéluctables qu’elle engendrera à court terme, les évêques de France lance une campagne publicitaire pour récolter des legs (coût de la campagne 300.000 euros). Pendant que le numéro 2 du Vatican, le cardinal Bertone en appelle au christianisme comme recours à la crise mondiale actuelle : « La crise financière qui balaye l’économie mondiale prouve que la politique a besoin de la religion  », et même d’une éthique inspirée par la « religion rationnelle » qu’est le christianisme. Etranges propos venant d’une personne dont le nom a été cité à plusieurs reprises dans une affaire de pots de vin impliquant en 2002 l’hôpital pédiatrique du diocèse de Gênes à l’époque où il en était l’archevêque.
 
Par ailleurs les pratiques de la Banque du Vatican, l’IOR (l’Institut des OEuvres Pontificales), n’en font pas un enfant de choeur dans le monde sans scrupules de la haute finance. Enquête sur la face cachée des richesse du Vatican.
Le siège de l’IOR est un écrin de pierre à l’intérieur des murs du Vatican. Une tour typique du XIVème siècle,construite sous le pape Nicolas V, avec des murs épais de neuf mètres à la base. On entre par une porte discrète, sans indication ni sigle ni symbole. Seule la garnison de la Garde suisse présente nuit et jour en signale l’importance. A l’intérieur on trouve une grande salle informatique avec de très nombreux ordinateurs, une seule porte et un unique distributeur de billets automatique. A travers ce trou d’aiguille passent en fait d’immenses et même d’obscures fortunes. Les estimations les plus prudentes calculent 5 milliards d’euros en dépôts bancaires.
 
 La banque vaticane offre à ses clients, parmi lesquels a reconnu l’ancien président de l’IOR, Angelo Caloia, “ceux aussi qui avaient des problèmes avec la justice”, des rendements supérieurs aux meilleurs “hedge fund” et un avantage inestimable : un secret total. Complètement imperméable aux contrôles des îles Caïmans où l’IOR dispose d’importants fonds de pension, plus réservée encore que les banques suisses, la banque du Vatican est un véritable paradis (fiscal) sur terre. D’ailleurs, un carnet de chèques avec le sigle IOR n’existe pas. Tous les dépôts et les transactions d’argent se font par virements, en espèces ou en lingots d’or. Mais sans laisser aucune trace.
 
 Il y a vingt ans, lorsque s’est terminé le procès de la “Banco Ambrosiano”, l’IOR était un immense trou noir sur lequel personne n’osait se pencher et encore moins regarder. Pour sortir du krach qui avait ruiné des dizaines de milliers de familles, la banque vaticane versa 406 millions de dollars aux liquidateurs. Moins du quart de la somme par rapport aux 1.159 millions de dollars dus selon le ministre du Trésor de l’époque, Beniamino Andreatta.Le scandale fut accompagné d’histoires et de légendes sans fin ainsi que d’une série de cadavres de personnalités réputées. Michele Sindona fut empoisonné dans sa prison de Voghera, Roberto Calvi pendu sous le pont des “Frères Noirs” à Londres, le juge d’instruction Emilio Allessandrini assassiné, l’avocat Giorgio Ambrosoli abattu devant la porte cochère de son immeuble par un tueur de la mafia venu spécialement des États-Unis. Sans oublier le mystère le plus inquiétant, la mort du pape Luciani (Jean Paul I), après seulement 33 jours de pontificat, à la veille de la décision de remplacer Mgr Paul Marcinkus, le patron américain de l’IOR et ses collaborateurs principaux...
 Il est difficile par exemple d’expliquer au nom d’exigences pastorales la décision du Vatican de détacher les îles Caïmans du diocèse jamaïcain de Kingston, pour en faire une entité missionnaire “missio sui iuris” directement dépendante du saint Siège et l’affilier au cardinal américain Adam Joseph Maïda, membre du collège (directoire) de l’IOR (voir à ce sujet Golias numéro 82 “terres de mission et...paradis fiscaux”).
 
 Le quatrième et dernier épisode significatif de l’implication de la banque du Vatican dans les scandales financiers (italiens) est presque comique au regard des précédents épisodes. Selon les magistrats romains Palamara et Palaia, l’argent noir de la GEA, une société de recouvrement financier présidée par le fils d’une personnalité très influente auprès du Vatican, Luciano Moggi, serait gardé dans les coffres de l’IOR. A travers notamment les bons offices d’un autre banquier de confiance du Saint-Siège au casier judiciaire pourtant bien rempli,Cesare Geronzi,père de l’actionnaire majoritaire de la GEA. Dans le “caveau” de l’IOR il semblerait établi que s’y trouve aussi le”petit trésor” personnel de Luciano Moggi, une cassette estimée à environ 150 millions d’euros. Comme d’habitude, les commissions rogatoires et les vérifications sont impossibles. Mais il est certain que Moggi bénéficie d’une grande considération auprès des autorités vaticanes. Défenseur depuis toujours de la presse catholique, accueilli à plusieurs reprises lors des pèlerinages à Lourdes par l’entourage proche du cardinal Ruini, Moggi est devenu depuis peu titulaire d’une rubrique “éthique et sport ”sur “Petrus”, le quotidien en ligne proche du pape Benoît XVI. Cet ancien dirigeant du grand club de football de la “Juventus“ de Turin, poursuivi par la justice, a subitement commencé à jeter les premières pierres contre la corruption (des autres) ! Avec l’image de Luciano Moggi, grand maître de morale catholique, prend fin l’espoir de faire changer les choses à l’IOR tel que l’incarnait l’ancien dirigeant de l’IOR, Caloia.
 
 Les secrets de la banque du Vatican restent bien gardés, peut-être pour toujours dans la tour inexpugnable de l’IOR. L’époque Marcinkus est certes révolue mais l’opacité qui entoure la banque du Saint-Siège est très loin de se dissiper. En effet, comme si rien n’avait changé, les caisses et le “trésor” de l’IOR n’ont jamais été aussi abondants qu’aujourd’hui. Et si les dépôts continuent à affluer, c’est qu’ils y sont encouragés par des taux d’intérêt de 12 % annuel et souvent plus. Fournir des chiffres précis est presque impossible. Toutefois, selon les estimations de la FED (la banque centrale privée des états-Unis), en 2002, suite à l’unique enquête de cette institution sur les finances vaticanes, l’Église catholique possédait aux états-Unis à cette période 298 millions de dollars en titre, 195 millions en actions, 102 en obligations à long terme, ainsi qu’un “joint venture” avec un partenaire financier américain de 273 millions de dollars. Aucune autorité italienne n’a jamais pu faire une enquête pour déterminer le poids économique du Vatican dans le pays qui l’accueille. Un pouvoir énorme, direct et indirect. En effet, au cours de ces dernières décennies, à l’aide des nombreuses associations qui le composent et en lien étroit avec la hiérarchie et la prélature de l’Opus Dei, le monde catholique a pris d’assaut la forteresse traditionnelle de la minorité laïque et libérale italienne, la finance. Au point que certains observateurs autorisés en Italie n’hésitent pas à dire que l’Église catholique aujourd’hui a plus d’influence et de pouvoir sur les banques qu’à l’époque de la Démocratie chrétienne. C’est dire !"

 Le Vatican est-il toujours un paradis fiscal pour mafieux ? | Rue89 :

La banque du Vatican soupçonnée de blanchiment
-► L’article du Figaro sur la nouvelle affaire

- ► Un compte-rendu sur le livre Vatican SpA

La troublante ascension de l’Opus Dei

Enquête sur les « francs-maçons » du Vatican - Opus Dei
 
 

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